L'exposition présentée par le Musée Paul Valéry durant l'été 2015, consacrée à La Figuration libre, et plus particulièrement à ses origines et à son installation sur les scènes nationale et internationale dans la première moitié des années 1980, est pour la première fois proposée par un musée.
Elle réunit des œuvres du groupe des peintres français initiateurs de cette aventure, mais également des artistes américains et internationaux avec lesquels ils se sont imposés, tels que Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, Crash, Kenny Scharf...
À son apparition, en 1981, le groupe constitué par Robert Combas, Hervé Di Rosa, Rémi Blanchard et François Boisrond, auxquels se joignent Richard Di Rosa (dit Buddy) en 1982 et Louis Jammes en 1983, déborde d'une énergie déployée tous azimuts et d'une liberté qui ne se départit jamais d'un grand sens de la provocation. La totalité des domaines possibles de la création artistique, quels qu'en soient la forme et le niveau, est brassée avec appétit et vitalité, sans aucune inhibition et souvent avec beaucoup d'humour.
RETOUR À LA PEINTURE, RETOUR À LA FIGURATION
Durant les années 1960, plusieurs courants artistiques conduisent, à partir d'options différentes, à une même conséquence : la mort de la peinture.
Le minimalisme et l'art conceptuel entraînent un grand dépouillement des moyens d'expression. L'idée et la méthode apparaissent comme plus importantes que le regard. À bien des égards, la question de la fin de la peinture, qui hante l'esprit des artistes depuis la naissance de l'abstraction, paraît s'imposer comme une réalité. Jusqu'alors hypothèse ou aboutissement entrevu, elle devient un impératif qui prend une tournure idéologique et s'impose comme la norme d'une forme d'art international.
À l'opposé, le Pop Art contribue à la dévaluation de la peinture en s'accaparant, grâce à des moyens de reproduction mécanique, les ressources visuelles fournies par les médias, la publicité et l'industrie, qui constituent l'environnement quotidien de millions d'individus.
Face aux injonctions de diverses natures s'élève alors une forme de contestation. Des artistes vont alors faire le choix de la figuration, certes en des sens et en fonction de présupposés parfois très différents.
Le retour à la peinture va de fait se confondre avec un retour à la figuration.
LIBERTÉ DE LA FIGURATION LIBRE
Les artistes de la Figuration libre sont, à l'instar des groupes italiens, allemands ou américains qui se constituent à la même période du tournant des décennies 1970-1980, pour l'essentiel des peintres. Ils ne sont animés par aucune forme de nostalgie. Quelques mois après " Finir en beauté ", l'exposition parisienne qui les réunit pour la première fois, l'artiste Ben insiste sur la nouveauté du mouvement en même temps qu'il en fixe les principales caractéristiques : " 30% provocation anti-culture, 30% Figuration Libre, 30% art brut, 10% folie. Le tout donne quelque chose de nouveau " ( Interview donnée à Jim Palette pour le journal Libération, 29 septembre 1981).
MULTIPLICITÉ DES SOURCES
La Figuration libre s'est ouverte à toutes les formes d'art, quelle qu'en soit l'origine. Les acteurs du groupe sont tout autant attentifs à l'art venu d'Afrique ou d'Océanie qu'aux dessins d'enfants, à l'art des fous et à toutes les formes prises par l'art cultivé. Ils ne cherchent pas à en hiérarchiser la qualité. Ils prennent même acte de la diversité ainsi que de la multiplicité des sources d'images qui peuplent le quotidien de millions d'individus et qui sont souvent produites par l'industrie : les journaux, la presse rock, les bandes dessinées et le cinéma forment ainsi un ensemble de ressources visuelles égales aux autres. Par son choix, l'artiste est seul souverain : il a la faculté de prendre la " liberté " de faire " figurer " toutes formes d'art sans restriction d'aucune sorte, dans un contexte d'égalité aussi parfaite que possible.
LA FIGURATION LIBRE ET SÈTE
En 1979, Hervé Di Rosa et Robert Combas fondent à Sète la revue Bato, pour laquelle ils choisissent la forme du fanzine. Il s'agit de l'un des moments fondateurs de la Figuration libre, puisqu'il inaugure la collaboration de deux des quatre artistes majeurs du mouvement. Le groupe de musique Les Démodés, fondé par Combas, compte également parmi les prémisses d'une esthétique qui deviendra celle de la Figuration libre.
Leurs attaches avec la ville de Sète sont anciennes et solides. Robert Combas et Hervé Di Rosa y ont passé toute leur jeunesse. La ville, les habitants et leurs rituels comptent pour beaucoup dans la mythologie personnelle que chacun des deux élabore.
À la relation biographique s'en ajoute une autre, bien plus déterminante pour leur parcours ultérieur. Avant d'être formés, respectivement à l'École des Beaux-Arts de Montpellier et à l'École des Arts décoratifs à Paris, Robert Combas et Hervé Di Rosa ont en effet été l'un et l'autre élèves de l'École des Beaux-Arts de Sète, dirigée par Eliane Beaupuy-Manciet, où ils participent aux ateliers de dessin du jeudi après-midi.
UNE EXPOSITION EN COLLABORATION AVEC UNE AUTRE INSTITUTION SÉTOISE :
L'ÉCOLE DES BEAUX-ARTS
Alors que le Musée Paul Valéry propose une vision historique du mouvement de la Figuration libre jusqu'au milieu des années 1980, l'École des Beaux-Arts de Sète présente des travaux de Robert Combas et Hervé Di Rosa lorsqu'ils étaient élèves à l'École, et réunit des archives relatives à cette période de leur formation (correspondance des jeunes artistes avec la directrice de l'Ecole, photographies...).
Leur présentation in situ, permettra par ailleurs au public de découvrir la qualité et le charme d'un lieu qui aujourd'hui encore sont évocateurs de celui qu'ont connu les jeunes artistes dans les années 1970.
INFOS PRATIQUES
HORAIRES
Le Musée est ouvert tous les jours
du 1er avril au 31 octobre
de 9h30 à 19h
Tous les jours, sauf le lundi
du 2 novembre au 31 mars
de 10h à 18h
Le musée est fermé
les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre
Tarifs pendant exposition
- Entrée : 8 €
- Jeunes (10-18 ans), étudiants : 4 €
- Enfants moins de 10 ans, demandeurs d'emploi, scolaires ville de Sète : gratuit
- Groupes plus de 10 personnes : 6 €
- 1er dimanche de chaque mois, accès gratuit à la visite des collections
- Scolaires hors ville de Sète : 25 € par classe