Pour répondre aux enjeux et défis de la mobilité urbaine, une nouvelle solution commence émerger et devient de plus en plus à la mode : le transport par câble urbain, c’est-à-dire l’implantation de téléphériques au cœur des villes, intégrés au réseau de transport en commun.
Souvent étudiée, rarement réalisée, cette solution est loin de faire l’unanimité. A l’heure actuelle, la plupart des téléphériques urbains sont plutôt fréquentés par les touristes (on pensera par exemple aux « œufs » du téléphérique de Grenoble, pas très loin de notre bureau des Marches !). Peuvent-ils devenir un réel moyen de transport qu’un citadin pourrait emprunter quotidiennement pour aller au travail ou faire ses courses ?
Le principal intérêt d’un téléphérique urbain est de permettre de franchir aisément des obstacles naturels, comme une colline ou un court d’eau, et ainsi de lutter contre l’isolement de certains quartiers. L’exemple le plus probant est sans doute celui de Medellin en Colombie. A Medellin, les quartiers défavorisés se trouvent sur les hauteur de la ville, rendant impossible ou trop coûteux le création d’un réseau de bus pour y accéder. Pour rallier le centre et ses commerces, les habitants n’avaient pas d’autre choix que de marcher durant deux heures. Depuis l’implantation en 2004 d’un téléphérique (appelé « Metrocable ») complémentaire au réseau de métro, les habitants peuvent accéder au centre ville en quelques minutes. Le Metrocable rencontre un grand succès (un million de personnes par mois). Dans les quartiers desservis par les trois lignes du téléphérique, le désenclavement a notamment engendré une chute de la criminalité.
Le Metrocable de Medellin (Crédit photo : Jorge Gomez)
Un téléphérique présente d’autres avantages, puisqu’il est :
- Relativement peu coûteux (le côut de réalisation d’une ligne de transport par câble est souvent estimé inférieur à celui d’une ligne de tramway)
- Respectueux de l’environnement :
- Faible émission de CO2
- Possibilité d’autonomie énergétique (par exemple à Rio de Janeiro, où le téléphérique est équipé d’un panneau solaire)
- Silencieux (moins de nuisance sonore qu’un tramway, car le bruit est en hauteur et non au niveau des rues
- Très régulier, avec une capacité de transport importante
Cependant, le transport par câble présente également un certain nombre de problèmes à résoudre. Le principal : l’accessiblité. Comment embarquer rapidement et sans danger à bord d’une cabine suspendue, donc plus ou moins stable, lorsqu’on est en fauteuil roulant, ou avec une poussette, une canne, ou des enfants en bas âge ?
De plus, si le téléphérique n’est pas polluant pour l’air ou nos oreilles, ses câbles et ses piliers peuvent engendrer une certaine pollution visuelle dans le paysage urbain.
La fiabilité du téléphérique est également soumise aux conditions météorologiques, et le transport risque d’être interrompu en cas d’orage ou de vent violent.
La longueur des lignes est assez limitée : le plus long du monde est le « Mi Teleférico » inauguré en 2014 à La Paz en Bolivie, et mesure 10 km.
Ligne rouge du « Mi Teleférico » à La Paz (Credit photo : TheGamerJediPro)
Le transport aérien doit aussi prendre en compte les enjeux de biodiversité, puisqu’il peut représenter un danger pour la faune, en particulier les oiseaux et insectes.
Last but not least, l’implantation d’un téléphérique en zone urbaine pose un gros problème de respect de la vie privée et de la propriété, personne n’ayant vraiment envie de voir quotidiennement des centaines de personnes survoler son jardin ou passer à quelques mètres de sa fenêtre.
Le téléphérique urbain est donc loin d’être la solution miracle qui permettra de désengorger les villes, mais peut offrir un dans certains cas une offre de transport pertinente et complémentaire au systèmes de transports « traditionnels » de la ville.
Aux spécialistes de la mobilité et aux entreprises spécialisées dans le transport par câble (dont le français Poma, cocorico !) d’être innovants pour proposer des solutions aux multiples enjeux et problèmes encore posés par les téléphériques.