C’est avec un pincement au cœur et le sentiment que tout s’est passé en un clin d’œil que l’on se dirige vers le site du Hellfest, pour cette troisième et dernière journée. Le virus se propage délicieusement. Pour la première fois de notre vie, on est allé jusqu’à s’acheter un t-shirt Hellfest, c’est pour dire la ferveur et la fièvre qui nous a gagnées, sans que l’on s’en rende vraiment compte. Si le dimanche, niveau programmation, est celle qui nous mettait le moins l’eau à la bouche, elle nous a réservé de bonnes découvertes et de bonnes surprises.
Walk with me in Hell
On débute par le concert du groupe français Eths, qu’on est allé voir par pure curiosité. Si l’on ne peut que s’incliner face à la performance vocale de la chanteuse Rachel Aspe, on n’a pas vraiment apprécié la prestation. Le metalcore et le deathcore, c’est tout simplement pas notre truc, d’autant plus que le son n’est pas bien réglé. Néanmoins, les fans sont bien présents pour mettre l’ambiance, et les voir se déchaîner est un spectacle bien plus appréciable que ce qu’il se passe sur la scène.
Russian Circles est un groupe que l’on attendait avec impatience. On est étonné que tant de monde soit venu voir le groupe de math rock/post rock, tant il semble être un ovni de la programmation. Le trio, sans dire un mot, débute par l’ouverture de leur dernier album, Memorial. Le ton est donné. La musique lancinante et puissante du groupe nous hypnotise. On est en train de vivre un moment de grâce. Pourtant, la mise en scène est simpliste, et les membres du groupe ne prononceront pas un seul mot durant tout le concert. Ils parviennent néanmoins à nous transporter vers l’infini et au-delà. Mention spéciale au batteur, dont le jeu et la technique nous a tout simplement bluffé.
Assaillis par la soif, on se dirige vers le bar, quand on entend au loin un son improbable. On se rapproche, pour découvrir Hollywood Undead. On passe un agréable moment avec le groupe de rap metal, qui essaie tant bien que mal de faire lever le Hellfest. Une partie de la foule sera réceptive, en reprenant les chœurs du morceau Hear Me Now. On notera également la reprise de Johnny Cash, Folsom Prison Blues, plutôt sympathique.
Direction la Bretagne et la Warzone – qui porte décidemment bien son nom – pour les Ramoneurs De Menhirs. Le groupe de punk celtique, chaud comme la braise, souhaite débuter le concert 10 minutes plus tôt. Sans succès, car l’heure c’est l’heure pour les organisateurs du Hellfest. C’est serré comme des sardines grillées, sous un soleil de plomb, que l’on attend l’entrée des Bretons, dont l’engagement politique est connu de tous. On a ainsi logiquement eu droit, entre autres, à un discours sur le saccage, honteux, du site par des extrémistes catholiques. Si on savait qu’il y allait avoir une ambiance festive, on ne s’attendait pas à ça : dès les premières notes, une horde de slammeurs nous assaille, et un pogo improvisé par nos compères nous rapprochera de la scène. Jouissif ! Le concert le plus fou de ce Hellfest. On aura même le plaisir d’entendre une chanson des Beru. Tout comme Body Count la veille, l’organisation du festival n’a pas anticipé le succès des Ramoneurs de Menhir. Beaucoup de monde, et des mouvements de foule parfois inquiétants. L’entrée de la Warzone était un véritable champ de bataille, dont les retardataires ont dû en sortir vaincus.
Cavalera Conspiracy, nous attend et c’est éreinté par le show des Ramoneurs qu’on se dirige vers la mainstage I. Restera de ce concert les roulements de batterie titanesques d’Igor Calavera et l’ambiance électrique qui régnait. Assurément un show spectaculaire, que l’on n’a pas pu apprécier à sa juste valeur, tant la fatigue se faisait sentir.
On jette un œil à Alestorm, groupe écossais de metal-pirate, qui passe en même temps que Cavalera Conspiracy. L’atmosphère est torride. La foule est venue en masse pour assister à leur prestation. Pas étonnant, tant le concert, fun, est de qualité. On regretterait presque de ne pas avoir le pouvoir de se dédoubler.
Epica est un groupe attendu, et cela se voit par la foule immense s’amassant devant la Mainstage II. Le groupe de metal symphonique néerlandais propose un show carré, devant un public acquis entièrement à leur cause. Mais il faut être honnête. On n’a pas aimé Epica, car on avait l’impression d’être devant une prestation venue tout droit de l’Eurovision. Trop kitch pour nous.
C’est l’heure de Limp Bizkit, l’une des têtes d’affiche de ce dimanche. Un bon dans le passé et notre adolescence. Fred Durst assure, mais on n’est pas ébloui par la prestation des autres membres, dont on n’a parfois l’impression qu’ils jouent à contretemps. Le contrat est pourtant rempli. On apprécie les bouts de reprises de Korn et Metallica, et les tubes du groupe Rollin’ et Take a look around, qui viendra clôturer le show. Le meilleur moment est sans aucun doute la reprise de Rage Against The Machine, Killing in the name. Si le début du morceau nous a fait peur, l’ensemble est plutôt réussi. Cependant, ce concert ne restera pas dans les annales du Hellfest, il faut bien l’avouer.
In Flames, groupe de death mélodique suédois, nous laisse de marbre. Un sentiment de déjà-vu, déjà entendu. Peu importe, le public apprécie. Parfait, car cela nous donne l’occasion de voir l’un des circle-pits les plus prodigieux du festival.
La fin du Hellfest s’approche à grands pas, car c’est au tour de Korn, le groupe de néo-métal californien, de faire son entrée sur la Mainstage I. Comment exprimer notre déception à sa juste hauteur ? On s’est tout simplement ennuyé. La setlist, composée des 12 morceaux de leur premier album éponyme, sorti en 1994, et de Freak on the Leash, n’est pas adaptée à un festival. On voulait du A.D.I.D.A.S, du Got the Life, nom d’une licorne à deux têtes ! Au-delà de ça, cela aurait pu être un excellent concert, si le groupe avait été généreux. C’est surtout ce manque de générosité qui nous a choqués. A noter également : si Airbourne a extrêmement bien géré les problèmes techniques, Korn, quant à lui, n’a rien trouvé de mieux à faire que de partir complètement de la scène, laissant le public interloqué. Autant dire qu’on ne gardera pas un souvenir impérissable de ce concert…
Nightwish, autre grosse tête d’affiche du festival, arrive sur la mainstage II. On apprécie beaucoup plus la prestation du groupe finlandais à celle d’Epica. Floor Jansen est très expressive et plutôt charismatique, même si on a une préférence pour la voix de son prédécesseur, Tarja Turunen.
On termine le Hellfest par In Extremo, un groupe allemand de métal folklorique absolument délirant. Cornemuse, harpe et guitares, le combo pour un succès garanti. C’est la fête dans le Temple ! Les morceaux tubesques s’enchaînent, et on n’en ressort qu’avec une seule envie : découvrir plus en détails ce groupe.
Et voilà, c’est fini. C’est avec le cœur – et les jambes ! – lourd, mais avec des souvenirs mémorables, qu’on quitte le site du Hellfest. On tient à remercier toute l’équipe du Hellfest, pour cette organisation au top, et surtout à Roger, pour nous avoir donné la chance de participer à cette édition. Nul doute qu’on reviendra !
Mots d’eVe
Photos d’ImmortalizR