[Critique de film n°4] Unfriended & Poltergeist

Publié le 30 juin 2015 par Antoine Dubus @Ashendir
Aujourd'hui exceptionnellement je vais rédiger un seul article pour deux critiques. La raison principale est que je m'en vais très bientôt chez des amis pour plusieurs jours et qu'en rentrant j'ai peur d'avoir oublié tout ou partie de ces deux films. C'est pour cela que je vais en parler dans un même article, en synthétisant mes critiques. Bonne lecture à tous !

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Cela faisait un petit moment qu'avec mes amis nous avions envie de nous faire une soirée films d'horreur. Profitant de la fête du cinéma, et de la place à 4€ surtout, nous nous sommes décidés à enchaîner deux films en une soirée, naturellement des films d'épouvantes. Actuellement au cinéma, deux productions se proposaient à nous : Unfriended de Levan Gabriadze et le remake de Poltergeist, de Gil Kenan. Tous deux sortis le 24 juin dernier.

Unfriended

Je commencerais donc par le premier que nous sommes allés voir : Unfriended. La première fois que j'avais vu la bande-annonce de ce film (car oui, pour une fois, j'avais regardé la bande-annonce), je m'étais explosé de rire devant les situations grotesques et les réactions des acteurs. Du coup, je me suis dis que, si j'allais le voir au cinéma et s'il ne me faisait pas peur, il me ferait au moins rire... j'avais tout faux. Car oui, j'ai eu peur !

Pour récapituler rapidement le scénario de l'histoire : Laura Barns, une jeune lycéenne, se suicide après qu'une vidéo compromettante d'elle-même ait été publiée sur internet à son insu. Une année plus tard, un groupe de six amis adolescents, des anciens camarades de la victime, se retrouvent le soir sur Skype en conversation vidéo mais rapidement une septième personne les rejoint, ils ne savent pas qui elle est, ni ce qu'elle veut. Au fur et à mesure ce mystérieux inconnu devient de plus en plus inquiétant et menace même quiconque osera se déconnecter de la conversation. La bande d'amis va donc devoir se soumettre au règle macabre du nouvel arrivant...

Là, comme ça, vous allez me dire que rien n'est original, rajoutez à cela des personnages relativement clichés dans un environnement de banlieue chic américaine et on frôle le navet annoncé. Mais voilà, c'était sans compter la réalisation d'Unfriended qui offre au spectateur un tout nouveau type de films. Je m'explique. Si vous allez voir Unfriended, ne vous attendez pas à aller voir un film comme tous les autres avec caméra sur l'épaule, changements d'environnement, vue objective/subjective etc. Ici, vous allez faire face, du début à la fin, à l'écran d'ordinateur d'un des six protagonistes. Vous allez donc voir à travers ses yeux. L'intégralité du film se déroulant au cours d'une conversation Skype, vous verrez les autres acteurs à travers leur webcam, comme si vous discutiez vous-même avec votre bande de potes. Aller sur Youtube, consulter Google, regarder sa boîte mail, écouter de la musique, bref tout ce que vous faites habituellement sur votre ordinateur, vous allez le retrouver sur l'écran de cinéma si bien que l'aspect narratif du film est quasiment inexistant. Par ailleurs, celui-ci se déroule en temps réel, le film dure 1h23... la conversation aussi.

J'ai trouvé particulièrement original que le film soit ainsi réalisé, je n'avais jamais rien vu de tel. Nous étions dans un environnement connu de tous mais inconnu du cinéma. De plus, pour le portage dans les autres langues, les réalisateurs ont dû traduire, en plus des voix, tous les textes (conversation, page web, etc.) qui apparaissaient à l'écran, en s'adaptant à la façon de parler des jeunes de chaque pays. J'ai trouvé ça très bien fait. Et si parfois on pouvait s'ennuyer des nombreuses longueurs du film, on finissait toujours par se dire qu'on était face à une réalisation unique, plaçant le film en dehors de toute catégorie, bon ou mauvais soit-il. Car évidemment le film n'est pas dénué de défauts, loin de là. A commencer par le jeu d'acteur, premier défaut des films d'horreur. Si on peut facilement s'identifier en début de film quand rien, ou presque, ne se passe, on a du mal à nous retrouver en eux lorsque les pépins arrivent et qu'ils réagissent tous de manière soit absurde, soit grotesque, voir complètement illogique. Ce défaut ressort d'autant plus qu'on voit leur tête quasiment tout le temps. Je dois avouer qu'à certains passages du film, j'ai beaucoup ri alors que la situation ne devait pas s'y prêter...

Quant à la peur, je l'ai trouvée bien présente. Le film a tendance à nous surprendre et nous faire sursauter sur notre siège mais, progressivement, on détecte l'arrivée imminente des moments clés, des passages qui sont censés nous faire flipper, et cela gâche un peu l'intérêt premier d'un film d'horreur. Peu de surprises donc, si ce n'est dans les façon de mourir des personnages : très originales et très actuelles... . Je noterais aussi que les saccades, censées retranscrire les petits bugs d'internet que l'on connait toutes et tous, m'ont provoqué plus de frustration qu'autre chose.

Au final je suis ressorti plutôt satisfait de ma séance, satisfait d'avoir pu voir un film à la réalisation ultra-originale et actuelle. Malgré une fin très prévisible, je n'ai pas manqué d'avoir peur à plusieurs reprises, mais surtout, je me suis senti inclus dans l'histoire : les pages web que l' "héroïne " consultait, nous les consultions avec elle, les musiques qu'elle écoutait, nous les écoutions aussi, les conversations privées qu'elle entretenaient, nous les entretenions. Bref, le film est fait pour parler à une génération qui a grandit avec Skype, Facebook, Youtube et compagnie, et sur ce point, il réussit son pari haut la main. Quant à l'aspect " film d'horreur ", on a vu mieux.

Poltergeist

Passons au deuxième film, qui n'a pour ainsi dire, rien à voir avec Unfriended, si ce n'est peut-être l'argument de la " banlieue chic américaine ". Il s'agit d'un remake du nom de Poltergeist et dans lequel nous suivons les péripéties d'une famille venue s'installer dans ce qui s'apparente, au premier abord, à un quartier bien tranquille... Si vous habitez au dessus d'un ancien cimetière, vous n'allez pas être rassuré en allant voir ce film qui exploite le thème des Poltergeist, ces phénomènes paranormaux derrières lesquelles se cachent des fantômes en quête du repos éternel.

Une nuit, alors que les parents Bowen sont de sortie, la petite Maddie disparaît mystérieusement dans son armoire pendant que son frère et sa grande soeur luttent contre des forces surnaturelles. Très vite on se rend compte que la maison est hantée, qu'un ou plusieurs esprits s'amusent à malmener la vie de Monsieur et Madame tout le monde. Niveau scénario, c'est du vu, du revu et du re-revu. Vraiment rien d'original. De plus, j'ai trouvé les membres de la famille assez insipides, sans charisme, notamment les deux parents et la grande soeur (qui ne manque pas d'être clichée). La petite fille, Maddie, et son jeune frère, remontent nettement le niveau selon moi même si, encore une fois, les réactions de chacun sont en inadéquation totale avec les événements qu'ils vivent.

Autant l'initiative courageuse du jeune garçon provoque des cris de désespoir, autant la disparition de Maddie ne suscite que quelques petites larmes de crocodile. Kendra, la grande soeur, a le don pour lâcher des répliques qui n'ont rien à voir avec la situation. Alors qu'ils sont dans un état critique, elle ne pense qu'à sa chance de rencontrer enfin le chasseur de fantôme qu'elle a l'habitude de voir à la télé, ou bien elle se met à rire sans raison. Bref, j'ai trouvé son jeu d'acteur très décevant et son utilité dans le film assez inexistante.

Pour l'instant vous allez vous dire que j'ai détesté ce film, mais une fois encore ce n'est pas vraiment le cas. J'ai même particulièrement apprécié la deuxième partie de celui-ci, lorsqu'une équipe de chasseurs de fantôme intervient pour aider la famille Bowen. Cette intervention a permis de redonner du suspens au long-métrage : comment allaient-ils parvenir à faire fuir les fantômes et... allaient-ils au moins y arriver ? Nous les voyons donc s'installer dans la maison avec tout leur matériel, et c'est à ce moment là vraiment que l'on comprend ce qui se passe. Le film gagne en profondeur et la vision du réalisateur vis à vis des poltergeist se dévoile peu à peu.

Je mettrai également en avant les effets spéciaux qui sont d'un très haut niveau pour un film d'horreur... film d'horreur qui n'en a que le nom puisque je n'ai eu peur à aucun moment. En d'autres termes, Poltergeist m'a donné l'impression de commencer comme un banal film d'épouvante puis de glisser relativement rapidement vers un film fantastique. On enchaîne les effets spéciaux, tous plutôt réussis je dois dire, ce qui à tendance à nous rassurer. Je m'explique. Alors que l'environnement global du film, une maison familiale, rappelle peu ou prou la situation du spectateur lambda, l'accumulation d'effets spéciaux en lien avec les phénomènes paranormaux, elle, créer un fossé entre les deux. On se rend compte que tout cela n'est qu'une pure invention et que ça ne pourrait pas arriver dans la vraie vie. Personnellement j'ai trouvé ce manque de réalisme assez regrettable.

N'ayant pas vu le premier Poltergeist je ne pourrai malheureusement pas comparer les deux. J'ai néanmoins préféré Unfriended car il remplissait d'avantage son rôle de film d'horreur et proposait en plus une réalisation très originale quand Poltergeist restait très ordinaire. J'ai apprécié les effets spéciaux qui en mettaient plein la vue mais au final ce n'est pas vraiment ce que je recherchais à la base. Je voulais avoir peur (n'est-ce pas le rôle premier d'un film d'horreur ?) ! Malgré quelques petits coups de stress à certains moment, Poltergeist ne m'a pas apporté les sensations escomptées. Cela dit, je n'ai aucunement regretté cette petite soirée.