Pour certains experts, comme le Pr Jean Costentin, la banalisation du cannabis » en le travestissant en médicament » relève d’une stratégie du cheval de Troie, pour le faire entrer dans la cité par la grande porte. Ici, les chercheurs ont également recherché dans la littérature scientifique les essais cliniques portant sur l’usage des cannabinoïdes pour les indications suivantes: nausées et vomissements liés à la chimiothérapie, stimulation de l’appétit dans le VIH / SIDA, prise en charge de la douleur chronique, réduction de la spasticité due à la sclérose en plaques ou la paraplégie, dépression, trouble d’anxiété, troubles du sommeil, psychose, glaucome et syndrome de Gilles de la Tourette.
Les chercheurs d’une dizaine d’instituts de recherche ont effectué un examen de la littérature publiée dans 28 bases de données et analysé le rapport bénéfice risque des cannabinoïdes, précisément en matière d’avantages et d’événements indésirables. 79 études ont été sélectionnées via une double validation, puis les données portant au total sur 6.462 participants ont été consolidées pour la méta-analyse. Pour l’évaluation des » avantages » étaient pris en compte les critères suivants : résultats spécifiques à la maladie, poursuite des activités quotidiennes, qualité de vie, changement global perçu. L’analyse montre :
· une amélioration des symptômes associés aux cannabinoïdes, cependant, dans certains cas, ces associations ne sont pas statistiquement significatives,
· les cannabinoïdes vs placebo, sont néanmoins associés à un nombre supérieur de patients bénéficiant d’une réduction des nausées et des vomissements : 47% vs 20%
· une réduction dans la douleur perçue : 37% vs 31%
· une réduction dans la douleur évaluée par échelle de 0 à 10 points : -0,46 point
· une réduction de la spasticité évaluée par l’échelle Ashworth : -0,36 point
· globalement les preuves sont limitées qui suggèrent une efficacité dans la réduction des nausées et des vomissements en cas de chimiothérapie ou pour le gain de poids en cas d’infection à VIH.
· Les preuves sont considérées de très faible qualité dans la réduction de l’anxiété.
· Aucun effet n’est constaté en cas de psychose ou de dépression.
ØCependant, avec les cannabinoïdes, le risque d’EI à court terme s’avère accru. Ces effets incluent le vertige, la bouche sèche, justement les nausées et vomissements, la fatigue et la somnolence, l’euphorie, la désorientation, la confusion, la perte d’équilibre et des hallucinations.
Les chercheurs concluent donc finalement » à des preuves de qualité modérée « soutenant l’usage médical du cannabis (ou des cannabinoïdes), y compris pour la prise en charge de la douleur et de la spasticité. Certes, même à l’issue d’un examen très large de la littérature, les données restent encore limitées sur l’usage médical du cannabis. C’est donc aussi l’appel à poursuivre des recherches plus larges et à regarder son rapport bénéfices-risques par indication.
Source: JAMA June 23/30, 2015 doi:10.1001/jama.2015.6358 Cannabinoids for Medical UseA Systematic Review and Meta-analysis
Lire aussi :
CANNABIS: Pourquoi il n’est pas et ne saurait être un médicament -
CANNABIS: Ses effets sur la santé? Un état actuel de la science -
CANNABIS: Des experts du monde entier travaillent sur son potentiel thérapeutique -
CANNABIS: Son usage médical est-il envisageable chez l’Enfant? -