Cette étude de l’Université de Sydney confirme une réduction du volume de l’hippocampe chez les personnes atteintes de dépression et l’associe aux effets néfastes de la maladie dépressive sur le cerveau. Elle apporte, dans la revue Molecular Psychiatry et sur un large échantillon, un éclairage nouveau sur les mécanismes possibles responsables de la dépression, une maladie » du siècle » mais dont la compréhension reste cependant très rudimentaire. Enfin, elle rappelle aussi l’importance de prendre en charge efficacement la dépression chez les jeunes, au cerveau encore en dévelopement.
La dépression majeure est une affection fréquente qui affecte plus d’1 personne sur 6 au cours de la vie. C’est un trouble grave de l’humeur dans lequel les sentiments de tristesse, de frustration, voire de colère interfèrent avec les activités de la vie quotidienne et peuvent donc être très handicapants.
L’analyse révèle que
· chez les personnes atteintes de dépression, l’hippocampe, la zone du cerveau impliquée dans la formation de nouveaux souvenirs est de taille réduite par rapport aux personnes en bonne santé.
· Cette constatation est particulièrement significative chez les participants souffrant de dépression récurrente ou chronique. Ces personnes représentaient 65% des participants souffrant de dépression, ce qui suggère un fort taux de récurrence de la maladie.
· Les personnes ayant connu une dépression majeure, soit ici avant l’âge de 21 ans, présentent également un plus petit hippocampe, ce qui suggère que nombre d’entre eux vont connaître des récidives de la maladie.
· En revanche, les participants en cours de premier épisode de dépression majeure, soit 34% des participants souffrant de dépression, ne présentent pas encore cette différence cérébrale structurelle. Cela implique, selon les chercheurs, que cette réduction de taille de l’hippocampe est bien le résultat des effets néfastes de la maladie dépressive sur le cerveau.
La nécessité d’une prise en charge efficace chez les jeunes : On retiendra donc que la dépression est une maladie à fort taux de récidive et que son développement chez les jeunes ou sa récurrence laisse une empreinte indélébile au cerveau. Des résultats qui soulignent la nécessité d’identifier et de traiter la dépression de manière efficace au plus tôt, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes, sous peine de séquelle.
L’hypothèse neurotrophique de la dépression : Des données qui apportent aussi un éclairage nouveau sur les structures du cerveau et les mécanismes possibles responsables de la dépression, explique le Dr Jim Lagopoulos de l’Université de Sydney et du MIND Research Institute, auteur principal de l’étude.
Car les mécanismes sous-jacents restent encore mal connus, en particulier en raison du peu de larges études mais aussi de la variabilité de la maladie, de ses symptômes et de ses traitements –dont leurs interactions complexes avec les différentes zones et structures du cerveau. Ainsi, l’hypothèse neurotrophique de la dépression soutenant que toute une gamme de processus neurobiologiques, dont ceux induits par les antidépresseurs, peuvent provoquer le rétrécissement du cerveau. C’est d’ailleurs l’hypothèse suggérée par une précédente étude de l’Université Yale qui soutenait que les personnes qui souffrent de stress chronique et de dépression subissent une perte de volume du cerveau, ce qui contribue au développement de leurs troubles affectifs et cognitifs.
Reste donc en synthèse, à préciser si ces anomalies de l’hippocampe résultent d’un stress chronique prolongé ou constituent un facteur de vulnérabilité pour la dépression, ou… les deux.
Source: Molecular Psychiatry 30 June 2015; doi: 10.1038/mp.2015.69 Subcortical brain alterations in major depressive disorder: findings from the ENIGMA Major Depressive Disorder working group
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