Charles Pasqua.
Ils sont restés assis. Plusieurs députés de gauche n’ont pas souhaité, hier, se lever pour saluer la mémoire de Charles Pasqua, ancien ministre de Jacques Chirac et François Mitterrand, ancien président du conseil général des Hauts-de-Seine et co-fondateur du RPR. Malgré la demande d’une minute de silence de la part de Christian Jacob (président du groupe LR) et le signal de Manuel Valls, Premier ministre, plusieurs parlementaires — fait rare à l’Assemblée nationale — ont refusé de s’associer à l’hommage rendu à l’ancien membre du Sénat.Pourquoi cette indifférence ou plutôt pourquoi cette réticence à encenser une personnalité politique disparue à l’âge de 88 ans ? En général, la mort réconcilie les contraires. Mais Charles Pasqua ne laisse pas que de bons souvenirs. Je passe sur les épisodes judiciaires qui ont marqué ses dernières années plus médiatiques que politiques. Je passe aussi sur quelques faits marquants quand il a trahi Chirac pour Balladur ou devancé avec sa liste souverainiste la liste officielle RPR aux européennes conduite par Sarkozy. Pasqua se disait gaulliste, et il l’était sans doute, mais il était surtout un gaullien plus attaché à la personne du général et sa conduite exceptionnelle durant la seconde guerre mondiale qu’à une pratique politique digne du grand personnage de l’histoire. Pasqua fut un vrai Résistant et cela, personne ne pourra le lui enlever.
Quelques taches assombrissent pourtant le portrait de cet homme. Créateur du Service d’action civique en 1960 (avant la création de l’OAS donc) il était l’homme des coups tordus pour reprendre l’expression de François de Rugy, député EELV. Le SAC est demeuré dans la mémoire des Français comme une officine aux recrutements troubles et aux agissements peu glorieux. Sorte de milice, ce service d’action civique ne répondait pas à la définition qu’il donnait de lui. De l’action, certainement mais en eaux troubles, du civisme, très peu. Il aura fallu l’affaire de la tuerie d’Auriol pour que ce SAC soit dissous et ne ressuscite pas.
Dans l’Eure, nous avions eu l’occasion de rencontrer ses membres, nuitamment et violemment. J’avais même gagné le procès intenté aux membres de ce SAC défendu par les ténors du barreau d’Evreux membres du RPR de l’époque de René Tomasini, un autre Corse très amateur d’entorses à la morale républicaine. Comme François de Rugy, on peut comprendre la douleur familiale et personnelle de l’entourage de Charles Pasqua. De là à rendre un hommage national à un personnage très controversé (l’affaire Malek Oussekine reste traumatisante tout comme ses appels à faire l’union avec le FN) il y a un grand pas que les hommes et femmes de gauche ne peuvent franchir.