Les vacances approchent et nous voudrions vivre tranquillement la période estivale qui s'annonce. Malheureusement, aujourd'hui encore, avec les attentats en France et en Tunisie, l'actualité nous rattrape encore une fois et vient jouer les trouble-fête. Ajoutons-y, en réponse, le débat, ou plutôt l'absence de débat, que nous venons d'avoir sur les lois sécuritaires.
Il serait tentant de croire que l'histoire repasse souvent les plats, parfois même sur des axes parallèles. Il suffit de relire le livre de l'historien Patrice Gueniffey, sur la "Politique de la Terreur" pour se poser la question, tant les parallèles semblent troublants. Il suffit pour cela de remplacer le mot "Terreur" par le celui de "loi sécuritaire" (comme par exemple la loi sur le renseignement). On se rend compte qu'ils en deviennent presque synonymes. Sont-ils pourtant la bonne réponse. Parlons-nous de la vérité ou de la perception et du discours sur la vérité ? Lisez plutôt, page 125 :
"Même en supposant que les circonstances aient été à l'origine directe de la Terreur, il faudrait admettre qu'elles ne constituent nullement un objet simple : leur réalité objective se distingue de leur représentation dans la conscience des acteurs. Tout événement possède une logique qui lui est propre et détermine l'ampleur de ses conséquences. Mais les témoins peuvent accorder à cet événement plus ou moins d'importance qu'il n'en a réellement. C'est en fonction de cette appréciation subjective que témoins et acteurs jugent le plus souvent les événements et décident de la réponse à leur apporter. La représentation des événements joue un plus grand rôle que l'événement lui-même, sauf à revêtir la politique, en l'occurrence révolutionnaire, d'une objectivité que ne possède jamais la politique. Les circonstances n'agissent pas d'elles-mêmes, mais par la médiation du discours qui s'en empare, les interprète et, ce faisant, les « réinvente », pour les inscrire le cas échéant au fondement de la décision finalement prise. D'où la vanité du débat sur la réalité des circonstances invoquées par les acteurs, et, plus souvent encore, par les historiens, pour expliquer ou justifier la Terreur. La menace était-elle si pressante ? Les divisions internes étaient-elles si prononcées qu'elles menaçaient la nation dans son existence même ? La Terreur fut-elle une réponse appropriée et contribua-t-elle réellement au redressement ?"