Le groupe extrémiste Etat islamique (EI) a subi un nouveau revers
mardi dans le nord de la Syrie face aux Kurdes et leurs alliés rebelles
qui se sont emparés d'une localité située sur une route stratégique.
Les
forces kurdes et les combattants arabes "ont pris mardi Aïn Issa après
de violents combats et grâce à l'appui de la coalition conduite par les
Etats-Unis", a affirmé à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane."Les jihadistes se sont
retirés à l'est de la ville et au nord de Raqqa, mais ils ont truffé Aïn
Issa de mines", a-t-il ajouté.
La veille, les Kurdes et leurs
alliés rebelles s'étaient emparés d'un camp militaire mitoyen, à 56 km
au nord de Rqaqa, capitale de facto du "califat" proclamé par l'EI sur
les territoires sous son contrôle en Syrie et en Irak.
"Nous
contrôlons totalement le camp de la brigade 93 et nous sommes en train
de la débarrasser des explosifs qui s'y trouvent", a déclaré à l'AFP un
porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG), Redur
Khalil. La base 93 de l'armée syrienne avait été prise fin juillet 2014
par l'EI, qui y avait exécuté un grand nombre de soldats.
Les
Kurdes sont aidés dans leur offensive par des raids de la coalition
internationale, qui ont fait selon l'OSDH au moins 26 morts parmi les
jihadistes lundi. Les YPG ont remporté ainsi coup sur coup deux
victoires notables face à l'EI, Aïn Issa et le camp militaire se
trouvant sur une route très importante tant pour les Kurdes que pour les
jihadistes. Elle permet en effet aux deux camps de relier leurs
territoires dans les provinces d'Alep et de Hassaké, situés à l'ouest et
à l'est de Raqqa.
"Jusqu'à la lisière de Raqqa, les lignes de
défense de l'EI sont fragiles désormais car il n'y a pas de
fortifications dans ce secteur qui est un un terrain plat", a noté Rami
Abdel Rahmane.
L'EI sur la défensive
Depuis la perte le 16 juin
de Tall Abyad, qu'ils détenaient depuis plus d'un an, les jihadistes
sont sur la défensive. Cette localité leur était cruciale car elle leur
permettait d'acheminer, à partir ou en direction de la Turquie, armes et
combattants et d'exporter en contrebande du pétrole.
Les YPG
sont "probablement la force la plus efficace contre l'EI en Syrie. Elles
sont bien organisées, disciplinées et vibrent pour leur cause", notait
l'analyste Sirwan Kajjo après la prise de Tall Abyad.
Redru
Khalil a souligné que les relations "étaient excellentes" avec la
coalition conduite par les Etats-Unis, tout en réaffirmant que les
Kurdes avaient besoin de meilleures armes pour l'emporter sur les
jihadistes.
Il a refusé de dire quelle serait leur prochaine cible,
mais a assuré que Raqqa -que l'EI va défendre bec et ongles- n'était pas
un objectif à court terme. "Raqqa est loin et bien défendue. La prendre
nécessite des forces et des armes importantes", a-t-il dit.
Deux anciens mausolées islamiques détruits à Palmyre
Toujours
dans le nord de la Syrie, dans l'ex-capitale économique Alep, un raid
de l'armée de l'air syrienne a provoqué une nouvelle tuerie, cette
fois-ci dans une mosquée située dans un quartier rebelle de la ville
divisée.
"Les fidèles étaient en pleine prière du 'maghreb' (coucher
de soleil) dans une mosquée du quartier rebelle d'Ansari à Alep" lorsque
l'armée de l'air a largué un baril d'explosifs, "tuant au moins 10
civils, dont deux enfants, et blessant une vingtaine d'autres", d'après
l'OSDH, qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie.
Le
régime largue quotidiennement des barils d'explosifs sur la partie en
majorité rebelle de la métropole, malgré les appels d'ONG à cesser le
recours à cette arme aveugle et destructrice.
Les rebelles ont de
leur côté intensifié récemment leur bombardement de la partie ouest
gouvernementale, faisant plusieurs dizaines de morts. Dans le centre de la Syrie, les jihadistes ont détruit deux
anciens mausolées islamiques dans la région de Palmyre, tombée dans leur
escarcelle il y a un mois.
Les jihadistes ont fait exploser il y a
trois jours le mausolée de Mohammad Ben Ali, un descendant de la famille
du cousin du prophète Ali Ben Abi Taleb, selon le directeur des
Antiquités syriennes Maamoun Abdel Karim. Ce mausolée est situé dans une
zone montagneuse à 4 km au nord de Palmyre. Il a ajouté l'EI avait
également fait exploser un mausolée datant de plus de 500 ans. Les
extrémistes ont détruit plus de 50 mausolées vieux de 100 à 200 ans dans
les régions qu'ils contrôlent depuis plus d'un an dans le nord et l'est
de la Syrie.
Source : Lorientlejour