Bonjour tristesse

Publié le 04 juin 2008 par Véronique Bessard

« Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. C’est un sentiment si complet, si égoïste que j'en ai presque honte alors que la tristesse m’a toujours paru honorable. Je ne la connaissais pas, elle, mais l’ennui, le regret, plus rarement le remords. Aujourd’hui, quelque chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, et me sépare des autres. »*
La tristesse. Qui ne l'a pas ressentie un jour ? Et comme Sagan l’exprime bien, au travers de Cécile qui la découvre pour la première fois.
Les parfums font partie des belles choses de la vie, des plaisirs, qualifiés par certains de futiles. En effet, un parfum ne peut pas grand-chose contre la réalité, juste y apporter un peu de beauté et d’harmonie, parfois murmurer à votre oreille (nez ?) une mélodie connue et apaisante.
Par contre il y en a à éviter lorsque l’on est triste, par exemple Attrape-Cœur de Guerlain. La première fois que je l’ai essayé, j’ai ressenti quelque chose de vague et d'inconfortable. Comme Cécile, je n’ai pas reconnu ce sentiment tout de suite, sûrement parce que je ne comprenais pas, ou ne voulait pas admettre, qu’un telle émotion puisse naître d’un parfum. La violette de AC est comme cette enfant égoïste et gâtée de « Bonjour Tristesse; elle joue avec les sentiments des autres comme avec ses poupées et découvre avec une certaine stupeur les conséquences de ses actes.
Mais je parlerai d’Attrape-Cœur un autre jour, il me faut absolument aujourd’hui trouver un parfum léger et inconséquent. Des idées ?

* Françoise Sagan, Bonjour tristesse.