- que selon Wikileaks, des rapports d'analyse de la NSA, l’Agence nationale de sécurité américaine, montrent que trois présidents français, Chirac, Sarkozy et Hollande, ainsi que de nombreux ministres, ont été espionnés par les renseignements américains de 2006 à 2012. Première réaction, on s’outre. On s’indigne. Quelle déloyauté, entre alliés ! Quelle infamie, quel scandale ! Les USA doivent s’excuser, et réparer le préjudice, par exemple en fournissant les conversations téléphoniques de Barack et des futurs présidents pendant 6 ans. Ou alors, on peut avoir d’autres réactions. On peut plaindre les pauvres agents américains qui ont écouté Jacques parler sumos, Nicolas parlementer avec Cécilia et François gérer Valérie ou Julie. On peut se dire, aussi, que si les américains ont espionné, les français ont peut-être espionné aussi, sauf à être moins bons hackers. Et on peut ajouter, également, que les renseignements français étaient peut-être au courant de l’espionnage des renseignements américains, et que nos présidents ont appris à utiliser un langage codé, ou ont dit, dans les téléphones, tout bas, le contraire de ce qu’ils pensaient tout haut, en bas, dans des pièces capitonnées et protégées. En tout cas, on ne sait pas qui a écouté qui, et surtout ce qui en a été retenu, mais quand on voit le monde tel qu’il est, les analystes ne semblent vraiment pas très bons en déductions intelligentes. Alors pourquoi en faire un paragraphe aujourd’hui ? Pour ne plus en parler demain ? On peut essayer de l’espérer.
- que les soldes d'été ont démarré officiellement hier matin à 8 heures, pour une durée de 6 semaines, et non plus 5, en raison de la suppression des soldes flottants. Vous avez thésaurisé pendant qu’il était temps, au moment où vous le pouviez, lorsque vos mois le permettaient, en vous restreignant un peu, en vous serrant la ceinture beaucoup, ou en vous nouant l’estomac si vous n’aviez pas de ceinture ? Vous avez les euros qui vibrent, le porte-monnaie plein, la carte bleue dépoussiérée, les doigts entraînés, agiles et souples ? Vous savez lire 50%, 75% ? Vous savez faire le calcul des économies potentiellement réalisables si on les soustrait à la somme initiale ? Mais vous comprenez tout de même la nuance entre moins 50% et jusqu’à moins 50% ? Alors, vous êtes prêts ! Vous allez pouvoir vous ruer. Sauf si vous avez répondu non à toutes les questions précédentes. Sauf si vous faites partie des 53%. Quels 53% ? L'été dernier, 64% des Français considéraient les soldes comme la meilleure stratégie pour faire de bonnes affaires, ils ne sont plus que 47% à le penser cette année. Alors pourquoi en faire un paragraphe aujourd’hui ? Pour ne plus en parler demain ? On peut essayer de l’espérer.
- que 23 états américains et de nombreux pays dans le monde ont légalisé ces dernières années l'usage médical du cannabis. On s’interroge régulièrement en France sur la chose, et sur la légalisation, ou la dépénalisation du produit. L’efficacité thérapeutique est un argument fort, un argument béton en faveur de l’usage, un usage qui pourrait s’étendre au récréatif, qui serait contrôlé, contrôlé par l’Etat, l’Etat qui pourrait même gagner de l’argent dans l’affaire. Et puis, certains pourraient avancer : le récréatif ne peut pas être mauvais, bien dosé, si le thérapeutique est si efficacement thérapeutique. Mais, dans ce genre de circonstances argumentaires, il faut quand même, au départ, que l’argument principal tienne. Et bien, patatras, une étude américaine, qui a analysé les résultats de 79 essais cliniques sur 6500 participants, montre que si le psychotrope apporte une amélioration variable des symptômes, aucun de ces essais cliniques ne parvient à le démontrer statistiquement. Efficacité thérapeutique incertaine, donc, conclut l’étude. Tout est à revoir ? Possible. Alors pourquoi en faire un paragraphe aujourd’hui ? Pour ne plus en parler demain ? On peut essayer de l’espérer.
Magazine Humeur
jeudi 25 juin 2015