Les timbres, ces œuvres d’art en miniature

Par Artetvia

Quel objet plus usuel qu’un timbre-poste ?

Le timbre a d’abord un objectif éminemment pratique : affranchir le courrier et donc participer aux frais d’acheminement. Auparavant, c’était le destinataire qui devait payer la course… A sa naissance, en Grande-Bretagne en 1840, il était illustré par le buste du souverain, une souveraine en l’occurrence puisqu’il s’agissait de la jeune reine Victoria. En France, le premier timbre fut émis le 1er janvier 1849, avec la figure de Cérès, déesse romaine de l’agriculture, rapidement remplacée par Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III.

Aux portraits officiels, d’usage courant, ont succédé des séries thématiques, mettant en scène le patrimoine français, des personnages célèbres, des savoir-faire et institutions ou bien des « causes » (la Croix-Rouge depuis 1914 et chaque année depuis 1950 par exemple). Plus tard, apparaissent les reproductions d’oeuvres d’art.

Pour ce type de timbres, les graveurs doivent faire preuve d’une technique irréprochable et d’une imagination fertile : la surface disponible est en effet très petite, surtout si l’on ôte l’espace réservé pour la légende et la valeur faciale. Il faut que l’illustration soit lisible et belle.

Si la technique la plus courante, et la plus ancienne avec la typographie, est la gravure en taille-douce, d’autres sont apparues au cours des âges : héliogravure puis offset.

S’il est une technique où tout l’art du graveur peut s’exprimer, c’est bien la taille-douce. L’artiste grave son dessin sur un bloc d’acier doux au moyen d’un burin. Cet outil laisse une gravure très nette, contrairement à la pointe sèche qui peut laisser des barbes. La gravure est réalisée… à la taille définitive (c’est-à-dire que c’est tout petit, quelques centimètres carrés au maximum). Le bloc obtenu est appelé le poinçon original, il est durci puis transféré par pression sur une molette courbe et reporté autant de fois que de nombre d’exemplaires par planche.

Il faut avouer que le monde des graveurs de timbres est assez restreint et peu connu du grand-public, alors que leurs œuvres nous sont familières. Qui sait par exemple que le portrait d’Elisabeth qui orne tous les timbres anglais d’usage courant depuis 1967 est l’œuvre d’Arnold Machin, également céramiste et sculpteur ? Le plus grand graveur de timbre français (des dizaines de réalisations pour vingt-deux pays) s’appelle Pierre Forget. Les lecteurs d’Artetvia le connaissent car il a illustré la série Thierry de Royaumont qui a fait l’objet d’un des premiers articles de ce blog. Enfin, Edmond Dulac, graveur de la première Marianne d’après-guerre (1944-1947), était aussi décorateur pour le théâtre et illustrateur de romans.

D’un autre côté, certaines personnalités ont été invitées à dessiner ou graver des timbres, c’est le cas de Jean Cocteau avec une Marianne sortie en 1961 et gravée par Decaris (très laide d’ailleurs, rien à voir avec la Sabine ou la Marianne d’Alger). Autre exemple, Alphonse Mucha, qui a dessiné une série pour la Poste tchécoslovaque et Georges Mathieu qui a réalisé un timbre en 1980.

Nous n’y faisons pas attention, mais certains d’entre eux sont tout simplement magnifiques et requièrent un grand talent de la part du dessinateur et du graveur.

Voici donc quelques exemples, parmi des milliers de beaux timbres.

Alors, désormais, vous regarderez plus attentivement vos timbres ?