L’électronique minimal-synth a depuis la fin des années quatre-vingt et le début de la décennie suivante toujours constituée le trait-d’union le plus court entre expérience live et dancefloor. Ce n’est pas pour rien que l’on retrouve dans les discothèques respectives de Juan Atkins, Derrick May ou Kevin Saunderson les grands classiques de Kraftwerk. Un pont historique donc, une attirance mutuelle, mais qui a eu tendance à s’étioler au fur et à mesure, pour finalement déboucher sur une sorte de chacun chez soi : à la techno les clubbers, à la synth-pop les gothiques version romantiques. On caricature à peine. Sauf que voilà, une sorte de courant semble s’être ré-établit dans les deux sens avec une primeur à cette techno crade et analogique dont on vous baratine le plus grand bien depuis quelques années déjà, mais aussi et surtout de formations usant, tel le duo Canadien Essai Pas, de quelques claviers, boîtes à rythmes et micro pour seul attirail avec en ligne de mire d’indéfectibles mélodies pop réfrigérées, mais terriblement efficaces, balayées de rythmiques aussi dansantes qu’obsédantes, le tout cisaillé de robustes vocalises, anxiogènes et désenchantées. Une sorte de critique sociale à rebours d’un hédonisme éperdu qu’on a déjà relevé à leur égard via l’EP Nuit de Noce (lire) ou leur split avec Police des Mœurs sur Atelier Ciseaux (lire). Dans la lignée du très revêche Retox d’alors, le EP Danse Sociale, magnifiquement encapsulé depuis le 17 juin dernier par les mecs de Teenage Menopause, conjugue avec superbe froideur anguleuse et sensuelle lascivité tout en installant confortablement Pierre Guerineau et Marie Davidson en tête de nos tracklists. Ou quand la synth-pop se dessine au couteau dans un lit de transpiration.