Une fois de plus la tragédie grecque qui est en train de se dérouler est accompagnée du florilège habituel d’avis simplistes bien plus illuminés qu’éclairés. J’attends de voir le premier qui va rassembler dans la même émission/le même article les bonnes raisons pour lesquelles on ne peut logiquement continuer à espérer un maintien de la Grèce dans la Zone Euro.On devrait se préparer à voir la Grèce quitter l'Euro et reprendre sa Drachme, et ce pour de bonnes raisons inspirée par le bon sens.
Préparez-vous à voir la Drachme réapparaître en Grèce.
Voici donc mes 7 raisons pour lesquelles la Grèce va quitter la zone Euro :
- La Grèce est en cessation de paiement. Il faut regarder la vérité en face. Comme de nombreux pays occidentaux, jusqu’en 2008 ils empruntaient un peu sur 30 ans chaque année pour couvrir le déficit courant tout en se gardant une marge de manœuvre confortable en cas de coup dur. Le coup dur est venu sous la forme de crise bancaire qui les a poussé à emprunter au-delà de leur marge de manœuvre. En plus de ça ils se sont pris une récession sans précédent qui ont fait fondre les recettes de l’état comme neige au soleil.
- La Grèce a perdu toute marge de manœuvre et c’est pour ça qu’elle ne paiera jamais ses dettes actuelles. Les Grecs ont brûlé toutes leurs cartouches et si l’activité économique ne reprend pas très vite, il n’auront matériellement plus aucun moyen de payer. S’ils restent dans l’euro, cela risque de déstabiliser l’ensemble de la zone. La chaîne n’est pas plus forte que son maillon le plus faible. Persister à garder un mauvais payeur dans le club est-il vraiment une bonne idée ?
- Cela créera un précédent. Si on l’a permis pour la Grèce, on ne peut pas le refuser au Portugal, à l’Italie, à l’Irlande, à Chypre,… Tous ces pays seront moins motivés à poursuivre leurs cures d’austérité imposées par les Troïkas successives.
- Cela gèlera le développement de l’Europe. L’harmonisation fiscale est un des grands projets qui renforcerait l’Europe et sa monnaie si seulement il était réglé une fois pour toutes. Depuis 20 ans que le problème se présente, on a davantage souffert des inconvénients qu’on n’y a trouvé de solutions. Garder un mauvais élève au sein de l’Union monétaire réduit la flexibilité de l’ensemble du groupe à mettre en place les changements et les réformes nécessaires à la solution définitive à la crise – chose qu’on attend depuis 2008 mais qui a été retardé principalement parce qu’ils étaient constamment occupés à éteindre les incendies budgétaires qui surgissaient de toutes parts.
- L’austérité disparaîtra. Si on garde la Grèce qui a fini par faire défaut malgré la cure d’austérité drastique, alors pourquoi persister dans cette pratique qui a prouvé que ça marchait pas. Autant passer tout de suite à la case « je ne paye pas, un point c’est tout ! ». La fin de l’austérité est demandée par de plus en plus de gens dans les pays qui l’appliquent encore.Mais dans ce cas, par quoi la remplacer ?
- Les taux d’intérêts s’envoleront. Cette montée soudaine du risque de défaut de paiement sur des obligations souveraines sera intégrée dans les taux d’intérêts et le marché exigera un plus grand rendement des pays à risque, poussant les taux vers les sommets. Si les épargnants seront content, les institutions surendettées le seront moins et les banques risquent de sauter les unes après les autres, pour les raisons expliquées précédemment.
- L’inflation va l’emporter au final. Comme expliqué ici, la Grèce fait partie des pays qui ont toujours eu une politique budgétaire qui misait grandement sur l’inflation pour sa survie. Leur entrée dans l’Euro nécessitait une refonte complète de leur façon de penser qu’ils n’ont jamais pu faire. Le seul moyen de s’en sortir avec une dette colossale, une austérité inexistante et des taux impayables est de commencer à payer avec de la monnaie créée à partir de rien. Cela va faire décoller l’inflation et par la même façon faire fondre la valeur relative de leur endettement.
Sérieusement, ceux qui persistent à croire que la Grèce va rester dans la zone Euro ont de quoi commencer à se faire du souci. Leur argumentaire commence à faire pitié tellement il est fondé sur du vide creux rempli d’air chaud.La question n’est pas de savoir si la Grèce va quitter la Zone, mais quand. Pendant que les mal-comprenants jouent aux mal-voyants en argumentant sur cette hypothèse déjà désuète, d’autres plus intelligents se préparent activement à la sortie de la Grèce, le Grexit.Tandis que les clairvoyants se préparent et mettent leurs chaloupes à l’eau, les autres dansent sur le pont en admirant le spectacle.