Ma bibliothèque Compostellane compte déjà pas mal de livres mais je suis toujours à l'affût. Aussi ai-je embarqué avec un pèlerin géographe.
Le point de départ : Ossen village de la Batsurguère
Il m'a été immédiatement sympathique cet homme : Il admire Elisée Reclus et décide pour ne pas être présent à la rentrée 2011 pour cause de retraite, de prendre son bâton (ferré par le beau-père) et de réaliser son rêve d'enfant.
Il a en effet rêvé des sources du Nil, de Valparaiso et de Compostelle, il avait réalisé les deux premières destinations alors ... Ultreïa
J'ai aimé ce carnet de route, l'oeil de l'observateur est bien grand ouvert, les pleins et les déliés du paysage lui parlent, parfois ils lui parlent en langue de géographe mais le petit lexique ajouté rend les choses tout à fait claires et j'ai même eu beaucoup de plaisir à retrouver des mots oubliés qui dataient de mes lointains cours de géographie : ager, bachère, éteule ou talweg.
C'est tout à fait intéressant de s'attarder sur l'aspect économique ou même sociologique des terres traversées. Découvrir les paysages naturels sous l'angle géologique. L'auteur déchiffre les changements, le recul de l'agriculture traditionnelle, l'abandon complet de certains lieux, des zones industrielles empiétant sur les campagnes.
Ruesta " El Camino laisse la route par une brusque montée et, sur les trois ou quatre kilomètres qui le séparent de Ruesta, suit une ancienne cañada bordée de bui s"
Les petits croquis sont là pour nous éclairer, les villages, les ponts, les pentes verdoyantes, les vergers et les vignes ou la meseta pelée sous le soleil, sont autant de jalons pour ce parcours si particulier.
Mansilla de las mulas " la modernité à transformé un bourg de tierra de barri en décor pour opérette touristique"Mais n'oublions pas les rencontres car ici comme dans beaucoup de récit du chemin, les rencontres sont importantes même si pudiquement l'auteur ne s'appesantit pas sur cet aspect.
Au fil du temps et des quelques 1000 kilomètres, une évolution se fait. Comme tous les pèlerins il va connaitre certains changements et entamer une réflexion sur sa " croyance au progrès matériel et moral de l'humanité. ", faire fi du confort, s'alléger de beaucoup de contraintes.
Le bout du chemin
" le soleil descend et descend, caché derrière les nuages. Je ne sais pas combien de temps, je reste ainsi à noyer mon regard dans l'océan qui s'agite. La nuit tombe doucement et s'installe en catimini."
C'est un récit que l'on lit avec un réel plaisir, j'ai aimé le ton très libre, j'ai aimé la multitude de petits croquis, la liberté prise avec les chemins tout tracés. Une jolie façon de renouveler ce type de récit.
Le livre : Voyage vers Compostelle d'un pèlerin géographe - Alain Cazenave-Piarrot - Editions du Cerf