Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente, pour la première fois en France, une exposition rétrospective dédiée au travail de l’artiste italienne Carol Rama. Marginalisée par l’histoire de l’art et par le mouvement féministe, l’œuvre de Carol Rama a traversé tous les mouvements d’avant-garde du XXe siècle (surréalisme, art concret, pop art, arte povera, soft sculpture…), tout en restant inclassable. La férocité de son travail, qui oscille entre l’abstraction et la figuration, invite à revisiter les courants artistiques officiels mais aussi les catégories établies.
Autodidacte, née en 1918 à Turin et issue d’une famille bourgeoise catholique traditionnelle, Carol Rama déclare : « Je n’ai pas eu besoin de modèle pour ma peinture, le sens du péché est mon maître. » Depuis ses premières aquarelles censurées des années 1930, elle invente son propre système visuel, contrastant avec les représentations modernistes et normatives dominées par la vision masculine. Carol Rama se tourne vers l’abstraction à partir de 1950, se rapprochant de l’art concret, dont elle livre une vision organique. Vingt ans plus tard, elle crée une « image-matière » à partir de pneus découpés, d’une facture minimale et sensuelle. En 1980, elle revient à la figuration, avec des aquarelles peintes sur des planches d’architecture. Sa dernière grande série réalisée dans les années 2000, qui s’inspire de la « mucca pazza » (épidémie de la vache folle), consiste en des compositions provocantes en caoutchouc, que l’on pourrait qualifier de povera queer.
Un univers protéiforme et provocateur, qui évoque parfois la troublante Louise Bourgeois. A découvrir !
Photos © FG / Roughdreams.fr
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La Passion selon Carol Rama
jusqu’au 12 juillet 2015
au Musée d’art moderne de la ville de Paris
11 av. du Président Wilson 75116 Paris
http://mam.paris.fr/