[Université d'été d'e-santé de Castres] Malgré un taux d'équipement relativement élevé du côté des patients mais aussi des médecins, les applications médicales rencontrent aujourd'hui plus de succès auprès des malades que des professionnels de la santé.
Alors que les applications médicales sont en pleine explosion et seront un domaine clé de l'e-santé en 2015, quel est le réel usage qu'en font les patients atteints de maladies chroniques ? C'est l'interrogation soulevée par l'étude « Santé mobile et connectée : usages, attitudes et attentes des malades chroniques », réalisée par l'association Lab E-santé en février et mars 2015.
L'enquête, réalisée auprès de 2 226 malades chroniques, recensait des malades atteints de toutes sortes de pathologies, qu'il s'agisse de diabète (24 %), d'hypertension (8 %) ou encore de dérèglement thyroïdien (8 %). Des malades chroniques équipés en matériel puisque 71 % possèdent un smartphone et/ou une tablette, (27 % smartphone, 12 % tablette, 31,8 % les deux), un taux fortement élevé mais qui pourtant ne favorise pas le téléchargement d'applications puisque seulement 1 malade sur 5 a déjà effectué ce type d'opération. Un engouement somme toute assez faible qui s'explique par le fait que les malades ne sont pas familiers avec le concept d'application à 31 %, une inconnue qui traduit un déficit de pédagogie. 25 % des malades n'en voient purement et simplement pas l'utilité. Alors comment convaincre les patients de l'intérêt des applications mobiles ? Parmi ceux qui n'ont jamais téléchargé une application, 52 % seraient prêts à changer d'avis si leur médecin le leur conseillait ou si une personne touchée par la même maladie leur recommandait (24 %). Malgré ces chiffres, 27 % ne s'estiment pas prêts à télécharger de tels outils.
L'équipement digital des patients atteints de maladies chroniques
En ce qui concerne les 20 % qui ont bel et bien téléchargé des applications santé, cette initiative est issue d'une recherche spontanée sur les app stores ou sur le web, ce qui traduit donc un besoin exprimé de leur part. Seulement 4% d'entre eux ont téléchargé une application car leur médecin le leur avaient conseillé. Des chiffres qui expriment aussi le fait que le téléchargement reste encore une démarche volontaire et spontanée. Vers quelles applications les malades ont-ils choisi de se diriger ? Les patients ont majoritairement décidé de télécharger des carnets de suivi (32 %), suivis de près par les applications qui recensent des informations sur une maladie en particulier (27 %), des actualités médicales (23 %), mais aussi des applications dédiées à l'interaction avec des objets connectés santé (18 %).
En ce qui concerne l'utilisation de ces applications, 57 % ne parlent pas de leur usage à leur médecin traitant. Une statistique compréhensible puisque à ce jour, les médecins restent inquiets de l'émergence du digital auprès des patients. On peut imaginer qu'un certain nombre de patients qui s'adressent à leur médecin à propos du digital peuvent être par conséquent mal reçus. Lorsqu'il s'agit d'en parler entre eux, 55 % des patients sont proactifs et en parlent plus facilement à un ami ou même à une autre personne atteinte de la maladie. Pourtant, 60 % estiment que les applications médicales leur permettent de mieux gérer leur pathologie. Les malades accordent donc un rôle important à ces applications, une raison supplémentaire de partager leur usage avec leur médecin.
La relation médecin, patient et digital reste donc à construire puisque les deux populations sont connectées mais ne font pas le même usage des applications. Le danger de cette divergence pourrait entraîner un décalage numérique certain et potentiellement néfaste pour la relation patient/medecin. Il s'agit désormais de renforcer la confiance de médecins et d'inciter ceux-ci à s'intéresser d'avantage à ce genre d'outil. Pour ce faire, un développement des futures applications en partenariat avec des associations de patients et des praticiens est necessaire dans le but de recueillir l'avis des futurs utilisateurs de l'application.
Néanmoins, on peut imaginer que gagner la confiance des médecins ne sera pas chose facile puisque rien à ce jour ne garantit la sécurité des applications, en raison d'un manque de label spécialisé se fait encore sentir. L'inefficacité du label HON ne laisse comme autre solution que la confiance que l'on peut avoir en la capacité de jugement des autres utilisateurs.