Dans la salade grecque servie actuellement par les bouis-bouis de Francfort, Bruxelles et Washington, personne ne reconnaît plus ses légumes. La Grèce ne rembourse plus et les doctes institutions internationales sont fort marries de ce "défaut" mais ne savent pas exactement quelles conséquences en tirer, notamment sur l'appartenance du pays à la zone euro. On dit que la BCE continuera à fournir des liquidités aux banques grecques mais sans trop savoir ni quelle quantité ni combien de temps.
Cette situation absurde n'est que le reflet du vice fondamental de l'Euroland : une monnaie unique sans Trésors communs, avec des banques centrales nationales qui survivent et des taux d'intérêt divergents. Poussons donc le raisonnement jusqu'au bout, car souvent c'est par la déraison qu'on retrouve le chemin du bon sens. La Grèce doit approximativement 350 milliards d'euros à ses créanciers qu'elle ne pourra en aucun cas rembourser, surtout avec un taux de change de sa monnaie qui la handicape encore gravement dans les échanges internationaux. La BCE est prête, nous dit un dénommé Coeuré, adjoint de Draghi, a faire usage des presses à monnaie de singe dont elle dispose déjà (QE, OMT) voire à en inventer de nouvelles ! Quand les bornes budgétaires sont franchies, il n'y a plus de limites à l'égarement des banquiers centraux ...
Mais au fond, dans cette transgression généralisée, ne faut-il pas aller jusqu'au bout ? N'oublions pas que la BCE n'imprime pas elle-même la monnaie fiduciaire qui, en dernière analyse et pour le grand public, matérialise l'action d'une banque centrale. Elle ne conserve même pas les euros qui sont déposés dans les banques centrales nationales lesquelles continuent d'oeuvrer. Pis encore, depuis les nouveaux billets dits au modèle "Europe" en 2013, la différence physique entre les billets émis par les banques de chaque pays membre de l'Euroland est quasi imperceptible. Le code d'identification du pays émetteur a disparu. Et il faut une bonne loupe pour retrouver l'imprimeur !
Le gouvernement grec et la banque centrale de ce pays n'ont qu'à oser faire acte de souveraineté et d'autorité jusqu'au bout et imprimer le montant d'euros nécessaire à leur survie. Ils ne feront que traduire concrètement l'absurdité du système mis en place en 2002. Ont-ils moins de légitimité que messieurs Draghi et Coeuré, jamais élus et qui s'asseyent allègrement, avec la complicité des juges européens, sur l'interdiction qui leur était faite de refinancer les déficits budgétaires par la création monétaire ? Non.
Ainsi serait montrée au grand jour l'incohérence de toutes ces discussions autour de prêts consentis par des gens qui ne font que manipuler, outrepassant leur mandat, les instruments de paiement de leurs concitoyens. Les différents pays membres en reviendraient plus vite à leurs monnaies nationales et l'Europe bureaucratique s'économiserait les années d'agonie institutionnelle qui l'attendent.
Tsipras, encore un effort pour être européen !
2 - Ubérisons la politique !
Les dirigeants d'Uber, placés en garde à vue et renvoyés au tribunal correctionnel dès septembre prochain avec autant de célérité que s'ils étaient des braqueurs, ont pu mesurer ce qu'il en coûte de s'en prendre au système social-corporatiste français dont Mou-Président se veut le garant. Les taxis ont cassé, les taxis ont gagné - du moins temporairement - grâce à la mobilisation de l'Etat.
La loi Thévenoud, du nom d'un député socialiste atteint de phobie fiscale et administrative et nonobstant toujours en circulation au Palais-Bourbon, a entrepris de brider la concurrence et de protéger ces rentiers d'un autre âge. Ils veulent, disent-ils, sauver leur licence, acquise à grand prix. Elles ont pourtant été émises gratuitement à l'origine, ce qu'ils savent tous. Ces autorisations de racolage automobile sur la voie publique ne valent que par leur rationnement corpo-organisé et aussi parce que leurs compteurs n'enregistrent pas définitivement le prix des courses ce qui leur permet frauder le fisc à grande échelle. Voilà de fameux défenseurs de la morale publique ! Que les activités des chauffeurs d'Uber Pop soient traitées de manière égale au regard des diverses charges et cotisations est logique. Qu'elles soient interdites est un non-sens. Mais le contournement des lignes Maginot anti-concurrentielles par les réseaux sociaux et les services en ligne est inexorable et plus rien ne l'arrêtera. En attendant, le mot d'ordre de boycott des taxis se répand parmi leurs anciens utilisateurs qui se convertissent désormais pour des raisons idéologiques à Uber.
Mais pourquoi l'Etat et la quasi totalité des politiciens défendent-ils avec autant d'acharnement les taxis contre Uber alors que l'opinion publique est largement acquise à davantage de compétition et de liberté ? C'est que l'Etat lui-même et ceux qui l'administrent se reconnaissent dans leur mode de fonctionnement verrouillé et protégé des récriminations du bon peuple. Du reste, les révélations sur les frais de taxi d'Agnès Saal ne sont pas si anecdotiques que cela. C'est un mode de transport fréquemment utilisé par la classe dirigeante, dès lors qu'elle n'a pas de voiture de fonction à immédiate disposition.
L'Etat agit en arbitre entre les groupes et corporations. Ce système de négociation fonde sa légitimité. Il privilégie les plus nombreuses et les plus organisées, les fonctionnaires par exemple. Ou les plus violentes, qui font reculer un pouvoir faible, comme on l'a récemment vu avec les Bonnets rouges. Ainsi, il ne faut pas chercher bien loin l'explication de la faiblesse du gouvernement face aux islamistes : les musulmans sont nombreux et certains d'entre eux sont très agressifs, ils gagnent donc sur les deux tableaux. La laïcité n'est défendue qu'en apparence, du bout des lèvres. L'Etat répugne à réprimer les burqas dans la rue ou à endiguer le port du voile à l'université ou à l'hôpital. Les islamistes sentent cette faiblesse. Elle les incite à aller de l'avant dans leurs revendications communautaristes et séparatistes.
Dans cette atmosphère délétère, posons donc une question : ne faut-ils pas ubériser la politique ?
Le système d'arbitrage par des élus professionnels enkystés dans des circonscriptions serait utilement concurrencé par des formes innovantes de décision collective. On pense d'abord au référendum d'initiative populaire qui pourrait être bien plus largement utilisé qu'aujourd'hui si un système garantissant la sécurité du vote via Internet était mis en place.
Ce serait là un rôle nouveau et légitime de l'Etat que d'établir et garantir les règles d'une vraie transparence dans ce domaine. Pour ne prendre que les exemples du mariage homosexuel ou du port du voile dans les lieux publics au plan national, ou de la tour Triangle au plan local, les citoyens pourraient être directement décideurs sur des sujets sensibles aujourd'hui livrés au rôle occulte de lobbies qui manipulent élus et opinion grâce aux médias.
De même, pour l'organisation des pouvoirs publics, le maillage des services publics ou les choix en matière d'infrastructures routières, hospitalières ou sécuritaires par exemple, le "big data" permettrait de connaître finement les besoins et les évolutions du mode de vie des citoyens et de décider en conséquence de l'affectation des crédits publics. Le jeu d'influence des élus locaux pour conserver chacun leurs petits hôpitaux, garder leurs commissariats ou promouvoir leurs ronds-points serait utilement remplacé par le traitement de données massives sur la santé publique, la délinquance et la circulation. On implanterait donc les équipements en fonction des besoins objectifs, sans avoir à passer par des élus nombrilistes ni même à instaurer un système de péage souvent lourd et coûteux à mettre en place.
Peu à peu, les nouvelles techniques ébranlent les vieux systèmes. La périphérie est touchée, le coeur suivra.
3 - Couic aux allocs !
Nous y sommes : les premières victimes directes et sans antalgique de la politique de Hollande, les familles nombreuses avec des parents cadres, vont bientôt voir leurs allocations sévèrement ratiboisées. Le mauvais coup sera porté durant l'été, pour le rendre un peu moins douloureux. Désormais, l'électorat de droite pourra envisager sans état d'âme la suppression pure et simple de ces transferts qui ne bénéficieront plus, pour l'essentiel, qu'aux familles immigrées où les femmes, confinées aux tâches domestiques et de plus en plus souvent au voile, y trouvent une grande partie de leurs ressources.