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Selon des chiffres publiés en 2014 par l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT), l’usage problématique des écrans toucherait entre 1 et 2% de la population générale et 5% des adolescents, tandis qu’un élève sur huit ferait un usage excessif des jeux vidéo, soit trois élèves par classe en moyenne. Le CESE a décidé d’inclure l’usage excessif de ces produits, qui ne sont pas addictifs par eux-mêmes, dans son rapport, soulignant que les mécanismes en cause (recherche d’un plaisir immédiat ou d’une compensation) tout comme les risques (isolement, désocialisation) sont "très proches" de ceux existant dans les addictions. "Les jeux les plus nocifs sont les jeux répétitifs, (...) ceux qui créent une réalité virtuelle et reposent sur un fonctionnement en réseau" souligne le CESE, ajoutant que le caractère addictogène peut également dépendre de la "fragilité" du joueur. Le produit le plus addictif reste le tabac (32% des consommateurs en sont dépendants), suivi de l’héroïne (23%), de la cocaïne (17%) et de l’alcool (15%). Mais le CESE note que les jeux vidéo sont aussi le 2e motif de consultation médicale après le cannabis, à égalité avec l’alcool et le tabac, ce qui justifie, à ses yeux, une évaluation des jeux les plus addictogènes par un comité d’experts indépendants ainsi que la mise en place par les pouvoirs publics d’une signalétique obligatoire.
Pour lutter contre le tabagisme, qui fait plus de 70 000 morts en France chaque année, et l’alcool (50 000 morts), le Conseil préconise de renforcer le contrôle des stratégies marketing développées par les fabricants et des actions de lobbying au Parlement, par le biais notamment d’un renforcement du rôle du registre public des représentants des groupes d’intérêts. Sur la question du cannabis, expérimenté en France par un tiers des adultes, il note qu’"en dépit d’une politique répressive", la part des personnes ayant consommé du cannabis dans l’année est estimée à 8,4% chez les 15-64 ans, "soit le taux le plus élevé d’Europe". Il suggère en conséquence l’ouverture d’un débat public sur "l’échelle des sanctions" prévues pour la consommation de cannabis et "d’explorer" toutes les propositions sur la table, y compris la dépénalisation du produit. Autre phénomène nouveau, les jeux d’argent et de hasard sur internet ont connu une progression spectaculaire depuis 2010, date de leur ouverture légale en ligne : grâce à une offre pléthorique (800 sociétés hébergées dans 70 pays), ces jeux touchent désormais 4,1% de la population française, soit environ 2 millions de personnes. Certains d’entre eux comme le poker ou les machines à sous sont plus addictifs que le loto, note le CESE qui souligne qu’au total, un million de joueurs présentent un risque modéré et 200 000 sont des joueurs "excessifs". Parmi les recommandations destinées à lutter contre les addictions en général, le CESE insiste sur une plus grande implication des établissements scolaires et des entreprises ainsi que sur un financement plus pérenne des associations qui accompagnent les consommateurs et leurs familles.FG