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Grèce. Retour. Marche arrière

Publié le 29 juin 2015 par Parisathenes

Retour. Marche arrière.


Dimanche : départ vers le Péloponnèse, l'Elide (Ileia). On a mis notre boussole et on s'est dit on s'arrête là où cela nous tente. Une toute petite semaine de détente après de longs mois de dur labeur. Rien de bien innovant.
On s'est arrêté au thermes de Kyllini (Λουτρα Κυλλήνης). Le calme plat, tant mérité, on trouve un "rooms to let" sensé être supérieur, en plein milieu des pins. Le lieu est superbe, un immense terrain avec deux grandes maisonnettes comprenant un petite dizaine de chambres à louer chacune. Un chemin nous mène vers la plage parmi la pinède. Le rêve quoi !
On visite la chambre un peu vite, on est un peu fatigué, et on ne fait pas attention, on s'est décidé trop vite. Pas de télé dans la chambre, pas de climatiseur (vous me direz le temps ce dimanche étant un peu pourri, on n'en aurait pas eu besoin - les Dieux de l'Olympe ne sont pas avec nous… - on a même dormi avec une couverture !!!), même pas de mini-frigo dans la chambre (là quand même ils exagèrent).
Vous me direz : vous êtes en vacances, pourquoi voulez-vous la télé ? en temps normal, cela ne m'aurait même dérangé.

Marche arrière.


Temps normal : rien n'est normal ici depuis quelques mois, pour ne pas dire des années. Mais précisément depuis jeudi dernier, il y avait des signes précurseurs : des charognards (dixit médias) autour des ATM, à l'affut du moindre signe de résistance des banques. Etaient-ils déjà au courant ces caméramans étrangers ??? Sommes-nous autant aveugles ???
Vendredi : je rentre du boulot et je vois devant le distributeur d'une station de métro les gens en train de vouloir retirer des espèces et parler entre eux. C'est pas bon signe. Deuxième signe. Je m'arrête moi aussi devant un distributeur et par mesure de précaution (on ne sait jamais…), je retire un peu d'argent moi aussi comme les autres.
Ne pas céder à la panique vous disent certains. Ok, j'en conviens mais, il y a un mais… Et si jamais, ils ont raison ?
Samedi : comme je partais (je partais…) je suis allée au supermarché faire le plein pour mes filles qui elles restaient à la maison. Et là, il y a eu à priori une rafle dans les produits de première nécessité. Pas de panique… Comment ne pas paniquer ? je suis allée retirer encore un peu d'espèces, au cas où, mais sans panique.
Dimanche. Ce dimanche.
C'est le coup de grâce.
Il y a des jours comme ça où tout part en vrille. On s'est décidé trop vite pour la chambre, on aurait pu chercher un peu plus et trouver un hébergement plus satisfaisant, surtout que très à l'écart de tout, la suite des événements a eu raison de nous. Référendum prévu en fin de semaine. Il nous faudra écourter nos vacances pour revenir voter. Premier coup.
Deuxième coup du sort. Après un après-midi démoralisant dans ce complexe loin de tout, on apprend par un coup de téléphone que les banques sont vidées et que des mesures sont mises en place un peu comme celles lors de la crise financière chypriote.
Grèce. Retour. Marche arrière
Le pire des scénarios imaginé est enfin réalité. Je suis contente d'avoir céder à ma "mini-panique". J'ai de quoi tenir trois semaines, peut-être un peu plus si on se serre la ceinture moyennant un retour case départ.
La situation dans ce petit village balnéaire de l'Elide se ressent. Les gens, autochtones et touristes étrangères, sont inquiets. Impossible de payer par carte les hôtels, restaurants, impossible de faire le plein de votre voiture sans espèces. Les hôteliers de leur côté sont dans une impasse, sans espèces impossible d'effectuer leurs achats pour leurs établissements. Un vrai cercle vicieux qui malheureusement fera énormément de mal au tourisme.
Quoiqu'on dise, même si à cette heure le gouvernement a déclaré que les retraits en espèces des touristes étrangers ne posaient aucun problème, il faut savoir que dans la pratique ce n'est pas aussi facile que cela paraît.
Des touristes ont pris la décision de partir, à leur place je crois que je ferai la même chose. D'autres certainement prendront la décision d'annuler leur départ vers la Grèce. Encore une fois, à leur place, je prendrai la même décision.
Lundi : nous n'avons pas pu vraiment dormir dans la nuit de dimanche à lundi. N'ayant aucune source d'info à part (heureusement!) la radio sur mon téléphone portable (radio publique un tantinet pro-gouvernementale, propagande à souhait, à vômir), ne rien savoir est la pire des choses. L'incertitude et ce sentiment d'insécurité priment. Pour la 1ère fois de ma vie, je sens le vide sous mes jambes, je m'inquiète sur ce qui pourrait nous arriver - ou pas -. On se lève ce matin et la seule chose qui est sûre ce matin c'est qu'il nous faut rentrer à notre base. Etre tous ensemble (notre famille) me donne un semblant de sécurité.
Les infos ne sont pas particulièrement bonnes. J'ai l'impression que le monde politique se fout du peuple. Les banques sont bouclées jusqu'à nouvel ordre, les magasins désertés, les visages fermés. Les retrait bancaires en espèces devraient petit à petit revenir (quoique… je ne sais pas quoi).
Je ne voudrais pas parler de politique car j'ai l'impression que ces derniers mois on joue au jeu de polichinelle. Les partisans du NON sont de plus en plus virulents ne semblant pas se rendre compte de l'enjeu de refuser l'Europe. Le retour à la drachme ou quelque soit la monnaie de singe qui sera choisie dans le cas où le NON l'emporte entraînera je présume une dévaluation de la monnaie, les importations seront quasiment impossibles, ou plutôt financièrement difficiles. Nous aurons certainement un manque en produits ménagers, produits auxquels nous sommes habitués.
Je ne voudrais pas revenir en arrière lorsque dans les années 80 nous ne pouvions pas trouver tout ce que nous voulions. Je ne parlerai que par ex. de la production en lait (je ne pense pas que la production laitière grecque soit suffisante pour l'ensemble du territoire), les pommes de terre sont en hiver importées de Belgique, de France, de Chypre ou d'Egypte, la viande de boeuf est essentiellement importée de France et j'en passe.
J'aimerai pouvoir reculer les pendules, ne pas avoir vécu ce week-end de terreur psychologique. Ne pas céder à la panique. Je me dis que dans le pire des cas nous avons toujours une solution de dernière chance.
On dit que l'appétit vient en mangeant. Je n'avais l'intention que d'écrire quelques lignes. J'ai écrit un "roman". Reste ce fameux référendum. A vrai dire, je n'ai pas compris la contenance. A ce qu'il paraît c'est oui ou non à l'Europe. Ce que j'aimerais entendre c'est que seront les mesures appliquées selon le oui ou le nom : à quelle sauce seront-nous mangé ?

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