[Critique] ENTOURAGE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Entourage

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Doug Ellin
Distribution : Adrian Grenier, Kevin Dillon, Kevin Connolly, Jerry Ferrara, Jeremy Piven, Billy Bob Thornton, Emmanuelle Chriqui, Haley Joel Osment, Ronda Rousey, Emily Ratajkowski, Debi Mazar, Constance Zimmer, Nora Dunn, Rhys Coiro, Rex Lee, Perrey Reeves, Mark Wahlberg…
Genre : Comédie
Date de sortie : 24 juin 2015

Le Pitch :
Ari Gold, le célèbre agent des plus grandes stars hollywoodiennes, vient d’être nommé à la tête d’un prestigieux studio de cinéma. La superstar Vincent Chase, son ancien client, toujours accompagné de ses meilleurs amis, Eric, Turtle, et Johnny Drama son demi-frère, lui même acteur, mais en nettement moins adulé, saute sur l’occasion pour lui demander de réaliser son premier film, une super production dans laquelle il tient également le premier rôle. Dès lors, les difficultés s’enchaînent…

La Critique :
La série HBO Entourage, s’est achevée en septembre 2011 au terme de 8 saisons affolantes. L’idée de transposer les aventures de la superstar Vincent Chase au cinéma est quant à elle, née quelques mois plus tard. Un projet super excitant pour tous les fans du show désireux de retrouver les personnages dont ils avaient suivi les aventures pendant 8 ans, mais pour autant risqué. Risqué car le film se condamnait d’emblée à un statut bien particulier. Qui allait avant tout se presser dans les cinémas pour découvrir cette adaptation ? Les fans de la série. Bien sûr, certains auront pris le train en marche, mais étant donné que le long-métrage prend pied 6 mois après la fin des événements de la série et qu’il s’envisage comme un luxueux épisode, pouvait-il vraiment espérer conquérir un nouveau public ?
Entourage, le film essaye quoi qu’il en soit de ne pas exclure les nouveaux spectateurs. En France, Canal + a même mis à disposition des abonnés au service Canal Play l’intégrale des épisodes. Tout a été fait pour conquérir un nouveau public, qui serait passé à côté du phénomène à l’époque de sa diffusion, plutôt confidentielle chez nous. Et si il est vraiment appréciable de pouvoir aller voir Entourage en salle, il faut reconnaître qu’il est étrange que le distributeur n’ait pas plutôt opté pour une sortie en vidéo (à l’image du film Hello Ladies par exemple).
Moralité : oui, Entourage peut très bien s’apprécier indépendamment de la série, mais oui, il s’avère encore plus jubilatoire quand on a vu la série.

Doug Ellin, le créateur du show, a tenu a porter lui-même le film. Il l’a écrit, co-produit et réalisé. Mark Wahlberg, qui, rappelons-le, est un peu à la base du concept, si on considère qu’Entourage s’inspire de son arrivée à Hollywood et de tout ce qui s’ensuivit, est aussi de la partie et nous gratifie également d’une jolie apparition. Pour résumer, Entourage le film est resté entre les mains de tous ceux qui ont contribué à faire du show TV l’un des meilleurs du genre, et c’est une excellente chose. Derrière la caméra et devant bien entendu. En cela, outre le fait que les principaux protagonistes tiennent toujours le haut du pavé, le long-métrage a aussi rameuté une grande partie des personnages secondaires et des guests les plus plébiscités, comme Gary Busey, Andrew Dice Clay, Martin Landau, ou Bob Saget. Une liste à laquelle s’ajoutent d’autres grands noms comme Liam Neeson, Emily Ratajkowski ou Ronda Rousey, la championne UFC vue récemment dans Fast & Furious 7 et Expendables 3. Le casting ,ahurissant, voit défiler un nombre impressionnant d’acteurs, de premier ou de second plan, quelque fois très fugacement, et d’autres fois à l’occasion de séquences plus consistantes. Le but étant le même que celui de la série : reconstituer fidèlement à l’écran le microcosme hollywoodien et inviter à la fête le spectateur. Sur grand écran comme sur le petit, ça fonctionne à fond les bananes, et Entourage assoit sa suprématie et reste la meilleure fiction sur l’envers du décors de la machine à rêve qu’est Hollywood.
Concernant le scénario, là encore, le long-métrage adopte la même rythmique et le même ton que celui de la série. On suit à nouveau l’acteur Vincent Chase mais au fond, il s’agit toujours d’un prétexte pour mettre en valeur les véritables héros que sont Ari Gold, Eric, Johnny Drama et Turtle. Particulièrement en forme, Doug Ellin ne cherche pas à compliquer son script et conserve la même dynamique. Pas par fainéantise, mais plutôt pour conserver une certaine simplicité et donc in fine l’efficacité et la nervosité du concept. Hilarant, percutant et même plutôt émouvant dans son dernier acte, Entourage tape dans le mille et s’avère au moins aussi jouissif que prévu. Doug Ellin et ses boys ne sont pas revenus pour rien. Tout le monde est sur la même longueur d’onde et prêt à en découdre. Très en forme, les comédiens communiquent immédiatement le plaisir qu’ils éprouvent à retrouver leur personnage fétiche et comme dans la série, ce sont surtout l’épatant Kevin Dillon et le fabuleux Jeremy Piven, respectivement Johnny Drama et Ari Gold, qui crèvent l’écran à chacune de leurs apparitions. Mention à Haley Joel Osment, le gamin de Sixième Sens, aujourd’hui grand et pour le coup vraiment impeccable dans la peau d’un fils à papa tête à claques.
Entourage ne s’y trompe pas. Fort d’une solide expérience, il donne au public tout ce qu’il désire et se permet également de faire évoluer ses personnages. Que ce soit Eric, Turtle ou Vincent, peut-être moins spectaculaire que Ari et Johnny, mais tout aussi indispensable à l’alchimie unique qui caractérise toute l’entreprise. Sans oublier la belle Sloan, interprétée par Emmanuelle Chriqui.

Si on devait absolument trouver une ombre au tableau, ce serait certainement cette impression persistante de regarder un long épisode plutôt qu’un film de cinéma. Quand on a passé 8 ans aux côtés des protagonistes, les retrouver dans un format différent ne change finalement pas grand chose. L’enthousiasme est certes décuplé, mais cela vient avant tout du fait que la série s’est maintenant arrêtée depuis presque 4 ans. Doug Ellin, comme souligné plus haut, n’a pas voulu tomber dans la piège des nombreuses adaptations de séries qui veulent absolument miser sur l’outrance. Ici, pas d’esbroufe si ce n’est le défilé des stars, parfois juste le temps d’un gag. Entourage reste Entourage mais il est légitime de se demander si il n’aurait pas été préférable qu’HBO finance plutôt une nouvelle saison, où les mêmes enjeux auraient été développés.
Cela dit, si il est normal de soulever cet aspect du long-métrage, il est aussi crucial de signaler que cela ne gâche en rien le plaisir. Entourage est un film généreux et fédérateur. Il coule de source, s’avère immersif et mise tout sur l’interprétation et sur l’écriture. En moins de 2 heures, il arrive à raconter une histoire pleine de rebondissements, d’une fluidité exemplaire.
Il est donc fortement conseillé à toutes celles et ceux qui n’ont jamais vu un épisode, de se jeter sur l’intégrale et de courir voir le film. Les rouages du cinéma n’ont jamais eu autant de gueule. Drôle, sexy, fidèle à ses idéaux, Entourage le film gagne sur toute la ligne. Un des temps forts de l’année cinéma, à n’en pas douter. Et pour une fois, croisons les doigts pour une suite !

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Warner Bros.