Comment parler de cette série culte et englishissime pour nous autres foreigners ? Ce Downton Abbey dont l’action débute en 1912 dans le magnifique château des lords de Grantham, avec la stricte séparation entre le monde « upstairs », celui des maîtres, et le monde « downstairs », celui des domestiques, qui se rencontrent mais ne se mêlent (presque) pas ? Cet univers révolu, à la veille de la plus grande catastrophe du XXe siècle, dont l’harmonie, la beauté et les mœurs, superbement reconstitués – mention spéciale aux toilettes et aux décors – nous dépaysent délicieusement ?
J’ai ma petite théorie là-dessus : ce qui nous fascine dans Downton Abbey, c’est un monde de règles strictes que l’on peut choisir soit de respecter, soit de contourner, soit d’enfreindre. Et cela rassure, donne un sens ou une cause à la vie, voire un délicieux sentiment d’interdit (je crois que c’est la deuxième fois que j’emploie le mot « délicieux », non ?!).
Lady Violet
Donc je biaise : j’ai décidé de faire l’inventaire des opinions de Lady Violet Crawley, comtesse douairière de Grantham, personnage à mourir de rire, devenu une icône de la pop culture contemporaine (ironie des ironies !), au point que ses bons mots inondent le net (je ne mets pas de lien, on trouve tout cela grâce à monsieur Gogol).
Elle est jouée par Maggie Smith, extraordinaire avec son regard de vieille chouette perfide. Conservatrice, autoritaire, pincée, mais aussi caustique, décalée et un brin excentrique comme seules savent l’être les vieilles Anglaises biberonnées au five o’ clock tea, à la grandeur de l’Angleterre et à la lecture du Punch, elle est pour beaucoup dans le succès de la série. Elle apporte le grain de folie et de sagesse des fées marraines dans la mécanique bien huilée de l’intrigue.
Accessoirement, cela donne une idée de l’évolution de la série… Pour l’instant, j’en suis à la saison 1.– Lady Violet trouve que la lumière électrique donne l’impression d’être sur une scène de music-hall (et elle s’en protège avec son éventail).
– Lady Violet ne sait pas ce qu’est un « week-end » (c’est une notion tellement « middle class » vous comprenez ;-) ).
– Lady Violet pense qu’un Anglais convenable ne se permettrait jamais de mourir chez les autres (ah, ces étrangers ! Ils ne savent décidément pas se tenir).
– Lady Violet est d’avis que les jeunes filles ne devraient pas avoir d’opinion politique avant d’être mariées, et qu’une fois mariées elles se doivent d’adopter celles de leur mari.
– Lady Violet ne voit pas pourquoi elle immolerait la fierté de son jardinier pour satisfaire celle du vieux Molesley, lors de la compétition florale du village de Grantham (qu’elle remporte rituellement chaque année).
– Lady Violet affirme qu’elle est douce comme un agneau. Presque toujours.
– Lady Violet ne comprend pas que sa femme de chambre la quitte pour aller égoïstement se marier.
– Lady prétend qu’avec l’électricité et le téléphone, elle a l’impression de vivre dans un roman de H.G. Wells [auteur de La machine à explorer le temps, que Lili a chroniqué pour le mois anglais 2015 ;-) ].
Je ne m’en lasse pas !
Laissons-lui le mot de la fin :
Ce billet participe évidemment au mois anglais 2015 (plus que 5 jours avant la fin du mois ! Vais-je terminer ma lecture de Woolf à temps ?!)