Vieilli troué râpé, chaque fois plus travaillé,
Et toujours plus blanchi sur des étages entiers
Il s'affiche en centre ville en délavés sophistiqués
Dans toutes les boutiques chics ou branchées.
Et dans les friperies, et les supermarchés...
On le trouve partout et des tonnes d'ouvriers
Ont sué sang et eau et se sont bien niqué
L'intégral des poumons pour que tu puisses frimer.
La technique du sablage tu connais ?
Regarde un peu ton 'fute' et vois comme il est râpé
Et pense donc imagine les tortures infligées
A ce pauvre textile qui n'avait rien demandé !
On passera sous silence le Turc exploité
Et ses poumons bloqués massivement infectés
Par une silicose qu'on ne peut pas soigner
Et l'invasion de nodules qui le fera crever...
Il est trop beau ton jean ! 200 euros c'est vrai ?
Le prix de milliers de malades et dizaines de décès
Mais mate un peu les zébrures top classe l'effet marbré
Pas grave le procédé seul comptera l'aspect !
Les marques rivalisent en concurrences acharnées
De permanganate toxique ou autres techniques variées
Et de lavage pierre ponce en sable projeté
On retrouve partout la solide toile délavée.
Le coton abîmé ? C'est d'actualité
Et les ateliers turcs restent ouverts par milliers
Pour produire toujours plus de pantalons usés
Véritables diktats d'une mode éternellement figée.
Alors qu'il soit un peu brûlé déchiré ou Sali
Version carrément trash ou bien 'bleached in Turquie'
Faut qu'il soit typé, souple, abîmé et meurtri
Qu'il ait pas mal vécu, et l'air d'être beaucoup porté.
Ton jean ? Il a encore de beaux jours devant lui tu sais
Et d'autres n'ont pas fini de continuer à tousser...