Bien que non approuvés pour cet usage, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont parfois utilisés pour soulager les symptômes de bouffées de chaleur ou les changements d’humeur durant la ménopause. Pourtant, ils contribuent à augmenter considérablement le risque de fractures osseuses, d’environ 76% selon cette étude américaine. Des données, obtenues sur un large échantillon et publiées dans la revue Injury Prevention, qui alertent donc sur ce mésusage.
Les ISRS sont principalement utilisés pour traiter les symptômes tels que la dépression et l’anxiété, mais aussi pour la prise en charge des bouffées de chaleur survenant avec la ménopause en lieu et place d’un traitement hormonal substitutif. Ainsi, aux Etats-Unis, un ISRS, la paroxétine, est approuvé pour traiter les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes liées à la ménopause.
Cette étude met en avant une augmentation élevée du risque de fracture osseuse avec des ISRS durant la ménopause. Il faut néanmoins rappeler que la densité osseuse diminue progressivement chez les femmes à partir de 35 ans, que la perte osseuse s’accélère à la ménopause jusqu’à atteindre 20% de la densité osseuse dans les 5 à 7 ans après la ménopause. Enfin, il faut préciser que, quelle que soit l’augmentation du risque de fracture évalué dans cette étude, le risque reste faible en valeur absolue.
Les chercheurs de Harvard, de l’Université de Caroline du Nord et de la Northeastern University ont évalué le risque de fractures osseuses chez 137.031 femmes ménopausées prenant ces antidépresseurs ISRS pour traiter les symptômes de la ménopause, vs 236.294 femmes prenant des médicaments courants (inhibiteurs de la pompe à protons) contre les ulcères. Les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion, comme l’âge, les antécédents de fractures, l’ostéoporose et la prise de médicaments connus pour affecter le risque de fractures. Leur analyse constate que,
- les taux de fracture sont plus élevés chez les participantes ménopausées traitées par ISRS
- Les ratios de risque comparé avec ISRS vs témoins sont :
· A 1 an : OR : 1,76 soit une augmentation du risque de fracture de 76%,
· A 2 ans : OR : 1,73
· Après 5 ans : OR : 1,67
ØLes chercheurs concluent que ces antidépresseurs augmentent le risque de fracture chez les femmes d’âge moyen et que cet effet reste soutenu dans le temps. Ce dernier point suggère qu’une durée de traitement plus courte peut diminuer ce risque de fracture. Il reste également à vérifier la réduction du risque avec des doses inférieures.
En conclusion, même si l’étude ne prouve pas la relation de cause à effet, alors que les ISRS ne sont pas actuellement autorisé pour le traitement des symptômes liés à la ménopause, il reste impératif de les éviter pour cette indication. Car ces données ne s’appliquent pas aux femmes qui prennent des antidépresseurs pour des raisons de santé mentale.
Source: Injury Prevention June 25 2015 doi:10.1136/injuryprev-2014-041483SSRI use and risk of fractures among perimenopausal women without mental disorders
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