La revue Emotion Review nous propose plusieurs articles d’une même équipe de psychologues, l’un autrichien, l’autre suisse, qui s’attachent à réfléchir à la différence entre émotion » normale » et » anormale « . Si la limite entre normalité et pathologie procède finalement aujourd’hui de définitions diagnostiques comme celles du DSM, si les échelles sont-elles-mêmes construites sur des critères jetés sur le papier, cela pose le problème de l’individualité et de la justesse du diagnostic » patient « . Les auteurs appellent donc à accélérer la recherche fondamentale sur les troubles émotionnels et à déterminer les processus et les marqueurs biologiques qui permettraient un diagnostic plus objectif.
Marc Mehu psychologue à la Webster Vienna Private University (Autriche) et Klaus R. Scherer
Du Swiss Center for Affective Sciences de l’Université de Genève (Suisse) expliquent qu’il nous arrive à tous de ressentir des émotions, fortes, comme la colère ou la joie, mais il peut arriver que ces réponses émotionnelles posent problème et deviennent une condition médicale. Les caractéristiques à prendre en compte sont alors complexes : ce peut-être le caractère » inapproprié » de l’émotion –comme une grande colère pour un petit détail-, une intensité ou une durée exagérées. Les auteurs se réfèrent à la 5e édition du Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) précisant qu’une personne peut être diagnostiquée en « épisode dépressif majeur » en cas de symptômes dépressifs pendant plus de 2 semaines qui suivent un deuil. Ce critère diagnostique incite aujourd’hui les auteurs à réfléchir à une approche diagnostique différente et à préciser ce qu’est une l’émotion normale/anormale pour la pratique clinique.
Le diagnostic dépendrait-il d’un ouvrage ou d’une échelle ? Le diagnostic de dépression après un deuil est ainsi un exemple de complexité diagnostique, alors qu’il existe, dans cette situation un continuum entre l’état émotionnel est normal et anormal (ou pathologique). En pratique, les psychiatres et les psychologues cliniciens vont être fréquemment appelés à établir une distinction fiable entre émotions normales et anormales. Ils ont alors recours à des échelles d’évaluation développées à partir de critères définis par les associations professionnelles et les organismes de santé comme le DSM. Ainsi, la définition de l’émotivité anormale proposée par ces systèmes de classification aura un impact tout particulier sur le diagnostic et le traitement du patient.
La réponse est dans les mécanismes biologiques sous-jacents : Pourtant le diagnostic dépend du patient, de son histoire et du jugement du clinicien. Il repose sur des données biologiques. Il s’agit donc, écrivent les auteurs, de veiller à ce qu’en pratique clinique, le diagnostic de dépression soit effectué » correctement « . C’est pourquoi l’interaction entre la recherche fondamentale sur l’Emotion et la formation des praticiens est nécessaire. Les cliniciens doivent comprendre le mécanisme sous-jacent de déclenchement des épisodes émotionnels et connaître les facteurs responsables.
» Mieux comprendre les mécanismes psychobiologiques spécifiques sous-jacents aux troubles émotionnels peut conduire à de meilleurs diagnostics et de nouveaux traitements « .
Sources: Emotion Review
April 10, 2015, doi: 10.1177/1754073915576689 Normal and Abnormal Emotions–The Quandary of Diagnosing Affective Disorder: Introduction and Overview
April 10, 2015, doi: 10.1177/1754073915575404 When and Why Are Emotions Disturbed? Suggestions Based on Theory and Data From Emotion Research
April 10, 2015, doi: 10.1177/1754073915575406 The Appraisal Bias Model of Cognitive Vulnerability to Depression
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