[French Tech Tour] Pour ce tour des villes labellisées French Tech, L’Atelier revient sur l’écosystème de l’innovation toulousain.
Si l’on rencontre quelques acteurs de la vie des start-up de Toulouse, on est vite frappé d’un constat : tout le monde se connaît. Une situation étonnante si l’on considère que ce sont près de 4 500 entreprises de l’informatique et 450 000 habitants qui occupent la ville. La raison de cette proximité des acteurs de l’écosystème start-up et innovation est simple : la ville rose semble miser sur l’innovation ouverte au sens large. « Nous ne sommes pas les seuls à favoriser l'open innovation mais nous avons été dans les premiers » selon Bertrand Serp, conseiller municipal de Toulouse et vice-président de Toulouse métropole.
L’open innovation qui pourrait d’ailleurs être vue comme le point de départ de la Mêlée numérique. Derrière le nom de l’association en forme d’hommage au ballon ovale se cache une volonté réelle de « mêler » les acteurs de l’économie locale pour partager les idées et faire avancer le monde de l’innovation toulousaine. Membre de l’association, Guillaume Marquette insiste sur cet objectif : selon lui, l’idée est de « faire collaborer des gens qui n’auraient pas collaboré autrement ».
Les idées passent avant le business
Mais cette volonté de faire collaborer les entreprises pour innover ne rime pas nécessairement avec business dans la ville rose. Rencontres, événements, partage d’idées… un brainstorming à l’échelle de tout un écosystème en somme. Qu’ils soient organisés par la Mêlée, par l’IoT Valley, le Camping ou la Cantine, les événements ne cherchent pas les partenariats : « la vocation n’est pas forcément de faire du business ; nous sommes là pour partager des connaissances » explique Guillaume Marquette.
« L’enjeu pour la French Tech c’est de regrouper les collectifs d’associations, de fédérations, de clusters, d’acteurs publics et privés »
Une vocation que partage d’ailleurs en grande partie les membres de French Tech Toulouse à l’image de son directeur délégué, Philippe Coste, qui rappelle : « L’enjeu pour la French Tech c’est de regrouper les collectifs d’associations, de fédérations, de clusters, d’acteurs publics et privés. » Mais le responsable d’Epitech de souligner tout de même : « Il y a un sens de l’équipe certes, mais cela reste des équipes pour se challenger. » Un peu à l’image du prochain concours de start-up lancé par le Crédit Agricole dans la région, Start me up.
L’Internet des objets en ligne de mire
Un challenge qui concerne un grand nombre de domaines et qui dit Toulouse dit souvent aérospatial. Lorsqu’on regarde de plus près pourtant, le secteur de l’innovation toulousain a le regard tourné vers le cloud et l’Internet of Things, bien plus que vers les étoiles. En témoigne, le récent changement de la TIC Valley qui devient l’IoT Valley. « Nous nous sommes rendu compte que beaucoup de nos start-up étaient dans ce domaine. Nous nous sommes donc spécialisés pour nous différencier. » explique Marion Fontana, manager de l’IoT Valley, qui insiste sur l’absence de rivalité entre Angers avec sa nouvelle Cité de l’objet connecté et la ville rose. « Angers est plus tournée vers les objets eux-mêmes quand nous sommes plus centrés sur les applications ».
Toulouse serait-elle donc un des nouveaux centres de l’Internet des objets ? Pour Ivain Frain de la start-up Enersy et son chauffage connecté, cela ne fait aucun doute : « Il y a une bonne poussée pour innover sur l’IoT à Toulouse. Nous espérons pouvoir effectuer des synergies avec d’autres entreprises l’an prochain. » Sans oublier le succès de la start-up toulousaine Sigfox et son projet de réseau mondial d’objets connectés. Marion Fontana rappelle toutefois que cette spécialisation dans l’IoT ne rime pas avec exclusion. Un constat que partage Philippe Coste.
L’innovation ouverte commence dès les études
Le Head of Schools du réseau Epitech rappelle d’ailleurs le rôle des écoles et des universités dans l’écosystème de l’innovation toulousain : « Les écoles sont une force vive extrêmement importantes dans le développement des start-up. » Selon Philippe Coste, en plus de fournir un vivier de stagiaires, les formations toulousaines participent à l’innovation toulousaine à travers l’organisation de nouveaux réseaux, de rencontres et d’événements. Ainsi, l’école Digital Campus organise à Toulouse des rencontres entre étudiants et « startupers ». Ceci, dans le cadre de projets entrepreneuriaux développés par les élèves en fin de cycle. À l’image de nombreuses initiatives en innovation ouverte, les étudiants partent donc d’une page blanche et définissent étape par étape les paramètres et les objectifs de leurs projets de fin d’étude.
« La collaboration de tous les acteurs de l’innovation toulousaine reste un défis. »
Au finale, l’innovation toulousaine est loin de se concentrer uniquement sur les start-up. « Le trait d’union, c’est le numérique mais, lors de nos réunion [de la Mêlée, ndlr], il y aussi des avocats, des PME [petites et moyennes entreprises], etc. » rappelle Guillaume Marquette. L’innovation à Toulouse semble donc clairement portée par une sorte d’« esprit d’équipe » pour reprendre les mots du directeur délégué de French Tech Toulouse, même s’il précise que cette volonté de faire collaborer tout le monde « reste un défi ».
Retrouvez la première partie de notre French Tech Tour à Toulouse