L’Atelier fait un tour à Lisbonne et son écosystème de l’innovation en plein fourmillement. Des success stories ont commencé à voir le jour au cours des dernières années, soutenues par le gouvernement portugais.
Lisbonne est dans toutes les bouches aujourd'hui. Une belle destination de vacances et pourquoi pas plus. La ville blanche offre en effet une qualité de vie à faire pâlir bien des capitales européennes, Paris et Londres en tête de file. Vie peu chère, climat généreux, atmosphère relaxante. Que demander de plus ?
2011, 2012 et 2013 furent des années noires pour le Portugal. La crise économique a conduit le gouvernement à procéder à un assainissement drastique de son budget et les répercussions sur la population ont été à la hauteur de la cure amorcée par la Troïka. Encore aujourd'hui, plus d'1 Portugais sur 5 vivrait avec moins de 411 euros par mois.
Et si aujourd'hui, le pays ne brille pas autant que son voisin espagnol, l'économie a bel et bien renoué avec la croissance depuis déjà un an. Dans quelques mois auront lieu de nouvelles élections législatives. Toutefois, le Portugal semble avancer doucement sur le chemin de la stabilité.
À l'image de l'Espagne, ces moments de disgrâce économique forgent souvent le terreau d'une classe innovante et créative, prête à saisir les opportunités pour redresser la barre.
À défaut de financement public, des infrastructures en support de l’innovation
Et il semblerait que ce soit l'orientation choisie par le Portugal, Lisbonne impulsant le mouvement. Évidemment, en période post crise économique, l’État portugais reste limité du point de vue financier dans son soutien l'innovation. En revanche, il existe un soutien public fort en matière de communication et d'infrastructure. Grâce à l'initiative « Empresa na hora », la création d'entreprises est par exemple rendue possible en un temps record. Aussi, en 2011, la municipalité de Lisbonne en partenariat avec la banque Montepio et l'agence portugaise de la compétitivité et de l'innovation (IAPMEI), a créé Startup Lisboa, un incubateur de start-up dans le domaine de la tech, de l'e-commerce et du tourisme. Lisbonne a ainsi décroché le titre de « région européenne entreprenante 2015 » au côté de l'Irlande du Nord et de la région de Valences en Espagne, marque de reconnaissance à l'échelle européenne des efforts faits par le Portugal et sa capitale pour soutenir l'entrepreneuriat et la diffusion de l'innovation au sens large.
Face à cet élan, une ribambelle d’espaces de co-working, à l'image de Dock-38, et de programmes d'accélération, tels Beta-i organisateur du Lisbon Challenge (partenaire du Numa), ont vu le jour à Lisbonne mais pas que. Dans le nord, Porto, Coimbra et Braga se font aussi des relais de l'innovation, côté hardware surtout.
Des start-up à fort potentiel ont émergé, c’est le cas de Farfetch, le site de vente en ligne de vêtements de luxe valorisé à 1 milliard d’euros, Foodzai, une communauté d'aficionados de la cuisine basé sur le peer-to-peer ou encore Uniplaces, l’Airbnb du logement étudiant. Un exemple de projet plus jeune mais tout aussi prometteur, Orankl, dans le domaine du big data appliqué au marketing.
Il ne semble pas se distinguer de secteurs spécifiques à l’innovation made in Portugal. Néanmoins, la fintech, le tourisme, l'e-health et l'e-commerce concentrent des projets intéressants.
Foodzai, un des acteurs les plus prometteurs de la scène start-up portugaiseUn écosystème, qui par sa petite taille, se tourne vers l’international
« We are a small country » explique Ricardo Marvão, responsable de Beta-i. En effet, le Portugal ne compte que 10,5 millions d'habitants et Lisbonne concentre à elle seule 5 % de cette population. Étant donné la faible ampleur du marché national, le pays se veut un hub d'innovation tourné vers l'international. Avantage certain : le fuseau horaire de Lisbonne qui facilite la communication avec les États-Unis et l'Asie.
Elle constitue aussi une pierre angulaire des flux aériens entre le vieux et le nouveau continent. Les événements tech organisé au Portugal ont très souvent cette approche international à l'image du Go Youth Conference ou du Lisbon Investiment Summit, grandes rencontres internationaux d’acteurs de l’innovation.
Mais comme ailleurs en Europe, le nombre de business angels et de VC, en particulier en phase d'amorçage, doit encore grossir. Outre Portugal Ventures, le venture capital (VC) national le plus conséquent, le paysage VC en est encore à ses balbutiement : « Les start-up qui cherchent des investissements en pre-seed et seed stage sont encore amenées à se tourner vers l'Allemagne ou le Grande Bretagne par exemple pour trouver des financements. Aujourd'hui, il peut être parfois plus difficile de trouver 15 000 euros pour aider un projet à démarrer que de consolider une expansion via un financement avoisinant 500 000 euros »,, commente Ricardo Marvão.
Aussi, pour faire ses preuves, il manque encore au Portugal des rachats significatifs : « qui permettraient au Portugal de recevoir plus d'attention et de reconnaissance sur le plan international », souligne Ricardo Marvão.