J'avais entendu parler de cette jeune auteure comme d'un phénomène de l'édition avec son premier roman "Les gens heureux ...."
J'ai donc pris ce livre lors de ma dernière virée à la librairie pour me faire une opinion. Hélas, trois fois hélas ... Par souci d'honneteté, je suis allée jusqu'au terme de l'ouvrage. C'est correctement écrit mais la trame du roman m'est apparue totalement artificielle et franchement invraisemblable.
La narratrice, une jolie femme de 30 ans, provinciale - vit elle à Bordeaux puisqu'elle a besoin de 3 heures pour rallier Paris ? - habite une maison confortable avec son mari médecin hospitalier. Ses parents l'ont poussée à faire une école de commerce. Elle travaille dans une banque où elle s'ennuie car sa vocation, c'est la couture, le stylisme. Elle pousse l'aiguille dans son grenier et vit une vie de petite bourgeoise parfaitement conforme aux clichés des années 70, totalement soumise à son mari. Jusqu'à ce qu'elle fasse une rencontre - ou plutôt deux rencontres - qui vont bouleverser sa vie.
Imaginez une femme superbe, riche, impérieuse, qui fut modèle pour les plus grands photographes trente années auparavant. Je la vois sous les traits de Chantal Thomass, mais mâtinée de Pierre Bergé. Marthe a réussi en se servant des hommes, elle prend la jeune Iris sous son aile protectrice - et rapidement hyperprotectrice - et décide de la "lancer" dans le monde de la mode. Elle lui présentera des clientes susceptibles de lui passer des commandes, lui fournit un atelier, des étoffes de grand luxe, des petites mains pour la seconder, mais aussi son fils adoptif, le séduisant Gabriel dont bien entendu Iris va tomber amoureuse. Mais elle est mariée à Pierre, et résiste ...
C'est une intrigue parfaitement convenue, avec des développements sans fin sur les états d'âme de la jeune provinciale, les flots de larmes qu'elle déverse sans retenue, son adaptation à la vie parisienne, comment elle apprend à marcher sur des stilettos ... Un peu de scènes de sexe, dans le genre "50 nuances de Grey", mais pas vraiment de quoi se mettre les sens à l'envers.
Bref, un roman à l'eau de rose avec une fin qui arrange tout le monde. Moi qui attendais une plongée documentée dans le microcosme de la haute couture, l'atmosphère de la création d'une collection, la révélation d'anecdotes croustillantes sur les clientes, les rituels d'un atelier, ses hiérarchies souterraines, je suis restée sur ma faim.
A tout prendre, je préfère les romans de Françoise Bourdin. Ils ont plus de fond, une construction plus rigoureuse, des sentiments plus nuancés. Mais ce scénario sera sans doute adapté en série télévisée dans le style "Les feux de l'amour" et rencontrera certainement un joli succès ..
Entre mes mains le bonheur se faufile, roman de Agnès Martin-Lugand, publié chez Michel Lafon, 281 p., 6,50€