L’attentat perpétré ce Vendredi à Sousse en Tunisie nous a tous pris de court. Pour le moment nous ne pouvons qu’être solidaires avec ces pays qui sont touchés directement par le terrorisme et partager leur deuil. Je parle de la Tunisie mais aussi et surtout du Royaume Uni, de l’Allemagne et de la Belgique qui ont payé un lourd tribut au cours de cette attaque ciblée.
Il serait indécent en période de deuil, de parler des répercutions sur notre destination ou de perte de volumes. Il y a des personnes qui ont perdu la vie, et d’autres des êtres chers et cela se respecte.
Nous allons avoir fort à faire dans les prochaines semaines pour recouvrer la confiance des touristes mais nous devons dés à présent sensibiliser autour de nous sur les dangers qui nous guettent et faire la promotion du tourisme comme vecteur de paix mais aussi comme levier économique et social à même de lutter contre les inégalités, la précarité et le doute que peuvent avoir certains quand à leur avenir dans ce pays.
Depuis le début du Ramadan, des événements se sont produits et bien que différents les uns des autres, ils ont un impact important sur l’image de notre destination et sur l’interprétation que peuvent en faire les touristes ayant envisagé de visiter notre pays.
Celui qui m’a le plus interpellé est celui des deux jeunes filles, harcelées et agressées à Inezgane par une foule en rut qui se croit détentrice du droit de décréter que telle tenue est Haram et telle autre Hallal. Ce qu’elles ont vécu, représente l’état d’esprit dans lequel se trouve la majorité de nos épouses, sœurs et filles : une hantise à déambuler librement dans nos rues.
Je pense qu’au delà du vêtement, et combien même il serait correct, par le seul fait d’être une femme, elles portent en elles le délit au vu d’une société de plus en plus rétrograde qui leur fait un procès d’intention sans leur donner le bénéfice du doute.
Quand cette société, minoritaire par le nombre, mais majoritaire par ses excès se trouve conforté par une police et une justice, on est en droit de se demander si nous ne sommes tout simplement pas en train de régresser. Comment des victimes peuvent se retrouver au poste et traduit en justice, pendant que leurs bourreaux ne sont aucunement inquiétés ?
On se croirait dans des scènes du moyen âge, où les présumées « sorcières » étaient jetées à la vindicte populaire, mises sur le bucher et brulées vives.
Durant le protectorat, les marocaines étaient vêtues de haïk dans les campagnes et de djellabas et nikab dans les villes. Ces aspects vestimentaires n’avaient rien de religieux mais une sorte de dress code pour revendiquer leur marocanité et le refus de s’assimiler aux colonisateurs. Au lendemain de l’indépendance, SM Mohamed V, paix à son âme, est apparu en compagnie de ses filles, toutes habillées à l’européenne. L’émancipation de la femme marocaine a débuté depuis et cela a commencé par le vêtement, aussi surprenant que cela puisse être.
Aujourd’hui, vouloir imposer un mode vestimentaire n’est que le début d’une série de restrictions qui tendent à enfermer la femme, l’obliger à rester chez elle et par là, la priver de toute liberté. Ce n’est pas ce qui est écrit dans la constitution.
Notre société est constituée de 50% de femmes qui contribuent toutes à notre PIB, que cela soit de manière matérielle ou immatérielle. Il n’existe pas de femmes qui ne travaillent pas. Elles travaillent deux fois plus et sont souvent payées deux fois moins. Alors de grâce, laissons leurs leur coquetterie, leur féminité, leur joie de vivre et leur dignité.
Améliorer l’image de la destination Maroc, passe par l’amélioration de la condition de la femme marocaine. Le fait d’avoir arrêté et présenté ces deux jeunes filles devant un tribunal et s’apprêter à les juger pour « outrage public à la pudeur » en lieu et place de leurs persécuteurs est tout simplement un déni de justice et l’image du Maroc s’en trouve plus qu’écornée.