Jusqu'aux négociations entre le gouvernement Tsipras et la Troïka, je pensais naïvement qu'une autre UE était possible.
Une UE sociale et de la coopération qui place l'Humain d'abord au centre de ses préoccupations.
Or, l'UE me parait aujourd'hui impossible à réformer. Il est vrai que le vers était déjà dans le fruit avant même son existence d'après les auteurs de L'Europe sociale n'aura pas lieu.
Depuis le début, la construction européenne a été un leurre. Elle devait contribuer à asseoir la paix. Or, elle devint, peu-à-peu, la guerre sous une autre forme. La chute du bloc de l'est a été un coup d'accélérateur, et les intérêts de la finance ont été exclusivement privilégiés. Si l'Europe sociale a lieu, ce ne sera pas avec l'UE.
Avec l'UE, les armes ont changé de nature. Elle sont bien moins spectaculaires mais tout aussi efficaces pour soumettre les peuples.
Elles se nomment finance, concurrence économique à outrance (pour casser les services publics), concurrence entre les pays, concurrence entre les régions (la régionalisation pour accentuer la concurrence et casser l'Etat central), concurrence entre les villes
Avec la crise des subprimes, les dettes privées des institutions financières ont amplifié les dettes publiques, servant de prétexte à une austérité dont on ne voit pas la fin. L'Allemagne est la puissance dominante de cette UE et son modèle, mais sa population ne profite pas des succès de son économie tant le nombre de pauvres et de travailleurs précaires, notamment les femmes, ne cessent d'augmenter.
Dans ce contexte austéritaire, la Grèce est le pays qui a le plus durement souffert avec des conséquences effroyables, comme le montre cette infographie du site okeanews :
Aussi, on comprend que le peuple grec ait choisi une force politique vierge de toute responsabilité dans ce bilan du résulte à la fois de 40 années de co-gouvernance de la droite et de la social-démocratie, et, de la politique impulsée par la Troïka depuis 2010.
Or, dès le départ, l'UE n'a pas voulu du gouvernement SYRIZA-ANEL pour éviter la contagion dans l'ensemble de l'Europe. Les négociations - malgré les concessions grecques - n'ont pu jamais aboutir parce que l'objectif de l'UE et du FMI était d'étrangler financièrement le nouveau gouvernement, quitte à ne pas respecter la légalité. Une légalité déjà maltraitée par les divers plans d'aide dont 80 % de l'argent est allé aux banques...
Les déclarations mensongères de Juncker, le mépris hautain de Lagarde, les fuites savamment orchestrées, le double langage de la France et la propagande des médias dominants n'ont pas réussi à occulter le cynisme et l'extrémisme du l'UE et du FMI, ni à embobiner Tsipras.
Il ressort de ces derniers événements où l'on voit des institutions non élues - qui ont à leur tête des personnages au passé très lourd - rayer les propositions grecques d'un coup de trait d'encre rouge et tenter de lui en imposer d'autres, que le couple UE et FMI agit comme un pays colonisateur au mépris de la démocratie et de la souveraineté du peuple grec. La chose est si flagrante qu'on ne peut que tirer un parallèle avec la situation des anciens pays du bloc de l'Est soumis à la doctrine Brejnev...
Aussi, n'en déplaisent aux oligarques qui nous gouvernent et aux éditocrates qui nous désinforment, et aux autres amateurs de putsch, le peuple grec devra se prononcer en faveur ou contre le nouveau programme austéritaire d'une Troika qui espérait que Tsipras renoncerait et trahirait comme un vulgaire dirigeant social-démocrate, du genre Hollande.
Si le Non l'emporte, les premiers temps seront extrêmement difficiles, mais c'est le peuple qui aura tranché, pas des technocrates. Le probable et souhaitable retour de la monnaie nationale et la fin du fardeau de la dette illégale et illégitime devraient permettre le redémarrage de l'économie. Ce sera la fin d'une politique austéritaire qui conduit à la tiers-mondialisation et qui nourrit l'extrême droite. Et, peut-être bien le début de la fin de cette UE qui opprime.
Enfin, le peuple grec aura choisi la démocratie et l'indépendance à la soumission aux laquais de la finance, à l'instar des islandais qui aujourd'hui ne peuvent que se féliciter de leur choix :
« L'abdication d'une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d'une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »(Pierre Mendès-France - Assemblée nationale, le 18 janvier 1957)
Et pour conclure, j'ai la faiblesse de croire que la guerre de civilisation n'est pas celle que les médias dominants et nos gouvernants nous vendent...