Un risque accru de rechute, en cas de diagnostic de cancer de la prostate et d’antécédents ou de pratique du tabagisme, c’est l’avertissement lancé par cette étude de l’Université de Vienne. Il faudra en effet 10 années d’abstinence tabagique pour que ce risque de récidive rejoigne celui des non-fumeurs. Un appel néanmoins à l’arrêt immédiat du tabac, en cas de problème de prostate. Ou pas.
Tabac et cancer forment un cercle vicieux et infernal : Le tabac est un facteur reconnu de cancer et même de » double cancer » : Ainsi, fumer n’est pas associé au risque d’1 cancer, mais de 2 cancers primaires, et le risque en cas de tabagisme de second cancer primaire est, quel que soit le nombre de cigarettes fumées avant le premier diagnostic, quasiment identique au risque de premier cancer primaire.Le tabac poursuit les survivants du cancer, moins de la moitié des patients arrêtant de fumer après le diagnostic. Leur risque de récidive est alors augmenté de 60%. Enfin, citons, pour la France, le rapport de l’InVS de 2013 sur la survie des personnes atteintes de cancer qui montre que la survie à 10 ans est moins élevée chez les hommes plus touchés par les cancers à mauvais pronostics, principalement liés à l’alcool et au tabac. Cette nouvelle étude confirme l’association étroite du tabagisme à l’incidence et à la mortalité du cancer de la prostate.
Cette analyse a porté sur 6.538 patients atteints de cancer de la prostate avec envahissement ganglionnaire ayant subi une prostatectomie radicale. Ces participants ont été suivis durant plus de 2 ans et toutes les caractéristiques de leur histoire tabagique ont été recueillies (statut actuel, ombre de cigarettes/jour, antériorité ou durée du tabagisme, durée depuis le sevrage…). L’analyse montre que,
· 34% des participants étaient non-fumeurs (à vie),
· 32%, d’anciens fumeurs,
· 34% des fumeurs actuels.
· les anciens fumeurs présentent un risque accru de 63% de récidive du cancer, vs non-fumeurs,
· les fumeurs actuels, de 80%.
· Un sevrage il y a plus de 10 ans ramène le niveau de risque de récidive à celui des non-fumeurs (HR : 0,96).
Curieusement, aucune association significative entre l’exposition cumulée au tabagisme et le risque de récidive de cancer n’est constatée.
Le tabac est donc très étroitement associé, et pour longtemps, à l’incidence et à la mortalité du cancer de la prostate. Cependant, ses effets semblent s’atténuer après 10 années d’arrêt. Des conseils mais un espoir aussi donc, à apporter absolument aux patients diagnostiqués.
Source: European Urology 3 June 2015 doi:10.1016/j.eururo.2015.05.038 Association of Cigarette Smoking and Smoking Cessation with Biochemical Recurrence of Prostate Cancer in Patients Treated with Radical Prostatectomy
Lire aussi: TABAGISME: Le double effet cancer –
TABAC et CANCER: Fumer après le diagnostic augmente de 60% le risque de décès –
CANCERS: Tabac, alcool restent les facteurs majeurs de mauvais pronostic -