retour sur sensation....

Publié le 24 juin 2015 par Micheltabanou
Au détour d'une fin de Conseil Municipal et une évocation de cette "affaire algérienne" qui a illustré les débuts de mon second mandat j'ai été amené à revisiter mes souvenirs si éclatants d'un pays que je découvrais grâce à l'amitié de Mouhib Khatir, grand militant humaniste entré en résitance contre les corruptions.

Ce retour mental en direction d'une Algérie quitée il y a un peu plus d'un an maintenant m'a entrainé non loin de Tipaza entre Cherchel et Alger où s'élèvent les ruines monumentales d'un vaste mausolée que les Berbères désignent sous le nom de " K'bour Roumia ", " le Tombeau de la Chrétienne ". C'est une étonante merveille que mon ami allait offrir à mon regard surpris par ce monticule de pierre ocres se détachant sur un ciel azuré. Une présence séculaire érodée, il m'en souvient par les rafales d'un vent chaud corrosif. Un mystère. Il s'agit en fait du mausolée royal de Juba II de Maurétanie et de sa femme, Cléopâtre Séléné. De nombreuses légendes s'attachent à ce monument et aux richesses fabuleuses qu'il contiendrait. Aussi n'est-il guère étonnant que de nombreuses tentatives aient été faites de tout temps pour en percer le mystère. Un pacha d'Alger, du XVIe siècle, s'avisa de " fouiller " le monument à coups de canon (!) et, plus près de nous, des fouilleurs du XIXe siècle n'hésitèrent pas à employer des bâtons de dynamite. Le mausolée eut donc à souffrir de bien des déprédations, mais il a, malgré tout, conservé son secret.


En 1866, on découvrit un hypogée, un couloir en spirale, passant par plusieurs caveaux, mais ces derniers étaient vides et n'avaient jamais été employés comme tombeaux. Malgré de patientes et minutieuses recherches, le mausolée de Juba II reste inviolé. Marcel Christofle, architecte en chef des Monuments Historiques, s'est occupé pendant de longues années du K'bour Roumia. Il s'est efforcé de le sauver de la ruine complète et de le restaurer, dans la mesure du possible. Ce n'était pas là tâche aisée, mais avec une patience infinie il s'y est attelé et il a, malgré les difficultés sans nombre, obtenu des surprenants résultats. Si aujourd'hui le Tombeau de la Chrétienne semble définitivement sauvé et est en grande partie restauré dans son état primitif, c'est avant tout à l'abnégation et à la compétence de M. Christofle qu'on le doit.

Il faut pouvoir vous livrer quelques chiffres qui caractérisent ce mausolée, ce Tombeau de la Chrétienne (Kbar - Roumia): 261 mètres d'altitude. 64 mètres de diamètre 40 mètres (à peu près) de hauteur Il se compose de: Un tambour cylindrique reposant sur une base carrée 60 colonnes décorent les parois du tambour aux 4 points cardinaux se dressent 4 portes, dont les moulures ont l'aspect d'une grande croix. Ce tombeau constitue un vaste amas de pierres présentant à l'intérieur des couloirs et des chambres dont la disposition a été reconnue à la suite des fouilles faites en 1865-66 par Berbrugger et Mac-Carthy, sous le patronage de Napoléon III. On ne peut aujourd'hui y pénétrer et nous devons pouvoir nous contenter des descriptions qui nous sont parvenues. L'entrée du mausolée est fort étroite et se trouve dans le soubassement, sous la fausse porte de l'Est. De là un petit couloir donne accès à une chambre voûtée dans laquelle se trouve sur un de ses murs, sculptées grossièrement un lion et une lionne. Au-dessous de ces bas-reliefs s'ouvre un autre couloir qui mène à un escalier de 7 marches, puis à une large galerie circulaire de 150 m de longueur. En la suivant on arrive à un 3ème couleur et à deux salles voûtées qui se trouvent au centre même du monument. La première salle paraît avoir été un vestibule La seconde offre 3 niches qui étaient destinées à contenir des urnes cinéraires. On peut supposer que le caveau funéraire se trouve à un niveau plus bas. C'est un auteur latin, au 1er siècle après J.C qui constata son existence entre Alger et Cherchell. Ce mausolée a servi de sépulture à une famille de rois maures " monumentum commune regiae gentis ". On admet qu'il aurait été construit par le roi Juba II. S'attache également à ce monument une légende qui nous donne toute une saveur d'un temps disparu mais étrangement intact pour qui sait regarder au plus près ces pierres érodées. Il nous est conté l'histoire d'un arabe de la Mitidja, Ben-Kassem, qui ayant été fait prisonnier de guerre par les Chrétiens, fut emmené en Espagne et vendu comme esclave à un vieux savant. Il ne se passait pas un jour sans que Ben-Kassem ne pleurait de la séparation de sa famille, qu'il craignait de ne plus revoir. " Ecoutes lui dit son maître, je peux te rendre à ta famille et à ton pays, si tu veux me jurer de faire tout ce que je vais te demander. Tout à l'heure tu vas embarquer sur un bateau en partance pour ton pays, tu vas voir ta famille, passes trois jours avec elle. Tu te rendras ensuite au Tombeau de la Chrétienne, et là, tu brûleras le papier que voici, sur le feu d'un brasier et tourné vers l'Orient. Quoi qu'il arrive, ne t'étonne de rien et rentre sous ta tente. Voilà tout ce que je te demande en échange de la liberté que je te rends ". Ben-Kassem ne voyant rien de contraire à sa religion dans l'exécution du projet du savant, fit ponctuellement ce qui lui a été recommandé ; mais à peine le papier qu'il avait jeté dans le brasier fut-il consommé, qu'il vit le Tombeau de la Chrétienne s'entrouvrir pour donner passage à un nuage de pièces d'or et d'argent qui s'élevait et filait, du côté de la mer, vers le pays des Chrétiens. Ben-Kassem, immobile d'abord à la vue de tant de trésors, lança son burnous sur les dernières pièces, et il put en ramener quelques-unes. Quant au tombeau, il s'était refermé de lui-même, le charme était rompu. Ben-Kassem garda longtemps le silence ; mais il ne put se retenir de conter une aventure aussi extraordinaire. Cette histoire fut connue du Pacha lui-même. Le Pacha Salah-Raïs régna de 1552 à 1556, il envoya un grand nombre d'ouvriers au Tombeau de la Chrétienne, avec ordre de le démolir et d'en rapporter les trésors qu'ils y trouveraient. Mais le monument avait été à peine entamé par le marteau des démolisseurs, qu'une femme, chrétienne sans doute, apparaissant sur le sommet de l'édifice, étendit ses bras sur le lac, au bas de la colline, en s'écriant : "halloula ! halloula ! à mon secours ! " et aussitôt une nuée d'énormes moustiques dispersa les travailleurs. Plus tard, Baba-Mohamed-Ben Othmane, pacha d'Alger de 1766 à 1791, fit démolir à coups de canon, et sans succès, le revêtement Est du Tombeau de la Chrétienne. A 2 kms ouest vers la mer on a les carrières ou cavernes qui ont fourni les pierres pour le Tombeau de la Chrétienne.