Magazine Journal intime

De Varanasi a Pangandaran, bienvenue au present!!

Par Simplybrice

Boum! Quand votre coeur fait boum,

Tout avec lui fait boum!

Et moi, je me retrouve là à rédiger le présent ce à quoi je me suis toujours refuser.

Mais là, ça fait boum alors...

J'écoute mon coeur!!

Une semaine. Presque une semaine à Varanasi avant que je mettes enfin les bouts et que j'achète un billet pour l'Indonésie. Il était temps!!! C'est que le temps presse. Bien malgré moi, j'ai pris un certain retard dans l'avancé du voyage. D'abord il y eu le retour fumant à Kathmandou où après quelques minutes sur place, il a fallu que je retire de l'argent. Seulement, une fois au distributeur, la carte m'a manqué. Elle a filé je ne sais trop comment entre mes doigts comme des passoires.

Les formalités pour en faire rééditer une plus tard, il a encore fallu que la poste fasse son travail et me la fasse acheminer jusqu'au Népal. Trois semaines que ça a pris et pas une de moins, ce serait dommage...

Voilà donc trois semaines qui sont parties dans les entrailles du temps perdu à tout jamais où sans le sou, j'ai dû survivre avec le minimum syndical.

Ensuite est venue l'Inde, que je développerais par la suite, il va sans dire. L'Inde est un bien grand pays, c'est un euphémisme. Décider d'y voyager pendant trois à quatre semaines est une connerie, il va aussi sans dire. Près de six semaines en tout, voilà le temps dont j'ai eu besoin pour m'en sortir indemne. Je n'étais pas tout seul, ça ne m'a pas aidé. La présence du grandissime Momo del Laos à mes côtés a étiré les semaines jusqu'à cinq avant qu'enfin, même si à mon grand regret, on coupe le cordon débilical. Ne restait alors plus que l'ancienne Bénarès à mettre à mon tableau de chasse et les choses étaient pliées, je pouvais à nouveau refaire chauffer le passeport vers un pays où la feuille de route indiquait deux mois sur place, soit le maximum autorisé par la douane locale. N'en reste déjà plus que trois semaines, eu égard à mes égarements. Comme Félicie, merci Varanasi, aussi.

J'arrivais à Varanasi avec une pression énorme sur les épaules. Les cinq semaines précédentes avec le cas albigeois n'ont, même si j'ai eu largement le temps de m'y mettre, préférant souvent m'adonner aux joies de la partie de cartes ou de dés, pas beaucoup fait avancer le schmilblik rédactionnellement parlant. Me retrouver tout seul aurait donc dû ouvrir en grand les portes de l'inspiration, qui plus est dans une ville comme Varanasi faite à la fois de cette folie furieuse qui caractérise l'Inde et d'une spiritualité fumante comme en témoignent les corps brulant sur les berges du Gange.

Pour parvenir à mes fins, je posais mon sac qui pèse maintenant 18 kilos dans une chambre cossue, un bureau auquel était attribué un large fauteuil parfait pour y poser mes fesses délicates pendant de longues heures tronant dans un coin. Ca c'est pour le côté clair. Pour le côté obscur, toujours pour planter le décor, il y avait aussi un lit de taille pharaonique avec, exactement dans l'axe de mon corps alongé, un téléviseur, le premier depuis tellement belle lurette qu'à sa simple vue, je savais qu'un piège se tendait sur ma motivation fragile à laquelle s'ajoutait une fatigue certaine.

C'est que pour arriver jusque là, j'ai multiplié les heures de vol, le tout sans avion.

J'ai quitté Momo le vendredi 15 octobre au soir à Manali. Je suis dans un bus qui roule toute la nuit pour atteindre New Delhi au petit matin suivant. Je n'ai pas encore de billet de train pour Varanasi, première chose à faire en arrivant. A la gare principale où le bordel est non négligeable, je fais donc le parcours du combattant jusqu'à être enfin possesseur du précieux sésame m'autorisant à monter dans un train couchette qui ne part malheureusement pas avant la tombée de la nuit. Je suis donc déjà bien atteint physiquement avec toute la journée devant moi sans possibilité de me mettre la tête sur l'oreiller, sur les genoux ou quelque endroit où je pourrais m'adonner aux joies d'une bonne sieste. Au lieu de ça, j'essaye de combler le temps en partant à la recherche d'un cable sensé remplacer un autre cable défectueux rendant toute manipulation sur l'Archos pas impossible mais nerveusement éreintante quand il faut que je passe dans les trentes minutes pour connecter celui-ci à l'ordinateur jusqu'à ce qu'un faux contact me fasse reprendre la manoeuvre depuis le début.

Je pars donc en quête.

Dans les magasins du coin, je tente ma chance mais c'est peine perdue, ma demande est bien trop spécifique et les techniciens que j'ai en face biens trop interloqués pour que j'en vienne à bout aussi facilement. Quand je leur demande où je pourrais trouver cablure à mon pied, ils me répondent toutefois tous la même chose et m'indiquent une gallerie marchande apparemment spécialisée dans l'électronique à l'autre bout de la ville. C'est donc ça et il y a une possibilité que je sois au bout du compte content ou je passe ma journée à piquer du nez dans un boui-boui. Je choisis la première option.

Une heure de tuktuk passée dans l'air pur des rues sur-encombrées de New Delhi plus tard, je fais face à la gallerie. Seulement, il y a comme un problème dans l'avancée théorique des évènements, il est 11h30 et comble de malchance les portes sont fermées à triple tour. Pas un des gars que j'ai eus précédemment en face de moi n'a été fichu de me faire remarquer qu'il travaille alors qu'aujourd'hui c'est férié et que 99% des boutiques qui ne sont pas dans le voisinage direct de la gare sont fermées pour le week-end.

Il fait chaud et sec et pourtant, je jurerais avoir un nuage noir et pluvieux qui se ballade stratégiquement au dessus de ma tête. Je remonte dans un nouveau tricycle à moteur et fais machine arrière en gromelant qu'il ne me reste plus qu'à comater mollement où on voudra bien que je comate mollement, pas trop loin de la gare, car pour aujourd'hui c'est mort, je ne décide plus rien d'autre de crainte de me taper la tête contre les portes à force de les voir barricadées devant mon visage blème.

Je trouve finalement refuge dans un café, puis dans un cyber, puis dans un café, puis dans un cyber, seule gymnastique efficace contre la fermeture définitive des paupières et le ratage total de cette journée de malheur si j'en viens à rater mon train.

Cette phase de haute lutte prend fin quand enfin 17h30 ne sonne pas au clocher de l'église, étant donné qu'ici, il n'y a pas d'église. Le rodéo continue, j'arrive à la gare. Une heure de plus à attendre, étant donnée la journée de misère qui vient de s'écouler, ça ne devrait pas être l'eau du robinet à boire. Erreur, encore...

Le problème maintenant, ce n'est pas tant de savoir au départ de quel quai mon train va partir, c'est, une fois que j'arpente la passerelle qui surplombe les voies, de distinguer quelque chose. La voie 9, puisque c'est de celle-là qu'il s'agit, est un enfer à elle toute seule. En comparaison, une fourmilière est un désert. Chaque mètre carré, chaque centimètre carré est occupé par les corps et les bagages qui n'en finissent plus de s'entasser à mesure que le flot ininterrompu de voyageurs se déverse depuis ma pauvre passerelle, apéritif avant le plat principal bientôt synonyme d'indigestion. Je repense à la gare Saint Lazare, je repense aux bouchons du 14 juillet, je rigole nerveusement pour ne pas basculer dans une folie furieuse. Et comme porté par la marée humaine, j'y suis aussi avec mon gros sac, mon petit sac, et ce qui pourrait ressembler à une gueule de bois bien massif comme du chêne pas du balsa.

Plus que 50 minutes à attendre, la couchette est au bout d'un tunnel où j'ai des milliers de voisins qui se bousculent, se marchent sur les pieds quand ils ne pissent pas devant mon nez à même les voies pour donner à l'atmosphère déjà chargé des accents parfumés.

Les minutes passent. Plus elles passent et plus on est serré, la faute aux centaines de gens qui viennent encore s'agglutiner là où il n'y a pas la place de s'agglutiner. Mais c'est l'Inde et comme se plaisent à dire les indiens : "Ici, rien est impossible!"

Tu m'étonnes John...

Et que le train soit à l'heure? Ben voyons! A 18h30, à l'heure précise où il devrait mettre les voiles, ce con arrive en gare! A croire qu'ici, quand tu as un horaire, c'est l'heure d'arrivée, pas de départ!! Quand la locomotive s'arrête, le chaos statique laisse logiquement car on le voit venir à des kilomètres la place à un chaos mouvant. Quelqu'un a marché sur la fourmilière, c'est le branlebas de combas. Il faut alors jouer des coudes, des épaules, du sac, de tout ce qui peut permettre d'ouvrir des brêches, pour l'apercevoir enfin, le Graal, le bon wagon avec la Sainte Couchette à l'intérieur.

Je vérifie à l'entrée la liste des passagers qui est placardée, on y est!! Allez, on grimpe!!

A l'intérieur, je ne suis pas le premier loin sans faut. Entre les enfants qui jouent, les vendeurs à la sauvette qui s'activent déjà, les gens au téléphone, les bagages qui bouchent la vue jusqu'à la bouche, c'est un nouveau travail d'Hercule que de faire les derniers mètres.

Les numéros défilent bon gré mal gré jusqu'à mon numéro. Je devrait être content enfin... Mais non! Le nuage géostationnaire est aussi monté dans le train!!! Et ce, sans billet!!!!!! Police, arrêtez-le!!!!!!

Les lits s'étagent sur trois niveaux. Ceux du niveau supérieur sont installés, rien à redire. Ceux du niveau inférieur aussi, ça tombe sous le sens. Mais ce qui tombe moins sous le sens, c'est que ceux du niveau intermédiaire sont tous relevés permettant à tous de s'assoir confortablement sur ceux du bas. Et à quel niveau croyez-vous que ma couchette m'attende en travers? Bisque bisque rage, of course! Qui c'est le dindon de la farce, le cocu du train, le roi de la coïncidence, le champion de la loose? Et qu'est ce que j'en ai à faire moi, de m'assoir sur la banquette du bas????

Avec le peu de patience qu'il me reste, je m'assois donc. D'abord droit, puis plus oblique, je penche. En quelques minutes, je bave presque sur l'épaule de mon voisin qui n'en demandait pas tant et ne trouve rien d'autre à faire que de me sortir de ma torpeur avec vigueur. C'en est trop! Les bancs publics, ça va bien cinq minutes mais maintenant il faut que ça change! Désolé messieurs dames, vous parlerez soit recroquevillés avec moi qui dort au dessus, soit en arrivant à destination!! Allez hop, la banquette ça suffit, place à la couchette!!

Devant la soudaineté des signaux de détresse ainsi que leur intensité, mes charmants bavards de voisins n'ont pas d'autre choix que de céder. Les cales sautent, le lit bascule, je m'écroule.

Ce n'est qu'au petit matin que je sors de ma déchéance lorsque dans le compartiment d'à côté, quelqu'un met le haut-parleur sur son téléphone portable et enchaine tous les airs du top50 local sans que personne n'y trouve à redire. Pour ma part, j'aurais bien ronflé une douzaine d'heures de plus, qu'à cela ne tienne, aujourd'hui ne se fera pas au son de la Chevauchée des Walkyries comme ça se produit le plus souvent quand je fais un trajet de nuit...

C'est dans un état second que, vers midi, je descends du train dans l'urgence, prévenu que c'est ma station par mes voisins de chambre sans murs ni porte à la dernière seconde. C'est que la gare où je descends n'est, surprise, pas celle de Varanasi. Au lieu de ça, je suis là sur le quai à me demander où je suis et ce que je fais là à regarder le train repartir sans moi. En fait, j'apprends vite que je suis à une trentaine de kilomètres de mon but non visité par le convoi ferré.

J'en viens donc à prendre un nouveau tuktuk pour enfin reprendre au commencement, je suis à Varanasi, les paupières plus lourdes que mes sacs, dans ma chambre au lit plus qu'accueuillant, le premier digne de ce nom depuis les contreforts de l'Himalaya.

Le bureau et la rédaction peuvent bien attendre un peu, dans un râle de plaisir, je ne fais plus qu'un avec mon matelas king size dont je ne sors qu'à la nuit tombée, réveillé plein de stupeur par une ambiance sonore à l'irakienne. A l'extérieur, c'est un concert d'explosions qui se joue. Pas dix secondes ne se passent sans qu'une détonnation assourdissante ne vienne répondre à celle qui la précède. Pendant de longues minutes, j'en viens à penser que dehors c'est la guerre civile.

En un temps record, je saute dans mon pantalon et descends à la réception de l'hotel. Là, tous les employés, les uns après les autres, s'écrient : "Happy Diwali!! Happy Diwali!!!!".

C'est donc une double bonne nouvelle : premièrement, nous ne sommes pas en guerre, et deuxièmement, c'est la fête de l'année ou presque à Varanasi comme dans le reste de l'Inde. Diwali est en effet une fête, le festival des lumières, qui pour le païen que je suis se manifeste sous deux formes. Tout d'abord sur les rives du Gange, des centaines de gens font des offrandes sous la forme de petites bougies flottantes qui dérivent ensuite au gré du fleuve. C'est beau et ça ne fait de mal à personne bien au contraire. Ensuite, Diwali, c'est aussi l'occasion pour tout un chacun de faire exploser des pétards, de lancer des fusées dans le ciel et ce, du coucher au lever du soleil en sachant qu'en bons amateurs, plus gros est le pétard, plus grande est l'excitation qui résulte de son explosion.

Il y en a donc dans tous les sens. Partout ça court, ça crie, ça détonne. Partout on entend des "Happy Diwali!". Ce n'est plus une fête, c'est un exutoire avec au milieu de tout ça, les vaches errantes qui courent partout espérant trouver une cachette illusoire, et elles en auraient besoin car une fois la mèche allumée c'est chacun pour soi!! Et ça prend d'autant plus son sens quand pour faire encore plus de bruit, les enfants mettent les explosifs sans des canettes ou des bouteilles qui parfois explosent aussi sous la pression!

Partout à travers la ville. Dans chaque rue. Dans chaque recoin. Jusqu'au bout de la nuit.

Pour ma part, j'achète aussi quelques pétards histoire de faire le mariole, chose que je ne fais pas trop mal. Jusqu'à 3h du matin, heure à laquelle ça commence enfin à se calmer, je ne sais plus où donner de la tête, essayant sans cesse d'anticiper les "BOUMS" en me bouchant les oreilles pour ne pas finir sourd comme un pot, et il y a du travail! Au retour à la chambre, j'ai la tête encore tellement pleine de vacarme qu'il m'est impossible de même m'imaginer dormir. Un coup de télé cablée plus tard, l'aube est imminente quand j'éteins enfin la lumière et tire le rideau sur cette journée longue de soixante heures.

Comme à mes pires heures, la nuit a échangé son costume avec le jour.

Il est 16h quand j'active la fonction mirettes. A 18h, je sors du petit déjeuner-déjeuner-dîner. A 19h, je suis dans ma chambre, le nez entre deux eaux, ce soir Diwali n'est plus et la ville a retrouvé son calme malgré quelques relicas de la veille qui me rappellent à leurs bons souvenirs.

Pendant six jours suivants, le rythme est à peux de choses près le même. Chaque fois que je me colle les doigts sur le clavier, je butte de longues minutes sur les phrases décrivant mes actions de quatre mois auparavant. La motivation plonge. De longues heures s'enchainent entre les chaines sportives et les chaines cinémas où entre autre j'échoue devant Rambo IV ou m'extasie devant Juno.

Puis, enfin, après trois ou quatre jours de ce manège infernal où plus rien n'a trop d'importance, je retrouve enfin le cours normal des choses, non pas en me couchant tôt malheureux, mais en faisant un saut au cybercafé le plus proche dont la connection est au moins aussi rapide que moi, et coup sur coup en m'assurant de nouveau tout risque ou presque depuis l'expiration passée de trois semaines de mon précédent contrat, et en achetant enfin un billet Varanasi-Delhi-Singapoure-Djakarta qui me promet encore de longues heures festives entre deux vols passés à chercher le sommeil jusqu'à enfin poser le pied guilleret en terre australe...

Pour la première fois du voyage, l'hémisphère sud me tend les bras. Il me tardait d'avoir enfin les pieds au plafond.

Ne reste plus qu'à quitter Varanasi la tête haute.

Nous sommes le 22 octobre au soir et le départ est agencé au 24 à 14h40.

Pour bien faire, il faudrait juste que je fasses un petit tour en barque le long du Gange ce qui, parait-il, est à faire idéalement au lever du soleil, une gageure compte tenu du fait que c'est l'heure à laquelle je vais m'endors épuisé depuis plusieurs jours. Qu'à cela ne tienne, qui vivra voguera.

Le 23 au matin, comme chante l'Antéchrist, c'est la même chanson. Impossible de me défaire de ma routine. Je ferme les yeux à contre coeur à l'heure où je devrait mettre ma très petite laine et courir vers le fleuve marron, sa couleur adoptive.

Ne reste plus qu'une chance. Le dernier jour ou rien, ce serait dommage.

J'échaffaude alors dans mon esprit biscornu un plan d'urgence. Ma dernière nuit en Inde sera de couleur blanche.

A 5h00, je réveille mes sens sous une douche froide et, dans la foulée, mes affaires déjà prêtes, je mets le cap vers les Ghats. La lumière naissante est de toute beauté, il n'aurait pas fallu qu'il pleuve pour la première fois depuis que je suis dans le pays à mon grand étonnement. Très vite, je suis la proie de tous les capitaines des bateaux environnants, je n'en demandais pas tant. A l'arrivée, beaucoup d'appelés, un seul élu. Dans le silence de ses mouvements de pagaies, nous descendons le cours du Gange avec la ville qui défile et se réveille à côté. Au fur et à mesure, les berges se gonflent de pèlerins venus prendre un bain purificateur dans ces eaux sacrés. A mes yeux de non-initié, c'est carrément contradictoire tant les eaux du Gange sont répugnantes de saleté. D'après le LP qui site une étude récente, dans un échantillon de 10cl d'eau, on retrouve les traces d'1.500.000 de bactéries d'origine fécale!!!!!!! Ce chiffre fait déjà froid dans le dos à prendre au débotté mais c'est encore pire quand on sait qu'une eau propre à la baignade doit rester sous le seuil des 500 bactéries!!!! Il y a des amateurs de zoos microscopiques dans la salle?

Non, c'est bizarre, ici ça court les rues. Entre les simples baigneurs, ceux qui viennent faire leur vaisselle ou leur lessive, ceux qui viennent s'y laver, on atteint un chiffre coquet à chaque minute de la journée, 24h/24h.

Sur ma barque, j'achète à un gamin une bougie flottante pour "améliorer mon Karma", et bien je peux vous dire qu'à l'heure de la mettre à l'eau, je prends bien garde à ne pas tremper ne serait-ce qu'un ongle pour ne pas avoir à risquer de le voir fondre instantanément au contact de la surface.

Après une heure de cette douce descente coincé entre la ville majestueuse d'un côté et le soleil, rond parfait, qui se lève de l'autre, je suis accosté par un type en bateau qui me propose de le suivre sur Manikarnika Ghat, là où ont principalement lieu les crémations. Le bonhomme a l'air tout ce qu'il y a de plus courtois et je me dis qu'en ce dernier matin dans le pays, quoi de mieux que d'avoir un guide pour arpenter cet endroit éminemment sacré. Je paye alors le chauffeur, descend de bateau et le tour commence en sachant que le chemin du retour à l'hotel se fera joyeusement à pieds.

Sur la rive, cinq brasiers brulent les corps répendant alentours un parfum de mort. De bon matin, ça ouvre les shakras et c'est pas peu dire!! Avec mon nouveau pote, on contourne une large tour, passe devant un endroit à ciel ouvert, grand comme un hangar, où sont entreposés des tonnes et des tonnes de bois. Puis, il m'ammène en haut d'un batiment surplombant les crémations. Là vit un pote à lui, c'est lui qu'on vient voir. Je découvre alors que la compagnie du premier n'est là que pour que je fasses un don au second qui d'après leurs dires, se charge, noble mission, de répartir les fonds entre diverses missions d'intéret général. Au départ, j'hésite. Puis, comme de toute façon, c'est la fin de mon chemin en terre indienne, je décide de verser quasiment tout ce qu'il me reste, prenant bien soin de garder quelques roupies d'une part pour mon petit déjeuner et d'autre part pour le tuktuk qui me prendra de l'hotel à l'aéroport le moment venu.

Les messieurs sont alors très contents de moi même s'ils ne comprennent pas tout de suite que je ne peux en aucune manière faire une donation en centaines de dollars! Je pars alors malgré tout avec leur bénédiction toujours accompagné du gusse qui m'a interpelé sur le bateau et qui me conduit maintenant sur le toit du batiment, point de vue parfait sur le Ghat. Je le remercie, il me laisse et part en quête d'un gogo à dollars.

Je suis donc tout seul avec ma vue privilégiée. Là, dans un coin de ma tête, résonnent les paroles de Momo quelques jours plus tôt qui me disait alors : "Fais attention, quand tu arrives aux crémations, surtout ne prend pas de photos!".

Mais présentement, je suis tout seul. Pouvant laisser libre cours à mon inconscience. Pas de garde-fou, personne pour me mettre de carton jaune ou rouge. Discrètement, ou du moins j'essaye, je prends deux clichés plus furtifs tu meurs.

Quelques secondes plus tard, alors que je ne fais plus rien de répréhensible, je suis rejoint sur ma tour d'ivoire par un nouveau type au regard mauvais.

- "Tu as pris des photos des crémations? Pourquoi tu as pris ces photos? Suis moi!!"

Pris la main dans le sac. Il a tout vu depuis la rive, je me suis fait gaulé. Plus penaud que moi à ce moment là, ce n'est pas possible ou à peine. Le bonhomme me ramène alors voir le type à qui j'avais, quelques minutes plus tôt, fait mon don. Je suis invité prestement à m'assoir par terre et, dans la foulée, prends une leçon de savoir vivre. Ils me disent qu'ils pourraient me dénoncer à la police pour ça et que ça m'en couterait encore des centaines de dollars. Des touristes ont même déjà été jetés en prison pour ne pas pouvoir payer l'amende! Je tremble de tous les muscles de mon corps et, la fatigue aidant, suis à trois doigts de m'écrouler en sanglots. Je sais que j'ai fait une erreur mais je n'en imaginais pas l'ampleur. Tout en moi n'est qu'excuses.

Le type au regard mauvais me questionne alors :

- Dans quel hotel tu résides? Est-ce que dans ta chambre tu as des dollars?

Je leur explique alors ma situation que je leur ai déjà donné tout ce que je possède hormis l'argent du tuktuk et du petit dèj', que je voyage depuis longtemps sans cash de secours, que je suis désolé mais alors à un point...

Le même type demande alors à regarder mes photos. Je les lui montre, il y en a deux. Il réfléchit en les regardant d'un oeil et pour finir me dit que tout ira bien si je leur lache l'argent du petit déjeuner étant donné que je suis sans ressources et que je quitte le pays. Je m'execute alors et repars finalement les mains libres sans qu'ils aient pris la peine d'effacer les photos comme ils auraient pu le faire.

De retour sur le Ghat, je suis content d'avoir évité les balles mais encore plus désolé de tout ce qui vient de se passer et de l'offense que j'ai pu faire à qui que ce soit. Je retourne à l'hotel mi-figue mi-raisin mais sans manger.

Il est 10h et j'ai 1h30 devant moi avant de devoir lever le camp. J'en profite pour m'assoupir, seule façon de trouver une espèce de paix intérieure.

A 11H30, tout s'enchaine. A peine mes yeux sont-ils ouverts que je traverse une dernière fois la ville la tête encaissant les coups de klaxon qui s'enchainent en permanence. En échangeant trois mots avec le conducteur, il me raconte qu'il y a quelques années, il est venu passer des vacances à Paris, a visité le Louvre où il a courru admirer la Joconde. Il me dit ensuite et je le cite : "Je sais qu'on a pas le droit de la prendre en photo mais après avoir fait tout ce chemin, je n'ai pas pu résister...". Il est là mon témoin clé!! si j'avais pu l'amener sur le Ghat et lui faire raconter son histoire à mes tortionnaires, peut-être aurait-ils compris.

Une heure plus tard, c'est l'aéroport. Je quitte Varanasi dans la même forme que celle dans laquelle je suis arrivé.

Le nuage, lui, est toujours là, l'avion a une heure de retard, heure que j'occupe principalement à ne pas sombrer dans les abysses et à me dire en mentant qu'en fin de compte je n'ai pas faim.

Dans l'avion, il faut choisir entre l'aile ou la cuisse, le déjeuner ou la sieste. A contre coeur, je choisis la première solution en me disant, même si je n'en suis pas sur, qu'on meurt plus vite de faim que de privation de sommeil. Qui plus est, je ne sais pour quelle raison et je ne m'en plains pas, on m'a collé en première classe pour la toute première fois en 33 ans et quelques, il convient donc de rentabiliser l'évènement.

Arrivé à Delhi, j'en suis pour huit nouvelles heures d'attente (sic). Les sièges sont inconfortables à se froisser le coccyx. Je me plonge dans le LP d'Asie du sud-Est que je me coltine depuis les Philippines pour savoir enfin ce que je vais bien pouvoir faire en arrivant à Djakarta et dans les trois semaines qui vont suivre. Je tombe finalement d'accord avec moi-même sur le fait que djakarta ne me verra pas autrement qu'en coup de vent, ce qui sous-entend que, pour une vraie nuit, il faudra encore attendre et qu'un nouveau bus transjournalier se profile (re-re-re-re-re-sic).

A minuit, je redécolle vers Singapour, cette fois-ci en classe économique comme il se doit. Les minutes, les heures ont alors moins la saveur du cuir. Je m'endors le cul sur du tissus. A 8h30, c'est une nouvelle pause syndicale obligatoire à laquelle je suis soumis.

Tout mon corps est en souffrance, j'ai une faim de lion et une fatigue de paresseux.

Seulement, mon petit doigt me dit que je peux faire d'une pierre deux coups en satisfaisant mon estomac de manière spectaculaire. J'ai passé six semaines en Inde. Six semaines à manger soit végétarien, soit du poulet, soit plus rarement du mouton. En gros, mon corps est las de tout ça. Il réclame de la bidoche, tendre et charnue.

En bon connaisseur, ceux qui savent ne pourront m'en tenir rigueur et ceux qui ne savent pas ne savent pas, mon petit doigt me dit qu'à Singapour, ça n'est pas possible autrement, il doit, c'est écrit, y avoir un Burger King caché dans un coin de l'aéroport.

Je me mets donc en quête telle la lionne traquant la gazelle après plusieurs lunes de privation culinaire du meilleur des hamburgers.

Et après quinze minutes de recherche où je crois devenir fou, un panneau flèché met enfin fin à mon impatience. Un escalator plus loin, je commande l'extraordinaire double whopper with cheese & bacon qui, dans ces circonstances, est un avant gout de paradis. C'est un carnage. Si j'aperçois une main qui tente de me l'arracher, j'y mets un coup de canines, d'incisives, de pré-molaires et de molaires. Tel Golum, je tiens enfin mon précieux. La fatigue s'est, pour un temps, évaporée. Je dévore le tout flottant deux mètres au dessus du sol à l'heure où on sert plutôt des pancakes au sirop d'érable. Espérons seulement que la prochaine fois, je n'ai pas besoin de me serrer la ceinture aussi longtemps.

A l'issue de ce 10 sur l'échelle d'Hambrichter, je n'ai d'autre choix que de redescendre de mon nuage. Les quatre heures d'attente qui s'en suivent sont une lente retombée vers des sphères plus vaseuses malgré la pléthore de distractions dont sont gratifiés les voyageurs à l'aéroport de Singapour : sièges massants, écrans géants diffusants des programmes comiques, consoles de jeu, internet gratuit, barres de Toblerone d'un demi kilo, etc...

Peu avant 13h, mon dernier avion décolle enfin. 45 minutes de vol qui passent à la vitesse d'une fléchette anésthésiante sauf quand l'hotesse me sort de ma petite mort pour me proposer à manger. Je suis alors tenté soit de lui rire au nez avec ce qui me reste de bacon dans l'haleine soit de vraiment faire le mort jusqu'à ce qu'elle se lasse de me tapoter l'épaule de ses doigts indiscrets. Au lieu de ça, en bon gentleman, je répond poliment en espérant qu'elle saisisse tout du premier coup que là je ne suis pas vraiment étanche et que cette fois, entre la faim et le sommeil, le sommeil l'emporte par KO au premier round.

Vient enfin l'arrivée à Djakarta. Si j'étais plus gaillard, je m'agenouerais et embrasserais le sol de manière papale. Mais il faut surtout que j'économise mes maigres forces pour complèter cet interminable périple. Dès la sortie du terminal, je me jète sur le premier taxi.

- "Vite chauffeur, vers la gare routière Kampung Rambutan!! Pas une seconde à perdre, comme le soleil, j'ai rendez-vous avec la lune!!"

La voiture roule alors à tombeaux ouverts pendant au moins trois minutes jusqu'à ce qu'on se retrouve invariablement pris dans des bouchons semblant ne jamais finir. Au départ, pour briser la monotonie du paysage qui ne défile pas, je tente de converser de façon courtoise avec mon chauffeur mais, étant donné son niveau d'anglais et mon niveau d'indonésien, on se retrouve vite, façon de parler, comme Ayrton Senna, face à un mur. Ma seule préoccupation est alors de ne pas sombrer pour éviter de me réveiller détroussé au milieu d'un quartier indéterminé de la banlieue de Djakarta. C'est comme ça pendant 90 nouvelles minutes interminables à l'issue desquelles je m'extrais de la voiture, la gare routière est là. Plus qu'un trajet et mon rêve de plume et de duvet d'oie se matérialise.

Au terminal, le seul mot que j'arrive à prononcer correctement dans la langue de Soeharto est Pangandaran, ma ville hôte au niveau de la mer. Par ces quelques syllabes, je fais alors face à l'emplacement duquel le bus partira une fois qu'il sera là. Mais étant donnée la précipitation avec laquelle j'en suis arrivé là ainsi que ma non-préparation en terme d'organisation, il se pourrait que le bus soit là dans cinq minutes, dans cinq heures ou dans cinq jours. La seule chose à faire, une fois de plus, c'est de batir les contours de l'école de patience que je suis maintenant en droit de gérer eu égard à ma connaissance du terrain.

A 15h rien. A 16h rebelote. A 17h peau d'balle. Je prends racine, des toiles d'araignées commençant à se former entre mon tronc et mes bras qui ne servent plus qu'à porter ma lourde tête ou à cacher mes chicots quand je me démets la machoire dans des baillements incontrolés qui me poussent des larmes.

Enfin, à 17h55 précises, alors que j'ai eu le temps de voir le soleil passé du zénith à l'horizon, le bus est là, sitôt arrivé qu'il est déjà prêt à repartir. Mes rêves sont exaucés, ainsi soit-il.

La route se passe aveuglement vite. Je ne suis qu'un bout de bidoche affalé sur deux sièges, le bus étant miraculeusement à moitié vide. La seule raison pour laquelle j'ouvre à un moment les yeux, c'est que la nuit d'encre a laissé la place à une nuit d'eau. Les éclairs zèbrent le ciel et les gouttes s'écrasent sur la vitre par millions tels des escadrons kamikazes. Il ne manquait plus que ça... La mousson que je n'ai pas vue en Inde a fini par me rattraper, la garce.

C'est de tout son poids qu'elle s'abat lorsque j'arrive à Pangandaran au beau milieu de la nuit. Il est 2h du matin sonnantes et trébuchantes, le village tout entier dort sauf quelques chauffeurs de tuktuk sans moteur à même, miraculeusement, de m'amener à une GH à l'abri du déluge. Ca tombe drolement bien même si je n'en demandais pas tant, les casseroles que je traine depuis une semaine m'en étant témoins.

Fraichement laissé dans une allée menant à la plage dans laquelle les GH s'enfilent comme des perles, je réveille les occupants de la première d'entre elles. Les tenanciers, tous surpris de me trouver là à l'heure où on compte les moutons plutôt que la chèvre que je suis, m'ouvre la porte et me propose leur dernière chambre qui est en fait tout le rez-de-chaussée d'une grande maison d'hotes. On y dénombre deux chambres doubles, une grande salle de bain, un salon grand comme trois fois mon ex-appartement parisien, deux terrasses abritées de la pluie. Personnellement, je suis tellement en joie d'avoir mis un terme à mon odyssée voguante puis volante pui roulante que je ne laisse pas passer cette pépite un peu trop grande quant à mon ambition de départ. Le prix inférieur à 10 euros n'y est pas étranger, tout comme la pluie qui continue son récital. Une poignée de main scelle la transaction, une cigarette conclut la croisade.

Puis, alors qu'il me reste quelques forces sans doute récupérées à ronfler dans le bus, contre toute attente, je sors de mon sac mon coupe-vent imperméable et pars me promener quelques temps en direction de la mer que je n'ai pas vue depuis quatre mois. Ca peut sembler court quand on a un travail à plein temps mais quand on est en vadrouille constante, c'est le bout du monde.

Plus je me rapproche et plus le bruit de la pluie qui tombe s'estompe, remplacé par un nouveau fracas. L'Océan Indien, ici, se déchaine. La houle gronde et l'écume blanchit le rivage tourmenté par les vagues. Entre ça et la pluie, c'est la nature toute entière qui fait une démonstration de force propre à me mettre en joie malgré mes jambes trempées sans avoir à les immerger. J'ai alors bien mérité de mettre la viande dans le torchon et c'est dans des bruits d'éponges qu'on essore qu'à chaque pas, je m'en rapproche maintenant.

Il est presque 4h quand je tire le rideau sur la longue transumance depuis Varanasi.

Quand bien même je n'ai rien qui soit en duvet d'oie à mettre sur mon corps rincé, je plonge dans les abysses sans demander mon reste.

C'est seulement en milieu d'après-midi que j'émerge. Mes hotes, inquiets de ne voir aucun signe de vie sortir de mes appartements, frappent à la fenêtre histoire de prendre des nouvelles. Dans un grand sourire, je leur confirme que tout est normal, sous une apparence humaine, je suis le roi des marmottes en proie à une hibernation à durée indéterminée. Je referme la fenêtre et reprend le fil de mes rêves là où je les avais laissés.

Ce n'est qu'à 18h que le printemps arrive, se manifestant sous la forme d'une formidable fringale que j'assouvis en plantant la fourchette dans un nouveau beef steack produisant un effet similaire à celui engendré par le whopper de la veille au matin.

La nuit est alors tombé, le village plonge dans un silence propre à toute station balnéaire en période de basse saison. Pas grand chose à faire, je retourne à mes chambres, l'éveil toujours entre deux eaux.

Là non plus, pas grand chose à faire, je succombe une nouvelle fois à l'appel de l'édredon, espérant que ça dure jusqu'au matin afin qu'enfin, je puisses reprendre un rythme aussi normal que possible. Mais à minuit, l'orage gronde de nouveau et pas dans la demi mesure. La foudre s'abat avec force à un rythme soutenu entrainant avec elle le tonnerre dont l'écho fait trembler les murs. La pluie suit peut après.

Le vacarme est alors assourdisant et le spectacle grandiose. Je laisse pour un temps ma couche confortable et m'installe aux premières loges sur ma terrasse dotée de sièges profonds. Je prends aussi avec moi un peu de musique jusqu'à ce que naturellement, la pluie couvrant le moindre son, je commence à entonner les paroles des chansons qui se succèdent. D'abord doucement puis, comme il faut rendre grace aux éléments déchainés, fort, bien plus fort. Un vrai moment de régalade comme seule la musique peut en générer. Je braille à tue-tête répondant au grondement ambiant.

A 2h, le tableau est toujours le même quand je suis distrait par une indonésienne venue de derrière me demander où se trouve la réception. Je la lui indique et reprends mon cérémonial. Cinq minutes se passent quand la demoiselle revient à la charge. Elle m'explique rapidement qu'elle partage sa chambre avec deux amis qui sont tellement occupés à faire des bébés qu'il est impossible pour elle, en plus de la pluie, de trouver le sommeil. Je l'invite alors à s'assoir à côté de moi et voyant qu'elle est vraiment au bout du rouleau comme je pouvais l'être quelques heures plus tôt, lui propose de dormir dans la chambre vacante de mon hébergement disproportionné pour ma petite personne. Voyant, d'après ses dires, que je suis very very nice, elle accepte. Je l'y accompagne, la borde en lui apportant un verre d'eau et ferme la porte avant de m'en retourner à mon tour de chant.

Trente minutes se passent avant qu'elle ne revienne à la charge. La pauvre ne peut pas dormir. Une nouvelle invitation à s'assoir est donc lancée et acceptée. Débute alors une gentille conversation devant le spectacle de la pluie qui tombe drue.

Pelle mèle, elle me raconte qu'elle a passé une soirée arrosée avec ses amis qu'elle a présentés ce soir et qui s'entendent déjà étonnemment bien. Elle a 35 ans et est mariée depuis huit ans à un australien dont elle n'a pas de nouvelles depuis trois ans. Apparemment sa vie est assez compliquée, ce qui n'est pas forcément contradictoire avec le fait d'être une grande brune à la peau mate, aux cheveux longs et bouclés, au sourire coquin et ravageur.

La discussion dure de longues minutes avant qu'elle ne décide qu'il est l'heure de retourner s'allonger dans la chambre vide. Ainsi elle est fatiguée, mais n'a pas envie de dormir seule dans cet environnement inconnu. Elle prend alors l'initiative de me proposer de dormir avec elle. Moi, surpris, je lui demande si j'ai bien entendu. Oui, j'ai bien entendu. Elle s'allonge alors en T-shirt et culotte. J'éteins la lumière.

Pas une minute ne se passe, qu'elle a froid et me demande de me rapprocher. De deux corps sur deux lits jumeaux, nous passons alors à deux corps sur un seul petit lit.

Dans un grondement de tonnerre, le T-shirt et la culotte sont jetés négligemment à terre.

Besoin de vous raconter la suite? Peut-être pas non.

Au final, dans ce lit, plus personne n'est maintenant fatigué et chaque fois que la formule "bonne nuit" est utilisée, c'est seulement pour qu'on se recolle et que les affaires reprennent jusqu'au petit matin. La pluie s'est alors calmée, la demoiselle qui n'en est pas une choisit de rentrer chez elle retrouver un lit dans lequel elle a déjà dormi, pas comme ici.

Il est alors 6h du matin. Je suis sur mon petit nuage bien décidé à continuer sur ma lancée sans repasser par la case "bonne nuit". Le jour se lève. La pluie reprend. Pas envie de la braver. Je met donc les pieds sous la table et les mots sur la feuille.

Le temps de tout condenser, il est maintenant 6h le lendemain matin.

Nous sommes le 28 octobre et la météo n'est toujours pas clémente. Vu comme ça se profile, je ne vais pas rester à la plage très longtemps. Le temps de trouver un bus pour Yogyarkarta à la périphérie de laquelle se dresse Borobodur, merveille architecturale et je suis reparti pour huit heures. Le temps de lui rendre une petite visite et peut-être s'en sera-t-il déjà finit de mon séjour en Indonésie. De toute façon, trois semaines, c'est trop court, et s'il pleut tout le temps, c'est le pompon!!!

Nouvelle Zélande me voilà déjà peut-être.

Insha'allah.


Retour à La Une de Logo Paperblog