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CLOTILDE MATHIEU
JEUDI, 25 JUIN, 2015L'HUMANITÉ
AFPDans son rapport sur les finances publiques, la Cour alerte sur un dérapage en 2015 et appelle l’État et les collectivités à réaliser les 21 milliards de coupes dans les dépenses promis à
Bruxelles.En bon père la Rigueur, Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, a (res)sorti le fouet, hier, lors de la présentation du rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques. Devant les députés, puis devant la presse, le représentant des sages a alerté sur les « risques réels » de dérapage des dépenses publiques en 2015 qui, selon la Cour, serait compris entre 1,8 et 4,3 milliards d’euros. Sont mises en cause « principalement les missions travail et emploi, solidarité et insertion, et défense ». Et la Cour de demander « une intensification des réformes structurelles et des efforts d’économies » en cours d’année, afin de parvenir aux 21 milliards de coupes drastiques dans les dépenses promis à Bruxelles. Pas une seule fois dans son rapport, la Cour des comptes ne fait le lien entre les politiques d’austérité qu’elle promeut et les dépenses sociales supplémentaires qui en découlent, comme l’augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA-activités, des allocations insertion, des contrats aidés… Elle relève que la faible inflation a réduit l’impact de mesures d’économies, comme celle consistant à sous-indexer les retraites sur la hausse des prix. L’institution pointe deux autres « risques » de dérapage : la non-livraison des navires Mistral à la Fédération de Russie – qui va entraîner un remboursement conséquent – ou encore le report à 2016 de la vente pour 2,1 milliards d’euros des fréquences hertziennes. Après l’État, la Cour s’en prend aux collectivités : « La nette modération des dépenses locales prévue, qui repose sur un ralentissement des dépenses de fonctionnement et une nouvelle baisse marquée des dépenses d’investissement, n’est pas assurée », souligne-t-elle. L’institution estime que les 8 milliards de crédits gelés par le gouvernement pour 2015 afin de faire face aux dépenses imprévues ne serviront qu’en partie à compenser cet éventuel dérapage. En avril, le ministre des Finances, Michel Sapin, a annoncé, avec le programme de stabilité, des mesures supplémentaires à hauteur de 4 milliards d’euros, dont 3,4 milliards d’euros d’économies sur les dépenses : un milliard d’euros ponctionné dans le domaine de la santé et de la protection sociale, 1,2 milliard d’euros via une plus faible charge d’intérêts sur
la dette publique, et 700 millions d’euros de coupes dans les dépenses ministérielles, parmi lesquelles 59,8 millions sur les infrastructures de transports écologiques et durables ou encore 26 millions sur la solidarité internationale et l’aide au développement. Si la Cour des comptes incite les collectivités et l’État à limiter leurs dépenses d’investissement en 2016 et 2017, elle reconnaît tout de même qu’« une hausse de l’investissement public a généralement des effets favorables à court terme sur l’activité économique et supérieurs à ceux d’une augmentation des autres dépenses publiques ou d’une réduction des prélèvements obligatoires ».http://www.humanite.fr/austerite-la-cour-des-comptes-en-veut-plus-577996