Ce
matin, trois journaux du Río de la Plata faisaient un article,
parfois deux, sur les festivités qui entourent à Buenos Aires le
quatre-vingtième anniversaire de la disparition physique de Carlos
Gardel, que les deux pays riverains se disputent.
Página/12
fait une revue générale de toutes les manifestations, y compris les
propositions du Museo de la Ciudad, dirigé depuis deux ans par
l'ancien directeur du Museo Casa Carlos Gardel. C'est vous dire s'il
est à son affaire dans son nouveau poste : c'est lui qui avait
pris en charge le musée de l'Abasto dès son ouverture.
La
Nación fait deux articles, l'un sur le quotidien sous la plume de
son chroniqueur musical Gabriel Plaza, l'autre dans le supplément rock
n'roll, Rolling Stones, sur le disque présenté ce soir au Museo
Casa Carlos Gardel (et qui ne me paraît pas bien convaincant) :
Rolling Stones offre deux exemples musicaux avec deux versions de Por
una cabeza (de Gardel et Le Pera), chantée par Gardel (en vidéo)
puis par Kevin Johansen, l'un des artistes de rock qui participe à
cet album. Je vous laisse juges...
La tombe de Carlos Gardel, photographiée par mes soins un jour d'hiver (août 2008)
En Uruguay, El País consacre un long article au plus beau sourire du tango, en présentant comme une vérité historique assurée la légende uruguayenne de la naissance dans la ville de Tacuarembó du grand artiste, une véritable obsession orientale. Le pays tient absolument à affirmer que la date et le lieu de naissance qui figuraient sur les papiers du chanteur que l'on a trouvés sur son corps, à moitié calcinés, lorsqu'on l'a retiré des cendres de son avion. Comme je vous l'ai raconté à plusieurs reprises ici, cette légende s'appuie sur une fausse déclaration de naissance que Carlos Gardel était allé faire en 1920 au consulat uruguayen pour se faire faire des papiers sans passer par la représentation française puisqu'il aurait été susceptible d'être arrêté pour ne pas avoir répondu à la mobilisation générale d'août 1914 (il avait alors 24 ans, il était donc mobilisable mais ce lointain conflit ne concernait pas un homme qui se considérait d'abord et avant tout comme Argentin, même s'il n'en avait pas officiellement la nationalité). Vous retrouverez toute cette histoire en français dans ce blog et dans mon livre, Barrio de Tango (Editions du Jasmin), ainsi que dans les pages Gardel de Todo Tango (mais attention, là, il faut lire l'espagnol).
Comme vous le voyez sur la une de La Nación, l'actualité est assez dense en Argentine aujourd'hui avec la démission soudaine et inattendue du chef d'état-major des forces armées, le général César Milani, qui a demandé et obtenu sa mise à la retraite. L'homme est mis en cause par la mère d'un disparu sous la dictature : elle est persuadée qu'il a livré son fils, un appelé qui lui servait alors d'ordonnance, à la répression politique du moment. Les faits ne sont pas avérés. Le général Milani a avancé des raisons d'ordre strictement privé pour appuyer sa demande. Cela n'en ait pas moins sujet à commérage et à spéculation à n'en plus finir dans toute la presse, des deux côtés de l'estuaire, qu'elle soit de droite ou de gauche. Sans parler des coupures d'électricité qui sont nombreuses dans tout le pays, pour lequel la production d'énergie n'est pas encore suffisante en cas de pics de froid (c'est le cas depuis une bonne semaine dans une grande part du territoire national) et de canicule (ce qui est fréquent l'été).