Critiques Séries : True Detective. Saison 2. Episode 2.

Publié le 30 juin 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

True Detective // Saison 2. Episode 2. Night Finds You.


Je pense qu’il faut avant tout prendre quelques minutes pour digérer la fin de cet épisode. En effet, Nic Pizzolatto a semble t-il voulu nous surprendre en tirant sur l’un de ses personnages principaux. Ray est-il mort ? Ce serait tout de même terrible de tuer un personnage qui plus est incarné par Colin Farrell dès le second épisode mais est-ce pour cela qu’il a accepté le rôle ? Telle est la question. Je n’ai pas envie de me faire berner cette fois-ci et je vais donc imaginer qu’il va miraculeusement s’en sortir vivant. Mais cette scène est d’autant plus surprenant qu’elle prend le téléspectateur de court. On ne s’y attend pas du tout. J’étais plongé dans l’épisode comme si de rien n’était, bien plus que dans le premier qui m’avait complètement perdu, et tout d’un coup un homme, vêtu d’un masque de corbeau, s’avance vers Ray afin de lui tirer dessus avant qu’il n’ait le temps de dégainer son arme. C’est une scène aussi étrange que passionnante. En tout cas, je ne m’attendais pas du tout à ce que cela évolue de cette façon et le résultat me fait plaisir. Si Nic Pizzolatto avait voulu tuer Ray, je pense que l’on aurait eu le twist le plus couillu de l’histoire. Ou en tout cas, l’un des plus couillu. Car ce voudrait dire que True Detective est prête à dire au revoir à l’un des personnages les plus intéressants après seulement deux épisodes.

Si je n’ai pas envie de le croire, ce que j’aime avec « Night Finds You » c’est le fait qu’il parvient à délier un peu des intrigues lancées dans le premier épisode. J’avais fustigé le premier épisode pour son côté ultra confus et cette fois-ci, on sent que True Detective parvient enfin à sortir un peu de sa tanière afin de développer un peu plus l’univers de personnages comme Frank Semyon ou encore Paul Woodrugh. Si Ani était l’héroïne de la série dans le premier épisode à mes yeux, je dois avouer que celui-ci donne la part belle aux garçons. La série ne laisse aucun répit à chacun des personnages histoire de nous démontrer que personne n’est à l’abris de quoi que ce soit. Mais il y a aussi suffisamment de choses étranges dans cet épisode afin de nous donner envie, malencontreusement peut-être, de voir la suite. Car l’on ne peut pas dire que la série atteigne encore les sommets de la saison précédente. Rien que l’obsession de la mort de Paul pour Clint Eastwood est presque un clin d’oeil plus cocasse que réellement important. On retrouve de toute façon un peu de ces vieux polars très américains de Clint Eastwood dans les influences de Nic Pizzolatto cette semaine, comme Gran Torino par exemple. Mais pour le coup, True Detective est beaucoup plus confuse, mélangeant trop ses diverses influences.

On retrouve également un peu d’idées à la Paul Thomas Anderson, tant dans l’écriture que dans la mise en scène. J’ai étrangement pensé à Inherent Vice, je ne sais trop comment. Ce dernier n’était pas le meilleur film de l’année, peut-être même un film décevant par moment, mais si l’influence est avérée, je trouve que c’est un choix intelligent. La narration de Inherent Vice était confuse, un peu comme celle de ces deux premiers épisodes de True Detective. Il y avait aussi une galerie de personnages totalement différents et quelque chose qui donnait parfois l’impression de revenir aussi à ces thrillers de Brian de Palma et ces divers films noirs des années 60. Il y a beaucoup d’influences dans True Detective cette année, beaucoup trop et c’est là aussi le problème. A côté de ça, Vince Vaughn tente de remplir son rôle. Son personnage apporte forcément le côté le plus léger et comique de la série, un peu comme ce que pouvait faire Matthew McConaughey dans la saison précédente. La séquence où Frank est allongé dans son lit était parfaite pour coller à ce que je pense déjà de ce personnage. Sauf que ce n’est pas suffisant. Vaughn ne sort pas ici vraiment de sa zone de confort et ne nous offre pas la prestation du siècle non plus. C’est bête, moi qui voulait justement le voir jouer un registre complètement différent.

Frank me fait cependant parfois un peu penser à Ray Donovan (dans la série du même nom) à la différence près que Liev Schreiber c’est tout de même autre chose que Vince Vaughn. Heureusement pour nous, il y a Ray. J’aime bien son côté un peu hors des lignes, ce qui permet de sortir le personnage de tout un tas de choses ultra mécaniques et rigides dont la série fait preuve. Pourtant, c’est très classique (mais d’un autre côté, pourquoi s’en plaindre, la première saison de True Detective était très classique aussi dans sa structure narrative). Caspere est donc probablement l’un des personnages les plus étranges que la série nous ait introduit mais peut-être aussi l’un des plus fascinant. Loin de moi l’envie de dire que ce personnage est mauvais, au contraire, je dirais même qu’en plus de ça, j’apprécie la vision de Justin Lin. Ce dernier influence énormément la saison pour le moment. Si côté sexe, la série continue d’être libérée, surtout dans des dialogues assez crus, visuellement la série se sort un peu de ce qu’elle pouvait faire dans le premier épisode et qui pouvait aussi être légèrement décevant. Avec le changement de réalisateur pour le prochain épisode (ce qui change de la première saison qui avait été intégralement réalisée par le même), j’ai peur que True Detective perde de sa superbe. Nous verrons bien, en plus de connaître le destin de Ray qui reste en suspend (même s’il ne fait aucun doute sur la réponse).

Note : 6/10. En bref, un second épisode un peu plus efficace que le premier.