Titre original : Camp X-Ray
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Peter Sattler
Distribution : Kristen Stewart, Peyman Moaadi, John Carroll Lynch, Lane Garrison, Julia Duffy…
Genre : Drame
Date de sortie : 25 juin 2015 (DVD)
Le Pitch :
Cole, une jeune femme bien déterminée à faire carrière dans l’armée américaine, se retrouve affecté à la surveillance des détenus à la tristement célèbre prison de Guantanamo. Charriée par des collègues parfois difficiles et des conditions de travail parfois lourdes à gérer, Cole trouve refuge dans la relation de proximité qu’elle noue avec Ali, un prisonnier qui affirme être innocent. Alors que sa hiérarchie interdit tout rapprochement entre les geôliers et les détenus, la jeune femme ne peut pourtant pas s’empêcher d’éprouver de l’empathie pour cet homme sensible et complexe, qui malgré lui, pousse cette dernière à réfléchir au sens de son travail et de sa position…
La Critique :
Retrouver Kristen Stewart dans le rôle d’une militaire chargé de surveiller les détenus entre les murs de la prison de Guantanamo relève de la surprise quasi-totale. Souvent raillé, depuis sa longue implication dans la saga Twilight, l’actrice ne fait toujours pas l’unanimité, malgré des choix toujours plus pertinents et un penchant pour la variété, qui prouve bien en soi qu’elle joue tout sauf la sécurité.
Dans ce rôle, où la sobriété et la nuance sont de mise, Kristen Stewart fait des merveilles. Laissant le glamour inhérent à sa condition de superstar fétiche des grands couturiers et des tapis rouges, elle apparaît devant la caméra en mettant en avant la grande sensibilité dont elle sait faire preuve lorsque les circonstances l’exige. Ainsi, même si le film n’est pas distribué dans les salles et est donc condamné à une certaine confidentialité, le personnage qu’elle interprète est amené à marquer sa filmographie. Affublé d’un treillis peu seyant, les cheveux tirés en arrière, caché sous une casquette, l’ex-Bella change son fusil d’épaule et plonge dans l’horreur d’un lieu marqué par une profonde polémique, à savoir la prison de Guantanamo. Entouré d’hommes suspecté d’être des terroristes, elle arpente le même couloirs inlassablement et se frotte à l’animosité de prisonnier privés de leurs droits les plus fondamentaux. Si les fusils ne se font pas entendre, la guerre est bien au centre du récit, dont le but est de souligner une problématique grave et ainsi de parler in fine de l’Amérique post-11 septembre.
Dans ce climat malsain, le soldat Stewart affronte une réalité bien plus complexe que ce que les autorités veulent bien révéler. Il n’est pas uniquement question de soldat surveillant des détenus coupables, mais plutôt d’hommes et de femmes chargés de contenir des menaces potentielles afin de rassurer à n’importe quel prix un pays en proie à des menaces qui nourrissent un traumatisme encore bien prégnants.
Alors que se dessine tranquillement une réflexion sur les méthodes de l’Oncle Sam pour gérer l’après 11 septembre, The Guard va plus loin en illustrant la relation fragile qui unit le garde incarné par Kristen Stewart à un prisonnier qui clame son innocence. Enfermé depuis 8 ans quand il fait la connaissance de la nouvelle recrue, cet homme est fait de contradictions. Tiraillé entre une certaine agressivité exacerbé par les traitements de ses geôliers et le désir de conserver une vraie humanité à travers des relations humaines, ce dernier sait percer les défenses pré-établi du personnage de Kristen Stewart qui se pose alors des questions. Rien de très original certes, mais le traitement s’avère extrêmement juste.
Rappelant Goodbye Bafana, qui revenait sur l’amitié de Nelson Mandela et d’un gardien raciste alors qu’il était enferme à Robben Island, The Guard évoque l’absurdité d’une peur certes fondée mais mal canalisée et nourrit d’une haine croissante incapable de faire la part des choses. Gardant en tête son objectif premier, le long-métrage ne s’égare pas et si il s’avère plutôt prévisible, il sait ne jamais être ennuyeux ou démagogique. En huis-clos, il tend un miroir à une certaine Amérique en proie à de graves dérives. La démarche est courageuse, et tant pis si Peter Sattler, dont c’est le premier film, semble parfois hésitant et reste du coup dans les clous, tout en faisant preuve d’une belle sincérité. Porté par l’alchimie entre Kristen Stewart et l’excellent Peyman Moaadi, The Guard est simple mais dans un sens essentiel. À l’instar du récent Good Kill, d’Andrew Niccol, il ose poser de vraies questions, à l’heure où on ne parle plus trop du sort de ces prisonniers. Tout en sobriété, en respectant son sujet, sans jamais trop en faire. À l’image du regard troublé de Kristen Stewart, dont l’évolution au fil des minutes, caractérise à lui seul toute l’entreprise.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Condor Entertainment