I close my eyes and I see it all

Publié le 26 juin 2015 par Paulo Lobo
Pourtant...J'introduis ici une réserve. Car je ne peux pas acquiescer silencieusement à tous les projectiles qui me sont lancés. Je sens que les choses ne sont pas aussi nettes que ce que voulez me faire croire. Vous dites 'je vois, donc je crois'.Mais que voyez-vous en réalité ?Que voulez-vous que je croie?Que croyez-vous que je veuille?Votre vérité, que vous avez vue ? Votre parole, votre mémoire, vos sens, dois-je les prendre cash ? Suis-je tenu de vous suivre?Mais je ne vous suis pas. Je ne suis pas vous.Changeons de perspective. C'est dans la rue et en plein air que je m'en remets le plus à la liberté de mes pas. L'oxygène, les gens, les façades, les bruits, les mouvements, je pourrais continuer à égrener tous les éléments qui me parlent. Mais je préfère fermer les yeux. Pour mieux les voir. Pour mieux fixer tout ce que je regretterai. Quand je serai cloué au sol, un jour à venir. Quand je briserai toutes les glaces qui m'enlacent.C'est un individu banal en apparence. Pour la foule qui l'englobe, il est fondu enchaîné.Mais un zoom sur le visage soulève le voile d'une âme en peine. Papiers s'il vous plaît ! Que faites-vous dans cette rue ? Jean LeMercier ne savait pas quoi dire. Le vent frais et dispos du matin l'avait conduit dans ce quartier tentaculaire aux ruelles sombres et inondées de monde. Le représentant de l'ordre - ou était-ce un imposteur ? - inspecta les documents. Vous êtes écrivain, constata-t-il. Comment pouvait-il le savoir, ce n'était noté nulle part. J'ai fait une identification faciale sur le réseau. Il a fait une identification faciale sur le réseau. Il a fait une identification faciale sur ma personne. Je suis identifié au faciès. Nous savons tout de vous, monsieur LeMercier. Nous savons que vous n'aimez pas le système, que vous vous posez beaucoup trop de questions et que vous cherchez constamment l'inconstance. D'après le grand inquisicoeur, vous êtes évalué à 65% de risques d'auto-effacement. Jean en son for intérieur reconnut le bel exercice de synthèse que l'ordinateur central venait de réaliser sur sa personne. Oui, dans les grandes lignes c'est bien moi. Monsieur LeMercier, je vais être clair et aimable avec vous, parce que vous me prenez à un moment privilégié de la journée.Ah oui, que vous arrive-t-il donc?(Il est toujours bon de détourner l'attention et de jouer l'empathie.)C'est simple, je viens d'apprendre que je vais être papa. Excellent! Petit sourire qui rompt le gel.Allez on trinque! Jamais pendant le service!Très vite, l'uniforme se reforme, le policier se retranche derrière sa fonction sécuritaire.Je vous le répète : il bon que que vous quittiez les lieux...