James Murphy, leader du groupe LCD SoundSystem s’est donné l’objectif de métamorphoser les sons disgracieux des tourniquets du métro new-yorkais en une agréable mélodie.
La sonorisation des transports en commun a fréquemment suscité l’intérêt de certains artistes comme Rodolphe Burger, ex-leader du groupe Kat-Onoma, par exemple. Sur le parcours de la ligne du tramway T3 à Paris, l’objectif était d’incarner la voix du peuple à travers des voix d’hommes, de femmes, d’enfants ou encore de personnes âgées pour personnaliser chaque message. Une réalisation toute à fait discutable tant la disparité entre les stations conférait à l’ensemble un caractère étrange et assez déstabilisant.
Le projet « Subway Symphonie » va quant à lui beaucoup plus loin en transformant directement le matériel de contrôle en instrument de musique. Cette idée, James Murphy la développe depuis maintenant 20 ans. Aujourd’hui soutenu par le géant de la bière Heineken, le projet se matérialise autour d’une campagne dédiée qui promeut le concept. L’objectif de James Murphy est de transformer l’heure de pointe en une symphonie qui « deviendra le plus beau moment de la journée » pour les usagers. A travers cette démarche, il souhaite réellement valoriser le métro qui représente pour lui «le joyau de New-York». Malheureusement, ce projet n’est pas du goût de tout le monde : la Metropolitan Transportation Authority, qui gère le métro de New York, s’oppose au projet. Selon son porte-parole Adam Lisberg, »c’est une très bonne idée, mais les sons que l’on entend en passant le tourniquet aident les personnes malvoyantes à savoir si elles peuvent passer la barrière. Pour accomplir ce projet, il faudrait mettre en péril quelque chose de vital pour les malvoyants et nous ne pouvons pas faire cela. »
James Murphy et son partenaire Heineken ne comptent pas s’arrêter là et entament actuellement des discussions auprès d’experts. Ce projet ambitieux remet en question l’ensemble d’une sonorisation particulièrement vieillissante. De plus, le son comme signalisation pour les malvoyants reste ce qu’il y a de plus approprié. La question est plutôt de savoir comment lier signalisation, information, créativité et harmonie. Il s’agit de surpasser la dimension fonctionnelle de ces messages pour l’allier à l’émotionnel et ainsi améliorer l’expérience des usagers en la rendant mémorisable et agréable. C’est là le défi à relever pour tous les acteurs du secteur du transport au sens large.
publié le 23/06/15