Magazine Société
Charles Pasqua vient de passer l’arme à gauche, lui, le fils de policier devenu premier flic de France aura été une des premières victimes de la canicule. Arrêt cardiaque pour celui dont le cœur était gaulliste de la première heure. Il entre à 15 ans dans la résistance en tant qu’ohm de l’ombre sous le nom de « prairie » alors qu’il n’a pas l’air basset ! Il a plutôt un faciès chevalin assez proche de celui de Fernandel ! D'aucuns diront qu’il en est le pastiche ! En parlant de Pastis il rentre chez Ricard avec une licence en droit en poche. En prenant de la bouteille et en y allant au culot il terminera n°2 du groupe en 1967, date « anis-versèrent » à laquelle il se référera toujours ! C’est l’année où il quitte le groupe pour se lancer totalement en politique pour saper tank socialiste qui lui fout les boules. Il n’est pas novice en politique et de lui émanent hauts vices et coups tordus. En 1959, il crée le SAC (Service d’Action Civique) qui sera amené à lutter contre les actions terroristes de l’OAS (Organisation Armée Secrète) lors des "événements" d’Algérie. Le malheureux SAC le poursuivra toute sa vie alors que le mat, le ressac auraient pu bercer sa destinée à l’image d’un Tabarly ! Mais la réputation sulfureuse du SAC est-ce assez pour le stopper ? Que nenni (semant hi, hi, hi) ! Le faux Fernandel ne laisse pas gnole lui noyer le désespoir. Sous l’étiquette UDR il fait ses premiers pas sans être élu des hères car le voilà député à Clichy-Levallois ! Par la suite, il aidera Balkany à voler de ses propres zèles mais il s’agit là d’une autre histoire. Revenons au parcours du défunt. Lors de la première cohabitation (1986-88) Charles est nommé Ministre de l’Intérieur par Jacques Chirac mais préconise déjà des balles à durs ! Effectivement ses voltigeurs (une brigade de policiers en moto tout terrain capable de briser tous tes reins) frappent un jeune étudiant, Malik Oussekine, sortant d’un bar de jazz mais pas spécialement un peu parti, un peu naze, donc sans teint Jonasz. Et ils tuent Malik qui, comme d’autres étudiants, manifestaient contre un projet qui empêchait de vaquer au libre choix d’entrée dans les universités ! Une véritable bavure ! Et l’homme au sourire chevalin devra dissoudre ses voltigeurs. On lui met la bride ; on ne pas dire qu’il aima licou : c’est équine…comme réaction. Ce triste épisode, on le lui reprochera toute sa vie ! L’homme quittera le Ministère pour être sénateur des Hauts-de-Seine pour tenter de faire oublier ses bas de scène. Cinq ans dans le sénatorium et puis nous le retrouvons à la Place Beauvau pour reprendre le taureau par les cornes en évitant la mort aux vaches (pour prise aux niais). Oui, le revoilà, à l’occasion d’une deuxième cohabitation (1993-1995), choisi par l’homme au goitre qui finira sa carrière par un célèbre « je vous demande de vous arrêter ! » Durant ce laps de temps il retrouve ses petites habitudes : charges policières contre des jeunes qui refusent le CIP (Contrat d’Insertion Professionnelle) : les anti-CIP car à se faire payer à 80% du SMIC il est clair qu’un nanti s’y paie ! Le CIP sera retiré par Balladur qui reçoit, des jeunes, comme un coup de bambou là ! En parlant de bamboula, Carlos se fait arrêter par l’entremise de notre valeureux Pasqua qui, à plusieurs occasions nous sortira la célèbre maxime : « il faut terroriser les terroristes ». Je vous fiche mon billet que s’il avait été à Bercy il eût pondu « il faut ménager la ménagère » ou « épargner les épargnants » Il aurait pur retirer quelques glorioles de sa lutte contre le terrorisme. Hélas, il choisit le mauvais cheval (encore !) en retenant l’option Balladur alors que c’est Chirac qui se remet en selle et termine à bride abattue pour gagner la présidentielle de 1995. Pasqua, quant à lui, rejoint l'abri d'abattus. Dès lors et ce malgré son siège de sénateur et de président du conseil régional des Hauts-de-Seine, son parcours politique devient des plus chaotiques en violentant dans bien des cas éthique ! Il se lie à Philippe de Villiers lors des Européennes de 1999 (2e derrière le PS) et éjecte ainsi un petit nerveux du nom de Sarkozy. Il devient donc député européen mais se brouille avec De Villiers, jusqu’à le combattre comme s’il se trouvait devant des Huns ! Petit à petit, l’image de Pasqua se ternit par de nombreuses affaires (ventes d’armes en Angola, Sofremi, déménagement du siège d’Alsthom, voir mon article d'alors). Sursis et relaxes agrémenteront ces épisodes judiciaires En 2002, Charles tente un ultime sursaut ! Il se présente aux Présidentielles mais les 500 signatures se feront terriblement prier, Chirac ayant dit : il ne faudrait pas que ça passe, quoi ! L’homme fait sa dernière apparition publique lors du congrès fondateur des Républicains en mai 2015. Le voilà parti on ne sait où… Sans jamais avoir été réellement jugé de son vivant ! Et pour beaucoup il restera l’homme d’écoutes hors du légal, l’âme des coups tordus, laids, gales…
Mais paix à son âme loin d’un enfer néant d’ailes…