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L’agneau à la méduse

Publié le 29 juin 2015 par Nicolas Esse @nicolasesse

En novembre 2014 Ruby franchit les portes de l’abattoir et c’est la fin.
Ensuite, on la transforme en ragoût, filets et côtelettes, une gousse d’ail et un peu de romarin. En matière d’accompagnement, je suggérerais un Côte de Baune-Villages encore assez vif pour faire la course avec l’agneau.
Les végétariens pourront se contenter de notre galette de sésame sur son lit de verdure. Ils boiront de l’eau minérale et ils auront mille fois raison. En accompagnement avec Ruby, ce n’est pas un vin rubis qu’il eut fallu choisir.
Non.
Mauvaise réponse.
La solution était un Entre-Deux-Mers sec et surfant sur l’iode de la vague remplie de poissons. Ou de fruits de mer, c’est selon la saison. En Asie, on sèche la méduse. On la découpe ensuite en très fine lamelles qui retrouvent leur souplesse originelle lorsqu’on les plonge dans un bain de bouillon.

Avec Ruby, la gastronomie fait une embardée, un triple toe loop et deux tonneaux avant de s’immobiliser, les roues à l’envers et les quatre fers en l’air.  En réalité, Ruby est une agnelle chargée jusqu’au garrot de protéines de méduses. Ruby, herbivore amphibie dont on a un jour perdu la trace et qui a été vendue à un boucher quelque part, en Île-de-France, on n’a pas retenu le nom du boucher. Franciliennes, Franciliens, prenez garde, peut-être qu’un jour, en plus de favoriser votre transit intestinal, votre carré d’agneau vous fera pousser des palmes.

Alors, c’est la panique ! Alarme ! Plan rouge vert ou bleu ! Indignation majuscule. Comment a-t-on pu laisser s’échapper ce poulpe à quatre pattes ? Qui l’a acheté ? Et surtout, qui l’a mangé ? Pendant que l’enquête suit son cours et que les plus hautes autorités judiciaires et administratives se concertent pour définir les modalités d’une action concertée en vue de l’organisation d’une conférence de presse impliquant tous les acteurs impliqués, il y a quand même un truc qui me chiffonne et que j’ose à peine mentionner :
Qui a eu l’idée de l’agnelle-méduse et pour faire quoi ?
Et pourquoi pas un cheval-serpent ou un canard-éléphant ? Et si mariait la pieuvre et l’œuf, vous imaginez un peu le progrès : 8 cuisses sur chaque poulet !

Et si on essayait l’homme-rat de laboratoire, un jour comme ça, juste pour voir ?



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