Vice Versa // De Pete Docter. Avec la voix VO d’Amy Poehler, Bill Hader et Mindy Kaling.
Pixar revient avec un tout nouveau film d’animation et forcément, c’est un évènement. En effet, on n’avait pas vu de film Pixar depuis Monstres Academy (2013) et pour une fois, ce n’est pas une suite. En effet, Vice-Versa nous plonge dans un tout nouvel univers, celui de la personnalité et des émotions. C’était difficile à construire comme monde mine de rien, mais le scénario est astucieux et parvient à utiliser des éléments que l’on a forcément connu dans sa vie afin de nous faire croire qu’il y a dans notre tête quelque chose qui gère nos souvenirs à long terme, nos personnalités, nos émotions, etc. C’est assez ingénieux mais c’est aussi brillant dans sa façon d’être développé. Car le film ne s’arrête pas là, il veut aussi nous raconter une histoire, une vraie aventure au sein de ce Q.G. Au début il est difficile de comprendre ce que veut vraiment faire Vice-Versa mais au début c’est une vraie comédie avec la Joie qui tente de gérer tout le monde afin d’éviter que la vie de la petite Riley ne se transforme en flots de colère ou de tristesse. Le début nous raconte donc la naissance de la petite, comment elle a grandi au fil des années, etc. C’est une sorte de carte postale géante de la vie de quelqu’un. Le côté ultra mignon de ces moments nous permet de nous attacher tout de suite à Riley mais aussi aux petits membres du Q.G.
Au Quartier Général, le centre de contrôle situé dans la tête de la petite Riley, 11 ans, cinq Émotions sont au travail. À leur tête, Joie, débordante d’optimisme et de bonne humeur, veille à ce que Riley soit heureuse. Peur se charge de la sécurité, Colère s’assure que la justice règne, et Dégoût empêche Riley de se faire empoisonner la vie – au sens propre comme au figuré. Quant à Tristesse, elle n’est pas très sûre de son rôle. Les autres non plus, d’ailleurs… Lorsque la famille de Riley emménage dans une grande ville, avec tout ce que cela peut avoir d’effrayant, les Émotions ont fort à faire pour guider la jeune fille durant cette difficile transition.
Et puis un déménagement à San Francisco va tout changer dans la vie de Riley. Elle va perdre tous ses repères et c’est à ce moment là que la tristesse et la joie vont se retrouvent perdu au milieu des souvenirs à long terme. Ils vont devoir tout faire pour revenir au Q.G afin de sauver Riley qui est en train de perdre toutes ses personnalités. C’était une aventure très saugrenue au fond mais chargée en émotions. Cela m’a énormément rappelé ce que Pixar avait pu faire avec Toy Story dans les années 90. Il y a d’ailleurs un peu de ça là dedans. Et le film parvient aussi à parler aux enfants avec un sujet bien moins adulte que ce que l’on avait pu voir dans des films comme Rebelle par exemple. Ici Pixar s’est associé à Pete Docter, le réalisateur de Là Haut afin de créer des personnages authentiques et surtout très proches des enfants. Les adultes ne sont pas en reste. On retombe à la fois en enfance (à se souvenir de comment on était quand on était enfant mais ici du point de vue de nos petits personnages) mais l’on retrouve également tout un tas de bonnes surprises au fil de l’épisode que j’ai tout simplement adoré. C’est aussi une bonne comédie avec tout un tas de petites répliques amusantes et un personnage terriblement drôle : la Tristesse. Qui aurait pu croire que la Tristesse puisse être le meilleur personnage ? Pas moi au départ.
Et pourtant, c’est ce qui va se passer. Mais ce qui fait aussi le succès de Vice-Versa c’est sa façon de renouer avec ce qui faisait le succès de Pixar avant que le groupe ne soit racheté par Disney. C’était des gens avant-gardistes dans le monde de l’animation, qui cherchaient toujours à créer des univers uniques et différents de tout ce que l’on pouvait voir en face. Depuis, tout le monde a tenté de les copier (comme Dreamworks par exemple) sans parvenir à les égaler. Si Pixar a connu des bas, voire des très bas (Rebelle), visuellement elle a toujours réussi à rester elle-même. C’est pour cela que le film de Pete Docter est presque un chef d’oeuvre. Je dis presque car il y a des Pixar qui m’ont encore plus touché (Toy Story 3, Là Haut, Wall E) mais cela ne veut pas pour autant dire que je range celui-ci dans la mauvaise catégorie. Bien au contraire, la créativité et l’humour font que ce film émerveille instantanément son spectateur sans que ce dernier ne s’en rende réellement compte. Et puis l’émotion laisse le spectateur dans un flot de larmes qu’il ne peut contrôler à la fin (à condition d’être touché par le tout bien entendu, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus difficile). Il était temps que Pixar rétablisse sa suprématie dans le monde de l’animation et Vice-Versa vient de nous le prouver.
Note : 9/10. En bref, avant-gardiste, drôle et touchant à la fois, Vice-Versa est une excellente surprise.