Voilà. Je l'ai enfin fini. Fini d'écrire, fini de le faire relire, fini d'incorporer les corrections, finir de le relire à voix haute et de découvrir encore des nids de faute, des erreurs de cohérence et surtout des répétitions et des tics d'écriture qui ne peuvent pas décemment être qualifiés de style.
Le manuscrit - ou plutôt tapuscrit - est prêt pour le jeu de la roulette (russe?) des éditeurs !
Un bouquin sur rien, ou presque
Mon premier roman, intitulé « Écharpe d'Iris » raconte le quotidien d'un jeune franco-américain, Maël, fraîchement débarqué à Paris pour tenter de reprendre en main son existence partie en vrille. Il décroche un emploi de vendeur dans un salon de thé nouvellement créé. Ce pourrait-être le nouveau départ auquel il aspire tant.
Tranche de vie contemplative, l'histoire se déroule à une moment charnière de la vie de Maël. Il s'agit d'un premier tome d'un trilogie où chaque volume reste indépendant puisque centré sur un personnage différent, mais toujours évoluant dans le milieu du thé.
Difficile pour moi de définir le genre ce bouquin où les thèmes abordés sont en vrac, l'homosexualité, le thé, le Japon, la quête de soi et du bonheur, l'amour et l'amitié, la sérendipité des rencontres... Une amie m'a décrit le manuscrit comme un « livre d'ambiance » et c'est vrai que cela résume assez bien mon travail. Pas de fantastique, pas de meurtre, pas de grand drame, pas de romantisme ou de saga fleuve. Juste des petites choses du quotidien et des choix souvent triviaux, parfois plus cruciaux, qui mis bout à bout, composent une vie, construisent un homme.
Outre raconter une histoire, qui est à mon sens le fondement de l'écriture romanesque, je voulais aussi communiquer une vision positive de la vie. Cela pourrait semblait arrogeant, mais ce projet a comme objectif de rendre les gens heureux. Quand à la lecture du texte, une amie m'a dit « ton roman m'a filer la banane » j'ai eu le sentiment d'avoir été comprise, d'avoir touché juste. J'ai eu le sentiment que toutes ces heures passées prenaient leur sens.
Écharpe d'Iris s'adresse à un public curieux, qui apprécie de prendre le temps de regarde, qui apprécie la lenteur. Je ne sais pas s'il est nécessaire de s’intéresser aux thèmes abordés dans le bouquin où si mon histoire a assez de piquant pour captiver des lecteurs. Mais, je pense qu'au moins, ceux qui trainent régulièrement leur scandale en plastique dans mon étang devraient apprécier !
Empiler des mots : la construction laborieuse d'une histoire
Écrire ce livre a été un long chemin solitaire, car malgré les soutiens chaleureux de mes proches et de mes supers béta-lectrices, l'acte d'écrire s'accomplit seul. Cela a été aussi une lutte contre moi-même, mes peurs d'échec, ma tendance à procrastiner, mes peurs d’abandonner et surtout ma très grande peur de ne pas être à la hauteur de mes ambitions. J'ai placé la barre haut. Très haut.
La construction du récit et surtout son rythme m'ont demandé beaucoup d'efforts. Avant d'attaquer le projet, j'ai commencé par avaler un bon nombre de livre sur l'écriture afin de connaître les règles et les mécanismes du récit et de la narration. N'ayant pas confiance en moi, me former est toujours la première étape quand j'attaque un truc.
Entre l'idée et le manuscrit fini : treize ans. Yep, même si j'adore les lapins, mon rythme ressemble plus à celui d'une tortue grabataire. Bien sur, je n'ai pas bosser en non stop, il y a eu des looongues pauses. C'est lors du Nanowrimo 2012 que j'ai attaqué sérieusement la rédaction. J'avais déjà depuis des années une feuille de route précise avec le résumé détaillé de chacun des soixante chapitres qui constituent la trilogie. Les fiches personnages, les fiches de lieu et la la majorité de la documentation nécessaire étaient déjà là, prêts à utilisation.
Je me suis tenue à une règle de base : écrire doit rester un plaisir. Vulgairement parlant, si on se fait chier quand on écrit, il a fort à parier que le lecteur se fera chier à la lecture. Cela ne signifie pas pour autant qu'écrire est facile. Tant sur le plan intellectuel qu'émotionnel et même au niveau physique, écrire demande un effort réel, constant et parfois, comme pour une performance sportive, on doute de réussir. Le tome deux est déjà entamé et il me fiche moins la trouille que le précédent. (pour l'instant).
Écrire, relire, et après ?
Le plus difficile reste-t-il à venir ? En effet, il reste encore à affronter l'étape de la publication, avec, dans sa poche, mon immense trouille, la pire de toute. Il ne s'agit pas du rejet en tant que tel mais ce qu'il représente : ne pas plaire, ne pas obtenir la validation, ne pas être aimé.
Être édité est un parcours du combattant. Même s'il y a quelques « recettes » pour ne pas être recaler dès le départ par un lecteur, la chance de réussir à placer son premier manuscrit reste infime.
Je suis cependant beaucoup plus détendue dans la mesure où, une fois le texte envoyé, son avenir ne sera plus entre mes paluches. D'un naturel patient, je ne redoute pas l'attente.
Mon prochain défi est donc la lettre de présentation de mon projet, puis les envois aux éditeurs. Le seul qui me vienne naturellement en tête est « Acte Sud », une évidence non seulement parce que je dévore beaucoup de leur ouvrage mais aussi en raison de la tonalité de mon texte. Ma priorité est de choisir des éditeurs sérieux dont j'apprécie le catalogue et avec un système de diffusion correct. Pour l'instant, l'auto-édition n'est pas une option. Si, une fois achevée l'écriture de mon troisième tome, la pile de refus des éditeurs « traditionnels » menace de m'engloutir, je me poserai la question.
D'ailleurs, si vous travaillez dans le milieu de l'édition, de la librairie ou que vous êtes familier du procédés de « pêche à l'éditeur », n'hésitez pas à me laisser vos conseils en commentaire. Ils seront les bienvenus !
Photos prises au Jardin Albert Kahn
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