Les neutrophiles, un type de cellules sanguines appartenant aux globules blancs sont des éléments clés du système immunitaire. En cas d’infection, ils projettent des » NETs « /filets (neutrophil extracellular traps) qui vont capturer les microbes. Cependant cet outil de lutte contre l’infection, en particulier en cas de plaie peut ralentir le processus de cicatrisation, selon cette étude américaine. Les conclusions, présentées dans la revue Nature Medicine, appellent à mieux maîtriser cet effet collatéral, en particulier dans le diabète et ses plaies, mais aussi plus largement dans la polyarthrite rhumatoïde ou la maladie de cardiaque.
Les chercheurs de l’Université de Harvard, de l’Hôpital pour enfants de Boston et de l’Université Penn State montrent qu’ils peuvent accélérer la cicatrisation des plaies chez les souris diabétiques en empêchant ces cellules immunitaires, les neutrophiles de produire ces filets et de tuer les bactéries.
Le Pr Wang Yanming, professeur agrégé de biochimie et de biologie moléculaire à la Penn et co-auteur de l’étude explique que ces fameux filets vont former un maillage dense et toxique qui interfère avec la mobilisation de nouvelles cellules saines et donc la réparation des tissus.
Un problème aigu chez les patients diabétiques, chez qui les neutrophiles ont tendance à produire plus de » nets « . Ce processus contribue ainsi à expliquer, pourquoi, chez ces patients, le retard de cicatrisation est fréquent. Pour mieux comprendre le processus sous-jacent en cas de diabète, les chercheurs ont examiné les cellules neutrophiles de patients atteints, de diabète de type 1 ou de type 2. Ils constatent que ces neutrophiles contiennent 4 fois la quantité normale de l’enzyme PAD4, une protéine qui catalyse la production des nets. De la même manière, des neutrophiles exposés à des niveaux élevés de glucose vont libérer plus de nets que les neutrophiles normalement exposés.
· Ainsi, des souris diabétiques présentant beaucoup de nets dans les plaies vont cicatriser bien plus lentement que les souris normales,
· des souris diabétiques privées de l’enzyme PAD4 cicatrisent plus rapidement.
· éliminer ou contrôler l’expression de l’enzyme PAD4 chez la souris diabétique permet d’accélérer la cicatrisation.
La piste pharmacologique » PAD4 » doit encore être validée chez l’Homme, mais il est d’ores et déjà certain que ces nets prédisposent les patients à l’inflammation, à la maladie cardiaque et à la thrombose veineuse profonde, des risques déjà accrus chez les patients atteints de diabète. » Toute plaie qui entraîne une inflammation se traduit par la production de filets qui viennent entraver le processus de cicatrisation « . Car, dans le cadre de la réponse inflammatoire, les neutrophiles, qui ingèrent et détruisent les bactéries, expulsent leur propre chromatine, un mélange d’ADN et de protéines, sous la forme de filets dans la plaie.
Autre option, s’attaquer à l’ADN des neutrophiles : S’attaquer aux » composants » des nets est l’autre option envisagée ici, avec la DNase 1, une enzyme qui décompose l’ADN. Après 3 jours, des plaies des animaux diabétiques traités par DNase s’avèrent réduites de 20% vs les animaux non traités. De plus, le traitement par DNase accélère aussi la cicatrisation des plaies chez les souris en bonne santé. Plusieurs voies s’ouvrent ainsi pour réduire les effets néfastes de ces nets, des pistes donc à poursuivre dans la cicatrisation des plaies du patient diabétique mais aussi, plus largement, dans les maladies chroniques comme le diabète, la polyarthrite rhumatoïde et la maladie cardiaque, des maladies inflammatoires dans lesquelles l’enzyme PAD4 est impliquée.
Source: Nature Medicine June 15, 2015 doi:10.1038/nm.3887 Diabetes primes neutrophils to undergo NETosis, which impairs wound healing (Visuel@Wang laboratoire, Penn State University@Journal of Cell Biology)
Lire aussi:PLAIES DIABÉTIQUES: La protéine qui ralentit la cicatrisation sous l’effet du sucre -