J'oublierais ma peur,
J'irais plus haut que ces montagnes de couleurs,
Je bouge, au r'voir!!!!
Le conducteur du train fait retentir un sifflet strident résonnant à des kilomètres à la ronde.
Les pistons entament leur manège.
Les roues tournoyent jusqu'à ce qu'on ne parviennent plus à les distinguer.
Le vent cogne contre les fenêtres.
Nous fuyons l'océan pacifique, bientôt plus qu'on point à l'horizon, à une vitesse approchant les cinquantes millions de millimètres à l'heure!!!
Si tu n'es pas trop désorienté par ces chiffres hallllllllucinants, tu te rendras vite compte qu'on est pas à Mach 5, que le TGV n'a pas de soucis à se faire question concurrence, qu'on roule gentiment à 50km/h à travers la plaine. La tortillard qui me transporte n'a aucune véléité quant à battre des records si ce n'est en terme de paysages. C'est qu'en quelques heures de rails, le Tranz Alpine Crossing passe de l'Océan à la mer, de la côte est à son pendant à l'ouest, en traversant entre temps la barrière que constitue les Alpes néo-zélandaises culminant à trois mille mètres d'altitude. Sacrée odyssée et sacré tour de force pour ce train à la vocation avant tout touristique à tel point que de nombreux locaux en font l'aller et le retour en famille dans la même journée simplement pour s'aérer et profiter d'un peu de ciel bleu. C'est d'ailleurs aujourd'hui le cas. Le soleil brille de mille feu et c'est pas dommage. J'avais rencontré un peu plus tôt d'autres voyageurs qui avaient tentés l'expérience un jour de grisaille, et bien sur leurs maigres photos, on ne peut même pas voir l'avant du train quand celles-ci sont prises du premier wagon!!
Le départ du train a beau avoir lieu autour de 7h, rien n'invite au snooze time.
Tous les quarts d'heure, une nouvelle carte postale vient s'ajouter à la précédente. Qui plus est, aucune habitation de vient entraver la vue, tout est vierge d'influence humaine, tout fleure bon la nature brute de pomme sans les pommes. Seules trois pauvres gares viennent rompre la symphonie ferrovière sans que personne ne monte ou ne descende. Les arrêts sont donc plus symboliques qu'autre chose.
Je passe la première heure bien sagement assis à la place qui m'a été attribué puis les fourmis s'en mèlent. C'est une métaphore, on est pas au bled ou dans la forêt. Ne tenant plus en place sur mon siège, j'investis alors le bout de mon wagon qui a l'excellente idée d'être à ciel ouvert permettant de s'administrer une dose de vent dans les cheveux ou ce qu'il en reste, ne quittant mon belvédère roulant que pour enfiler les couches supplémentaires, le froid gagnant avec l'altitude. On est pas sous les tropiques et les montagnes saupoudrées de neige sont là pour nous le rappeler. Plus on monte et plus j'ai une goutte permanente au bout du nez qui, inversement, achève de s'estomper à mesure que l'on redescent de l'autre côté des cîmes. Là, le temps a beau ne pas revenir en arrière, tout s'inverse. La grenouille baromètre dégèle dans son bocal, les couches s'enlèvent successivement, le vent se réchauffe, le mercure repasse les 15°. Et puis c'est la mer.
La gare d'arrivée est encore une erzatz de terminal. Le village dans lequel on échoue, et dont je ne me souviens déjà plus du nom eu égard à son importance toute relative sur l'échéquier diplomatique mondial, n'est également qu'un point noir sur le visage de la planète. Seul signe d'activité notoire : un supermarché ce qui indique que la vie doit avoir pris quelque part même si c'est loin d'être évident au premier abord.
Ne comptant pas rester dans cette impasse à elle toute seule, j'achète un billet de bus pour changer d'air. Et aujourd'hui on fait les choses en grand. Quelle tronche croyez-vous que j'arbore quand je vais vers le chauffeur en lui posant cette question : "Bonjour monsieur, est-ce que je pourrais avoir un aller simple pour le glacier Franz Joseph, s'il vous plait?"
Dans la même journée, je passe d'un océan à une mer, de la plaine à la montagne, de l'eau à la glace. Quel autre pays dans le monde peut se targuer d'un tel cocktail? L'Islande peut-être... Ah oui l'Islande. Pour une autre fois sans doute, c'est pas la porte à côté!
Dans mon bus, on suit d'abord la mer, plaisant. Puis, au terme de deux heures de parallélisme marin, on biffurque droit dans les terres, empruntant celle qu'on appèlera pour l'occasion la perpandiculaire du bonheur, the perpandicular of the bonheur en kiwinglish. Puis, à peine quelques dizaines de minutes plus tard, alors qu'on approche uniquement les 400 mètres d'altitude avec un mercure toujours autour de 20° au soleil, on l'aperçoit dans un coin de paysage fendant la montagne en deux : une langue de glace à faire frémir un french-kisseur longue de plusieurs kilomètres, le voile se lève sur le glacier. Inutile de préciser que, comme ce type de phénomène ne courre pas les rues du côté de Fait-d-herbe-Chaligny, d'Epone, de Chauvigny ou d'ailleurs qui soit familier, j'ai les poils qui se dressent à la vue du monstre érosif. Quelques heures tout au plus, voilà ce qu'il faudra attendre pour s'y frotter parce que, si ,si, c'est au programme!!!
En attendant, de se mesurer au Franz Joseph, le bus arrête sa course dans le village éponyme largement garni comparativement à sa taille réduite en hotels en tous genres. Je m'installe. Dans mon dortoir de quatre lits, seul un est occupé, c'est plus de choix qu'il n'en faut pour que je trouve mon bonheur matelassé. Sitôt mon sac posé, je me rend aux toilettes les plus proches. D'habitude, je ne prends pas la peine de vous y décrire chacun de mes voyages mais celui-ci est d'importance. La porte est fermée, quelqu'un occupe déjà les lieux. Une minute, deux minutes, trois minutes, je sers les dents autant que je suis sur le point d'accoucher d'un service d'au moins trois pièces, j'ai la belette à l'aurée du bois. A l'intérieur, ça tire la chasse, ça ouvre la porte, et là, surprise. Je tombe nez-à-nez avec Ram, un brésilien que j'avais croisé véritablement en coup de vent à Taupo et avec qui, même si ce n'était que le temps de quelques phrases, le courant était passé aussi bien que mon corps réagit à l'appel de la samba.
Tout d'un coup, le porte-avions oublie qu'il a des bombardiers à catapulter, la guerre menant à l'accession au trône prend du retard, la discussion et la réjouissance découlant de ces retrouvailles s'amorcent dès le couloir dans lequel je trépignais encore quelques secondes auparavant. Qui plus est, devine qui partage mon dortoir? Ram, of course!
Le sort étant scellé quant au fait que nous allons découvrir les alentours ensemble, il est alors grand temps de les faire sauter, les scellés. Fin de cet aparté post-digestif.
De retour à la chambre, le paulista est là. Comme l'après-midi touche à sa fin, une bière sera du meilleur effet, la trinque se célébrant dans l'allégresse à l'heure des retrouvailles, notamment.
Une terrasse ensoleillée puis dans la pénombre plus tard, un rapide passage au bureau des guides pour s'encquérir de la faisabilité de notre entreprise plus tard, il est temps de savoir où on mange. Pour ma part et j'en fait part à Ram, je n'ai encore jamais ô grand jamais cuisiné lors de mon périple et il fairait bien beau que ça se produise ce soir. De son côté, le brésilien est plus entreprenant et plus pragmatique. Dans notre GH comme dans toutes celles dans lesquelles j'ai séjourné en Nouvelle-Zélande, il y a au rez-de-chaussée une cuisine flambant neuve qui n'attend de nous qu'une chose : qu'on lui mette les poêles sur les "i". De plus, comme nous sommes plus ou moins au milieu de nulle part, le prix des restaurants devrait être au moins inversement proportionnel à la facilité qu'ont les établissements à se fournir en tout. Qui plus est enfin, et là est l'essentiel, mon baroudeur de collocataire a des fourmis dans les manches de casseroles, et des envies de cuisiner à la mode sud-américaine.
Qu'il en soit donc ainsi. Pour sauver les apparences, je propose comme c'est mon habitude de faire la vaisselle plutôt que de mettre les mains dans le camboui.
Lui à la cuisine, moi à l'éponge, une bien belle équipe où les automatismes ne vont pas être trop durs à retrouver. La vaisselle, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas...
Sur ce, on file alors vite fait bien fait à la seule superette de Franz Joseph Village. Les produits y sont peu diversifiés si l'on fait exception des rayons bières et pinards comme partout à Kiwiland. Seulement, le chef du soir trouve quand même nourriture à son panier pour mener à bien ses envies : un boeuf strogonoff à la sauce samba, un boeuf strogoninho. Au retour à la cuisine, on fait alors crisser les pneus, chauffer la gomme. Le feu s'allume, les dés de boeuf, d'ail et j'en passe se débitent, ça crépite, ça embaume... Pendant une heure!
J'ai l'impression d'être dans la telenovela "Les Rousseau" dans laquelle les protagonistes, s'ils ont le choix entre passer 90 secondes ou 90 minutes derrière les fourneaux, choisissent invariablement la deuxième solution, comme si la vie était un repas de Noël. Certes, au moment de l'entrée en bouche, c'est croustifique mais en attendant, avec qui je trinque mon rhum à la main?
Finalement, après une éternité à humer le fumet se dégager leeeeentement de la mixture en préparation, c'est la ruée qui elle aussi dure grace à des quantités qui n'ont d'égal que la qualité grace au cuisto qui maintenant mérite tous les égards.
A l'issue de cette ventrée, je m'acquitte de bon coeur de ma maigre corvée. En cinq minutes, tout est propre, ça brille, même si peut-être, dès le lendemain, devront nous tout re-salir.
On fait alors une brève escale par le coin canapé. Là, on discute avec un groupe qui s'est déjà mis de la glace sous les crampons toute la journée. Ils n'en reviennent toujours pas! Les superlatifs s'égrainent et notre appétit n'en est que décuplé! Dès 8h, c'est notre tour, tachons d'être en forme. Au retour à la chambre à 23h, cinq minutes suffisent à Ram pour s'endormir. N'ayant plus personne avec qui broyer des couleurs, je me tache de le rejoindre au pays des rêves aussi vite que possible.
Au matin, Ram est aussi rapide pour se lever. Il va prendre sa douche, je me rendors. Il reviens, viens mon tour dont je ne m'acquitte de si bonne heure que parce que le futur proche de la veille frappe au portillon. Le glacier s'est mis sur son 31 aujourd'hui pour nous, tachons de ne pas le faire attendre... En une telle occasion, il ne manquerait plus que ça. Et ce n'est pas parce qu'en mettant le nez à la fenêtre, les nuages s'amoncellent qu'on va changer notre fusil d'épaule. Aujourd'hui, nuages ou pas nuages, c'est de jour de la claque permafrostée!!
Après un petit déjeuner rapidement ingéré, on se dirige vers la maison des guides. En effet, sur pareil terrain de jeu, il est inconcevable même pour mes habitudes débrouillardes qu'on puisse ne serait-ce qu'envisager risquer une chute mortelle dans une crevasse qui n'aurait rien fait pour mériter ça.
A l'intérieur, on pourrait arriver en short et en tongs, comme de gros touristes qui n'auraient rien compris, que ça ne changerait rien, ils s'occupent de tout. Crampons, chaussures, chaussettes, pantalons, gants, blousons, tout est disponible. Le glacier est un jeu où le premier qui a froid a perdu. On s'équipe donc comme si on partait au pôle, chaque partie majeure du corps se doit d'être étanchéifiée contre le froid et l'humidité.
Une fois arnachée comme des mules, la vingtaine de touristes qui patiente avec nous se met en branle, un bus montre son nez, c'est le grand départ.
Une fois stoppé sur le parking, une file indienne s'organise. Il faut encore rejoindre le monstre. Pour ce faire, on traverse une forêt de belle facture qui, plus on avance, plus elle se retrouve cernée de falaises desquelles coulent quelques gentilles cascades. Puis, après 30 minutes, la vue s'éclaircit enfin, au bout d'une large plaine au milieu de laquelle coule une rivière charriant les milliers de litres d'eau qui fondent du glacier ainsi que du champ de glace qui le surplombe encore, hors de notre portée, elle est là, menaçante, la coulée blanche, le magnifique glacier Franz Joseph.
Pour l'instant, on en est encore qu'à un kilomètre mais, à mesure qu'on s'en rapproche, le mur synonyme de point de non retour pour le glacier révèle ses dimensions colossales. Une barrière infranchissable, voilà ce qu'il semble. Torturé, anguleux, plongeant sur plus de trente mètres de haut, la rencontre tant attendue est à la hauteur de nos pronostics. Quand on est à ses pieds, on réalise, on est pas plus grand qu'une miette sur une toile cirée, une cuillère à soupe dans l'océan.
Ne nous manque plus que de s'y baigner, on y vient.
Tout d'abord, il faut apprivoiser nos fers. Marcher est une chose à laquelle on ne réfléchit plus quand on passe la barre des trois ans, mais dès qu'on y ajoute l'usage de crampons se fixant sous les semelles, c'en est une toute autre. Pour se déplacer avec grâce, il faut en plus de bien lever les pieds, bien écarter les jambes afin que les becs métaliques à l'intérieur ne viennent pas à rouler des pelles aux plis du pantalon de l'autre côté, auquel cas, c'est une chute quasi-assurée comme avec les lacets de la chaussure gauche attachés avec leurs voisins de droite.
Une fois cette subtilité intégrée, comme Franz Joseph n'est surtout pas lisse et plane comme une patinoire, il faut se faire à monter et à descendre des escaliers improvisés. Dans des marches creusées à notre niveau pour l'instant au raz des paquerettes, les uns derrières les autres, chacun s'essaye avec plus ou moins d'aisance mais comme personne n'improvise des roulades, on dira que ça roule.
Puis vient l'ascension. Comme ni Ram ni moi ni personne d'autre sommes des professonnels de la varape, tout se déroule pour l'instant sur un sentier pré-tracé que notre guide s'efforce de maintenir en l'état avec la pioche qu'il se trimballe. C'est que le glacier n'est pas une masse figée, et encore moins Franz Joseph qui est un sprinter dans sa catégorie. Chaque jour, c'est de plus d'un mètre que celui-ci dévale en aval. La surface se contracte, s'étire, c'est un bordel, y'en a partout.
De nouvelles crevasses se dévoilent chaque jour, d'autres se comblent, comme moi. Comblé!!
Malgré la grisaille, en terme de couleurs, la matière est loin d'être uniforme. Certes, le blanc est omniprésent mais ce qui flatte encore plus le regard, ce sont toutes les teintes de bleus qui s'extraient des profondeurs. Quand une flaque est là, en l'aggrandissant mentalement, on jurerait presque être face à un lagon. Presque.
Quand de l'eau ruissèle, et c'est le cas partout du fait que le mercure flirte avec les 10°, elle disparait soudainement dans des puits sans fond, crevasses qui égrainent elles aussi toute la gamme des bleus. Pour un peu, ça ferait frémir, mais non, ou alors de plaisir.
Car, en effet, il m'arrive parfois, si les paysages, bien que spectaculaires, se ressemblent sur une période de disons quinze jours, d'être blasé. C'est la même chose si je doit entamer la visite d'un dixième temple en cinq jours. La redondance tue l'abondance. Or, ici, c'est tellement éloigné de mon quotidien, tellement vaste, tellement inaccessible en apparence, tellement aux frontières du réel, que Whaouuuu, même si quelques gouttes de pluie commence à tomber, j'ai une banane de la taille du Nébraska dont je n'ai aucune idée de combien il pèse en kilomètres carrés, mais ça veux bien dire ce que ça veut dire!
Et puis de toutes façons, la météo fait des siennes alors qu'on apprivoise une partie bien spécifique et complètement inatendue : un tunnel de glace haut de quelques dizaines de centimètres dans lequel on rampe sur le dos jusqu'à atteindre l'autre côté. C'est fun, ça réchauffe, ça nous met à l'abri quelques minutes le temps que le robinet cumulus ne s'arrête puisque, ô miracle, c'est le cas.
Cinq minutes de pluie, vous parlez d'une rigolade quand on est équipé pour traverser l'océan à la nage sans que l'eau ne vienne à nous mouiller.
L'ascension se poursuit encore. A mesure que l'on s'enfonce dans les entrailles de la bête, les failles semblables à des vagues géantes se creuses, s'élargissent à tel point que maintenant, c'est de tsunami en tsunami que l'on progresse en marchant ou en descendant des pentes abruptes à la limite de la verticalité que des semelles crêpes transformeraient en tremplin de haut vol. A l'intérieur, il n'y a pas grand place, parfois il faut même se mettre de profil pour pouvoir s'aventurer plus loin tant mes épaules de déménageurs n'auraient pas la place de passer de front dans ces passages où les murs qui nous entourent sont hauts de près de dix mètres. Pour un peu, la claustrophobie n'est pas loin même si on a le ciel pour plafond comme nous le certifie les kias qui volent ci et là et se posent sans crainte autour de nous dès qu'on fait cinq minutes de pause.
Les regarder procurent un nouveau sentiment melant extase, respect et étonnement. C'est que les kias ressemblent plus à des perroquets qu'à des pingouins, recouverts qu'ils sont de plumes vertes et oranges chaussées d'un bec court et courbe comme leurs cousins des forêts équatoriales.
Après trois heures quand même, à l'issue d'une pause déjeuner assis les fesses dans la glace, sans même une table, une chaise ou un valet (remboursé!!!), il faut déjà faire demi-tour étant donné que le même lapse de temps est nécessaire pour boucler la descente. On est plus sur le Queen Charlotte Track, ne comptez ni sur moi, ni sur notre guide, pour entamer un footing! On a beau s'habituer physiquement à l'environnement, ça ne nous change pas pour autant en esquimaux! Sécurité avant tout comme ils disent!! Mentalement, d'un autre côté, impossible que ce soit une heure ou quatre heures après le départ de se départir de l'émerveillement d'évoluer maintenant sans craintes dans le plus improbable des terrains de jeu.
C'est ainsi plein de regrets que ça ne se fasse pas sur une semaine durant qu'on retourne enfin à notre point de départ.
Pour Ram, les sentiments sont un peu plus mitigés du fait que dans les dernières centaines de mètres, sur du plat heureusement, comme il fallait bien que ça arrive à quelqu'un, ses crampons se sont emmèlés inextricablement si bien qu'il s'est rétamé la tête la première dans la banquise avant d'entamer une session de luge humaine sur quelques mètres. Mais plus de peur que de mal, il s'en tire à moindre compte.
De retour sur la roche, on se décrampone, c'est le retour à la normale pour la marche du retour qui, maintenant qu'on connait déjà les lieux et qu'on vient d'expérimenter quelque chose d'autrement plus spectaculaire que cette forêt qui nous parait en comparaison au rabais, semble bien plus longue qu'à l'aller.
A la GH, une fois dans notre chambrée toujours uniquement occupée par Ram et moi, on s'offre une petite scéance diaporama pendant laquelle on s'émerveille encore des quelques heures qui viennent de s'écouler.
A l'heure du dîner, les véléités quant à se remettre du côté du manche ont fondu. La faute à ma persistance à rappeler qu'hier j'ai rompu mon voeu de feignantise peut-être, la faute à une marche longue de six heures plus surement. On s'accorde sur un steack bien juteux pour se remettre.
Puis c'est l'heure d'investir à nouveau, comme le veulent les Droits de l'Homme, le coin canapés. Il y a là un petit français qui vient d'arriver dans le bled et il est toute ouïe quand je lui décris notre aventure à rendre Hagen Dazs jaloux. Puis, excité par le récit, il prend la balle au bond pour se délier la langue dans la langue de Molière ce qui n'a pas dû lui arriver depuis bien longtemps. Il entreprend alors de me parler sans discontinuer sur tous les sujuets possibles et immaginables pendant une bonne heure jusqu'à ce que j'ai les oreilles qui commencent à saigner. Car, ce qu'il ignore, c'est que dès demain, nos chemins à Ram et à moi se sépare de nouveau et que j'ai autre chose à faire que de me faire remplir la piscine par le premier venu.
Avec le Paulista, on s'accorde donc pour s'éclipser en douceur.
Une heure de rire plus tard, en se désolant du fait que ça ne puisse pas durer plus longtemps, le rideau se tire sur cette journée fant-ice-tique.
Le lendemain, le bus de Ram qui file au nord est à 8h du matin, juste assez tard pour que je puisses lui dire une dernière fois au revoir.
Pour ma part, mon bus qui trace au sud est à 10h, y'a pas écrit suicidaire sur mon front brulant. Une douche régénératrice plus tard, me voilà parti pour Queenstown, capitale mondiale du saut à l'élastisque, du lever de coude à l'anglaise, et de tout ce qu'on peut imaginer de tarabiscoté en ce qui concerne les activités en extérieur. Il me tarde d'en mettre un coup, c'est que je ne suis pas de là!
PS : les photos non plus. Dans l'hiver mexicain au milieu de pas grand chose, elles n'ont pas grand chose dans les bras. A revoir.