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J’aime les taxis

Publié le 26 juin 2015 par Emmanuel S. @auxangesetc

Naaaan j'déconne. C'était juste pour m'amuser même si je ne devrais pas cracher du sans plomb sur un incendie. Les taxis, je ne les aime pas beaucoup. La faute à des expériences nocturnes douloureuses à Paris, ma MILF presque obligée de montrer ses seins pour qu'un chauffeur daigne nous conduire en banlieue après deux ou trois refus tout juste polis. Je n'ai pas écrit aimables. A Bordeaux je n'en pouvais plus de ces trajets domicile-aéroport avec des gars qui écoutent RMC ou Radio Nostalgie à 6h du mat' et te font des commentaires low level sur les taxes, les impôts et la météo. Tout en répondant au téléphone. Monter dans leur auto se devait d'être vécu par le client au mieux comme une expérience sociologique, la confrontation avec un environnement primitif qui sent bon le pneu, au pire un privilège avec à la clé (de contact... ahahaha), les seuls droits de payer et de se boucher les oreilles.

Ces choses-là se passaient sous l'ancien régime, celui des privilèges, celui de Denise Fabre dans le feuilleton " Madame s'il vous plait ". C'était avant le monde API. Ohlalalala ! Denise Fabre et sa Renault 16 (NDLR : gros doute sur le véhicule) j'étais fan je n'ai raté aucun épisode même si je n'en ai presque aucun souvenir. C'est fou cette association d'idées. J'écris sur les taxis et hop ! me revient à l'esprit une série sur une taxiwoman. Dingue ce que je suis connecté dans ma tête.

Sur un plan purement affectif et impersonnel, je ne connais ni St Christophe ni aucun chauffeur de taxi personnellement, je suis ravi de ce qui leur arrive, en plus je ne trouve aucune excuse à leurs violences et aux dégradations commises hier. La profession a creusé sa fosse année après année en s'opposant à toute réforme, en gonflant artificiellement le prix des licences sur le marché de la revente, en ne se modernisant pas ou trop tard ( le paiement généralisé par CB, hein, si on en parlait ?), et surtout en apportant un service bien souvent déplorable à une clientèle captive. Et puis à force de gueuler contre les charges ils ont fini par donner des idées à d'anciens passagers. PNC aux portes, armement des toboggans...

Pardonnez-moi un instant, je viens de lire une alerte du Figaro à 13h30 jeudi... les chauffeurs de taxis refusent de se rendre à Matignon et demandent la désactivation de l'application UberPop. Fichtre. Les chauffeurs de taxi assis sur l'état de droit ne passent pas par quatre chemins quand ce sont eux qui paient, en voilà une info carburée. Pardon. Moi qui écrivais qu'ils manquaient de sens de l'innovation, exiger la désactivation d'une application pour smartphone sur décision ministérielle, c'est vraiment d'avant-garde juridiquement et technologiquement ! Il m'est d'avis que le repas de midi devait être bien arrosé sous le soleil exactement ( clic).

Maintenant, inspirez, expirez, flexion, extension, un petit effort de concentration pour passer de l'affect à l'intellect. Pour bien comprendre ce qui est aussi en jeu. Je sais, je me la joue docte ce matin, c'est mon côté front de gauche. En plus l'aponévrosite est en moi, je n'ai pas couru depuis 15 jours, c'est dire si j'ai le temps de penser.

En résumé : la nouveauté oui, la concurrence oui, mais à armes égales et sans danger pour les droits des travailleurs et notre système de protection sociale. Camarade ! Je suis de gauche. Bin oui quoi ? Les taxis vs UberPop c'est comme être obligé de gagner un 100 m en tongs contre Usain Bolt pour recevoir sa paie à la fin du mois. Je parle d'UberPop, pas des VTC, soumis à des dispositions légales contraignantes qui permettent justement de s'affronter sur la qualité du service et sa disponibilité. Ou presque. Hormis le prix de la licence. Mais pour le coup la profession n'avait qu'à mieux se réguler, ce n'est pas aux clients d'aujourd'hui de supporter une folle spéculation qui a engraissé des générations d'artisan-taxis.

UberPop n'est pas le gentil OuiOui au volant de sa belle voiture jaune, c'est une entreprise vorace au service de quelques actionnaires en quête de survalorisation boursière et de juteux profits. #JenesuispasUber. Les méthodes d'UberPop combinent finesse technologique, optimisation fiscale, marketing hors pair, low cost et qualité du service, avec une exploitation sans borne des conducteurs consentants. On peut les comprendre vu le contexte économique, mais les chauffeurs d'UberPop bossent sous le statut autoentrepreneur, qui n'a pas été conçu pour eux et plombent le RSI, voire sans aucune couverture sociale ! et s'ils sont sans statut professionnel, ils sont aussi sans assurance pour leurs clients.

Pour faire simple, UberPop c'est l'Amazon du transport de personne, et il est 2 heures moins le quart avant l'uberisation du monde, les gars, réveillons-nous ! l'exploitation de l'homme par l'homme ne doit pas passer aussi par la technologie qui simplifie la vie. Même si les chauffeurs de taxi sont indéfendables, il faut couler la bielle histoire UberPop !

Progrès ou fin du monde, pour vous faire votre opinion lisez encore, cet article de Presse Citron (clic) par exemple, et aussi et surtout les commentaires associés, parfois high level. Instructif. Comme quoi en France on a encore le goût du débat et de la castagne verbale. On a juste un gros problème de classe politique.


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