Nymphomaniac - vol. 1 - 7,5/10

Un film de Lars Von Trier (2014 - Danemark, Allemagne, France, Belgique, UK) avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Stacy Martin, Shia LaBeouf, Uma Thurman, Christian Slater

Etonnant...

Attention, contient des scènes très explicites

L'histoire : Un vieux monsieur solitaire, Seligman, trouve sur le trottoir une jeune femme évanouie, visiblement blessée, voire tabassée. Il veut appeler une ambulance, la police, elle veut juste une tasse de thé. Ce qui est arrivé devait lui arriver, dit-elle, elle l'a bien cherché. Il l'emmène chez lui, la laisse se reposer et lui demande de raconter son histoire. Elle affirme qu'elle est une mauvaise personne, infréquentable, une nymphomane sans scrupules. Dès l'enfance, elle a trouvé la source du plaisir. Un peu plus tard, ado, avec sa copine, elle faisait des concours à qui coucherait avec le plus d'hommes dans une journée. Puis elle a débuté sa vie professionnelle, en continuant d'accumuler les amants, sans jamais éprouver le moindre sentiment amoureux, ni la moindre compassion pour ceux qui avaient envie d'avoir une vraie relation avec elle.

Mon avis : J'avais très peur de ce film, que son réalisateur qualifiait lui-même de pornographique, ce qui n'est pas du tout, mais alors pas du tout, ma tasse de thé. Mais j'ai une grande tendresse pour Lars et cela me tentait quand même beaucoup. Grâce au billet d'un(e) de mes ami(e)s de blog (je n'arrive pas à le retrouver dans vos index !!!), qui m'a rassurée sur la teneur et le propos, je me suis lancée. C'est choc parfois, certes, mais intéressant tout le temps, et assez fascinant. Du Lars Von Trier, quoi.

Alors, d'abord, oui, mettons les points sur les i, il y a du sexe. Mais beaucoup moins qu'on ne croit (le film a été censuré par la production, pour rester visible en salles, et ce avec l'accord de Von Trier). Et puis les scènes sont - et c'est l'essence même du film et de son titre - totalement froides, anatomiques, cliniques ; ce qui permet d'avoir un oeil tout à fait distancié. C'est si froid que ce n'est même pas érotique. C'est juste cru. Et c'est absolument parfait pour aller où veut en venir le réalisateur : une réflexion sur le sexe et l'amour. Séparation totale du corps et du coeur. Cette jeune femme, nymphomane, qui a sans cesse des rapports, plusieurs fois par jour, juste pour éprouver LA sensation qui l'a interloquée dès l'enfance, se veut surtout rebelle. Rebelle à l'amour, qu'elle s'interdit (alors même qu'elle est amoureuse de l'un de ses amants...), elle se refuse à tomber dans le piège des sentiments. L'amour n'est pas un choix, il vous saute dessus comme ça, il vous rend bête et fragile, soumis. Le sexe vous laisse libre, lui. C'est une façon de voir les choses, qui nous est très bien expliquée dans ce chapitre 1. Et la dernière scène est un véritable cliffhanger... qui nous donne envie de voir le deuxième (aïe aïe... ça a l'air plus hot) ! Quelle sera la suite de l'histoire ? Quel chemin va suivre Joe ? Et surtout comment en est-elle arrivée à la scène 1 du film : laissée rouée de coup sur un trottoir sale... Joe est-elle un être mauvais comme elle le pense ? où commence la perversion ? est-ce un choix de vie, ou une perversion condamnable ?

Bref, j'ai trouvé ça assez brillant ; y compris la réalisation, atmosphère glauque et misérable du quartier où Joe est retrouvée, avec en B.O. du métal qui fait peur ; caméra douce et bienveillante pour les flash-back ; split screens et autres effets pour les scènes "d'action". Un portrait de femme très original et passionnant.

J'ai également été surprise et presque attendrie par la douceur de Lars vis-à-vis de sa jeune héroïne, au travers du personnage de Seligman, qui l'écoute avec bienveillance. Amateur de pêche à la mouche, il compare chacune des étapes du début de l'histoire, à celle que rencontre un pêcheur pour capturer ses poissons ! Connaître leurs planques, leurs faiblesses, comment les attirer... c'est un jeu, une stratégie. C'est exactement ce à quoi se prête Joe pendant la première partie de sa vie.

Mon plus gros choc au final aura finalement été... Uma Thurman, méconnaissable. J'ai vu cette actrice blonde, qui jouait l'épouse trompée d'un des amants de Joe ; j'ai apprécié sa prestation et au bout de dix minutes, je me suis exclamée : "Mais, c'est Uma Thurma ?!?". Mon mari ne l'avait pas reconnue non plus... Bonjour botox et compagnie... Il m'avait bien semblé ces derniers temps qu'elle avait une drôle de tête sur tapis rouge... Bon, on va attendre que ça dégonfle.

A noter que les images de sexe très crues ont été épargnées aux comédiens "traditionnels", doublés en-dessous de la taille par des acteur porno. N'empêche que Shia LaBeouf semble avoir mal supporté... depuis il défraie régulièrement la chronique avec ses frasques. Mais ça n'a peut-être aucun rapport...

La critique est partagée, forcément, comme pour tout film qui bouscule les habitudes. Et c'est tant mieux. Les spectateurs sont tout aussi partagés, avec cependant une moyenne qui tire vers le haut.

Je ne mettrai cependant pas davantage de points. Je préfère tout de même les films plus romantiques !

A noter que ce film passait sur Canal... et qu'on a vainement attendu la diffusion du 2e volet ! Je n'ai plus qu'à me l'acheter en DVD...