Une maison victime de l’érosion côtière due à la fonte du pergélisol en Alaska. Outre le carbone, d’énormes quantités de méthane menacent de s’échapper du fait de la fonte rapide du pergélisol. AFPLors des négociations intermédiaires de
Bonn sur le climat, du 1er au 11 juin dernier, pour la préparation de la COP21 qui aura lieu à Paris en fin d'année, des scientifiques ont mis en garde contre
le cercle vicieux que provoquerait, pour le climat de la planète, un dégel du permafrost (ou pergélisol). Ces sols gelés en permanence toute l'année, emprisonnent en effet des
milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES) qui pourraient provoquer
un emballement du réchauffement climatique s'ils étaient relâchés dans l'atmosphère, alerte une étude scientifique publiée par la revue
Nature, le 9 avril dernier.
Deux fois plus de CO2 que dans l'atmosphère"Il y a 1.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre gelé et emprisonné dans le permafrost", Susan Natali, chercheuse du Woods Hole Research Center
Le
volume de CO2, accumulé depuis plusieurs milliers d’années dans les terres du permafrost, est "environ deux fois plus important que celui présent dans l’atmosphère ", a souligné devant la presse
Susan Natali, coauteur des travaux publiés par "Nature". On imagine aisément, comme la scientifique l'a expliqué, que lorsque le permafrost dégèle et qu’une partie, même faible, de ce gaz à effet de serre est libérée dans l’atmosphère, cela peut entraîner une augmentation importante des émissions globales de GES.
130 à 160 gigatonnes de gaz à effet de serreLes émissions résultant du dégel du permafrost, sous forme de dioxyde de carbone ou de méthane
, accélèrent le réchauffement climatique, qui lui-même accélère la fonte du permafrost. Un vrai cercle vicieux. "Selon nos estimations, 130 à 160 gigatonnes de GES pourraient être libérées dans l’atmosphère d’ici à 2100″ du fait de ce dégel, a indiqué Susan Natali.
Une diminution de 30 à 70%De l'Amérique du Nord en passant par la Sibérie, les zones de permafrost couvrent environ
25% des terres de l’hémisphère Nord. D’ici à la fin du siècle, elles devraient diminuer de
30 à 70%, selon le volume des émissions de gaz à effet de serre provoquées par les activités humaines. Dans les
scénarios de faible émission, si la communauté internationale parvient à se fixer des objectifs permettant de limiter la hausse du réchauffement à 2°C, les chercheurs prédisent une
perte de 30% du permafrost (photo ci-contre). "Mais ce chiffre pourra grimper à
70% dans les scénarios les plus noirs", c'est-à-dire si l'humanité ne parvient pas à réduire ses émissions, a précisé la chercheuse.
"Importantes et irréversibles""Les actions que nous menons maintenant sur nos émissions dues aux énergies fossiles auront un impact important", a souligné Susan Natali.
"Nous savons que les fuites de GES du permafrost seront importantes et irréversibles" et qu’elles "doivent être prises en compte si nous voulons atteindre nos objectifs en matière d’émissions", a-t-elle encore prévenu.
+ 2°CCe
nouvel avertissement de la communauté scientifique intervient à six mois de la
COP21, la
Conférence internationale sur le climat de Paris qui doit se tenir en décembre 2015, avec l'objectif de parvenir à la signature d'un accord mondial pour contenir la hausse moyenne des températures sur la planète en dessous de + 2°C.D'ici là, chaque pays doit annoncer ses objectifs de réduction d’émissions de GES. Pour l'heure, seuls 40 des 195 pays concernés ont précisé leurs objectifs. Dont, parmi les premiers, l'Union européenne et la Suisse.
Cathy Lafon 22/06/2015
#maplanète http://maplanete.blogs.sudouest.fr/archive/2015/06/15/climat-degel-du-permafrost-les-scientifiques-sonnent-l-alarm-1037721.html