Marionnette & Marionettiste

Publié le 02 juillet 2015 par Hunterjones
J'ai déjà dit tout le mal que je pense des émissions de "téléréalité" qui promettent des carrières dans le monde artistique.
Particulièrement en musique où il existe autant de style de musique qu'il y a de gens pour les entendre. Faire un(e) seul(e) gagnant(e) me semble idiot en général.
J'en veux à ces prétendus pros qui sont coupables de vendre à des gens, souvent au bord du désespoir, plus souvent encore en sérieux manque d'attention, du rêve. Du rêve qui se dissipe parfois quelques années plus tard, mais souvent aussi 8 petites heures plus tard.
Quand on se réveille.
Si on se réveille.
Mais la plupart ne se réveille pas. Les pros sont là pour les endormir. Et quelle humiliation que de voir quelques fois des "juges" de la trempe de Britney Spears ou Carly Rae Jepsen ou Marie-Mai Bouchard ou Joe Irvine ou mindfuckshit! CES GENS SONT LES MARIONNETTES JUGEANT D'AUTRES MARIONNETTES!
Et souvent de bien moins talentueuses.
Mais des tueuses,

Et ils décideront de vos vies et de votre mort.
Les gens qui se présentent en audition sont coupables de se livrer en totale soumission à ces marionnettistes. Mais les autres font naître d'une main et assassine de l'autre
Je vous parle de ceci parce que j'ai vu cette semaine. la mort en direct.
NOooooooon pas la vraie mort, mais le sacrifice humain d'une certaine dignité. La confusion faite humaine et l'humiliation publique dans une version quasi kamikaze.
Linzy Martin avait 19 ans quand elle a été amenée, avec plein consentement, dans le monde du showbizz anglais en 1998. Simon Cowell, fils à papa fortuné (à qui il doit son entrée dans l'univers du showbizz) venait de refuser de signer un band qui deviendrait les Spice Girls. Comme il s'en voulait, il a monté son propre band rival, dont il n'a pas eu le génie de trouver un nom les appelant tout simplement son "girl thing". Linzy Martin était la blonde du groupe. On avait calculé leur entrée de manière spectaculaire avec un morceau chanté du haut de la tour eiffel, on avait mis le paquet sur le bling bling pour vendre le produit et cette chose fille s'est plantée. En moins d'un an, les projets d'albums se sont effacés (sauf en Australie) quand le second single a déçu plus encore que le premier.

Tout ça ne s'est jamais rendu en Amérique.
D'ailleurs rien de Simon Cowell n'a jamais atteint l'Amérique sinon le band One Direction. L'arrogance qu'affiche Cowell est dur à comprendre d'Amérique. Pour nous il a encore tout à prouver,
Quand on lit la bio de Cowell, on s'aperçoit qu'il a entretenu de très mauvais rapport dans à peu près tout ses emplois et avec à peu près tout le monde.
Son band Girl Thing s'est éteint aussi vite qu'il est né.

Les 4 autres filles ont toutes gravité dans la planète télé/entertainment/musique. Mais Linzy est restée derrière. Elle s'est fait mère de deux jolies filles qui rêvaient de voir leur mère rechanter comme elle l'avait déjà fait un peu.
Elle s'est donc présentée à l'émission The X Factor l'an dernier, à 33 ans, où Simon Cowell et quelques autres têtes de pipes jugaient du talent d'autrui en audition sans trop se demander si ils en avaient eux-mêmes.

C'est là que j'ai vu mourir Linzy Martin.
J'ai trouvé ce moment dur, mais juste.
Dur pour elle, qui, tout de suite après se rendait voir ses filles et je vous jure, j'ai vraiment cru entendre "zavez vu les filles? maman s'est immolée à la télé!".
J'ai aussi trouvé ça dur pour Cowell et les autres juges qui, ils le savent bien, ils ne sont pas si cons, sont parfaitement conscients de leur pouvoir de vie et de mort sur ces gens.
Simon a accueilli Linzy avec le sourire nostalgique du gars qui lui avait prêté vie. Mais cette vie ne comprenait aucune garantie. Et assez rapidement, il a éteint la chandelle en Miss Martin en audition. On a senti que ça avait affecté Cowell. On a prétendu que c'était la dernière audition de la journée, mais il n'en était rien. Il y avait encore une demie tonne de candidats qui regardait ça en direct en coulisse. On a probablement refait la prise pour donner l'impression que c'était la dernière du jour, mais Cowell était lourdement secoué lui aussi. Trop conscient de se savoir Dieu et Maître de ses rêves à elle. Et il a légitimement eu besoin d'un break. Pour surmonter ses propres émotions.

Pas facile d'être Dieu et Démon.
Marionnettiste jetant sa marionnette à la corbeille.
Le showbizz est un monde cruel et Simon Cowell le rappelle avec son arrogance naturelle.
Quand on lit sa bio, on s'étonne de voir qu'on se laisse prendre au jeu "du juge qui a gagné" avec son/sa candidat(e) qui a nommé gagnant(e) d'une saison.
Un juge gagne en jouant la vie des autres...
Creepy...
Mais c'est un monde sans pitié.
Et je ne peux nier que j'ai été moi aussi un peu touché par ce moment, que je le veuille ou non, de téléréalité.
Parce que c'était bien de la téléréalité.
Là où la vie vient fesser dans ce qui fait la télé.
Le rêve.