( site personnel de Florence Trocmé) du lundi 22 juin :
Magnifique nouvelle tombée en fin de matinée. Quelqu'un réédite enfin Agnès Rouzier. Ce fut un vrai engagement pour moi, depuis le temps de la découverte (via Tristan Hordé) et en raison des réactions très fortes recueillies chaque fois que j'ai donné des extraits de ses livres (introuvables jusqu'à aujourd'hui) dans Poezibao. Je me rappelle avoir été voir un grand éditeur, qui me semblait bien dans la ligne d'Agnès Rouzier, de lui avoir apporté un livre trouvé dans la réserve centrale des bibliothèques municipales de la Ville de Paris, qu'il avait fait intégralement photocopier, je me souviens avoir espéré qu'il aurait à cœur de republier cette œuvre, il l'avait fait pour d'autres œuvres importantes... et puis rien.
Et ce lundi 22 juin 2015, Stéphane Korvin (qui est avec Marie de Quatrebarbes et Maël Guesdon le créateur de la revue Série Z) m'informe qu'il a procédé à la réédition d'un premier livre, Non, rien, après une enquête difficile et dont il rend compte de manière bouleversante*. La structure montée par Stéphane Korvin s'appelle Brûle-Pourpoint.
*Poezibao publie donc aujourd'hui des extraits de Non, rien, ainsi qu'un entretien avec Stéphane Korvin autour de cette réédition.
" Et ce pont de l'Arno, Rialto, Grand Canal, Golgotha, Galata, canis-soupirs, rose pourri qui sombre, vieux florentin --- orfèvre, (peut-être confond-t-il avec Grenade en hiver)
(ces marchands encore de pacotille...)
à la lucarne
d'un restaurant, buche de soupirail, vous gobez le poisson-brouillard de cette soupe - peut-être confond-il avec Grenade en hiver - tous vos paquets dressés autour de vous comme un épais rempart.)
Mais la mer orange recoupe le temps, recoupe l'espace, vous et nous délivrés, pliés, oh ! mouvements du corps, de tout le corps et de la parole (de tout le corps dans le silence) voyage qui, d'un trèfle, infiniment vous déchire.
Jamais utilisée, visitée, cette ville...
Mais de quel poids, en quel lieu, la mesure, si ce n'est cette invention (invasion) fantastique, tandis que la machine avance, recule et gronde, ronronnement régulier, battement qui enseigne (une fois encore...et meurt).
Spasmes, odeur, anses, coques de sang caillé, tout votre corps miré, tout votre corps miné, respirant sans vergogne. Les lauriers. Plus de bois. Plus d'absence. À toi de jouer, mes amours.
NI... (si la ligne laiteuses des collines) Nisi Domine. Patrie perdue et retrouvée.
Et vous ne voyez plus que l'herbe qui (hors de votre vue) saute. S'avance l'abandon, ce moment du voyage. Toutes les pages immenses, délaissées en plein vol, et pour quelle lumière ? Le verre d'eau qu'il faut boire. (À vous de jouer, mes amours, puisque l'été, soir ou hiver, sans parler des matins et des failles après-midi feintes, à vous de jouer, douceur conquise, violence apprise, plus de laurier, plus de bois, plus d'espace.)
À nouveau le présent se fait ville. Vous lance de murs en murs, (tellement de visages (toi-nous) qui tous boivent, regardent et parlent, dans un même sourire, de mêmes dents, semblable marche.) Glissant. Gisant. Vers quelle sculpture (retourne à la momie et...Déroule, bandelette, déroule, bande...) Marbre vécu. (À toi de jour, nos amours.) Marbre adoré, abhorré, caressé : obstacle -- et saute les étapes : ses hanches si bronzées
[...]
Agnès Rouzier, non rien, réédition du livre paru en juin 1974 dans la collection Change aux Editions Seghers/Laffont, augmenté d'une préface de Jean-Pierre Faye et suivi de quelques pages écrites par Agnès Rouzier après la parution du livre. Brûle Pourpoint, 2015, pp. 64 et 65.
Pour se procurer le livre, voir le site de Brûle-Pourpoint
Agnès Rouzier dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, ext. 5, note création 1